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Fédier (2010:163-166) – os três ek-stases

sábado 16 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

Neste ponto da análise, precisamos de juntar tudo de novo. A temporalidade do Dasein é o triplo modo de ser, para ele, fora de si. Porquê triplo? Não é claro que esta pergunta seja legítima. De fato, o que significa aqui "porquê"? Podemos responder (sem responder): há três modos de ser fora de si, sabemo-lo porque há três "tempos" na experiência vulgar do tempo. O que é divulgado não é nada.

Os três ek-tases: amadurecer o futuro (esperar), reviver o passado e estar presente são a origem destes três tempos.

Original

À ce point de l’analyse, il faut reprendre un peu tout ensemble. La temporellité du Dasein est la triple manière d’être, pour lui, hors de soi. Pourquoi triple ? Il n’est pas clair que cette question soit légitime. En effet que veut [163] dire ici « pourquoi » ? On peut répondre (sans répondre) : il y a trois façons d’être hors de soi, nous le savons parce qu’il y a trois «temps» dans l’expérience vulgaire du temps. Ce qui est divulgué n’est pas rien.

Les trois ek-tases : faire mûrir l’avenir (attendre), faire revivre le passé et être présent sont l’origine de ces trois temps. Dans son dernier livre, Acheminement vers la parole (1959), Heidegger parle encore du temps (texte allemand, p. 213) :

« Le temps mûrit. Temporer veut dire : mûrir, faire éclore. Le temporain est l’ouvert en ce qu’il ne cesse de venir en s’ouvrant. Et que mûrit le temps? Il tempore le contemporain [à entendre comme un neutre], c’est-à-dire ce qui en lui s’ouvre de la même et unique façon, la contemporanéité du temps. Et qu’est cela? Nous la connaissons depuis beau temps, mais négligeons de la penser à partir de la temporation du temps. La contemporanéité du temps, c’est tout ensemble : s’être déployé, venir se déployer et attendre en face, [cette attente] qui nous attend, tournée vers nous et qui d’habitude s’appelle avenir.»

Les trois ek-stases sont des temporations ou maturations du temps — diverses et pourtant unies par un trait commun qui est «transport et apport». Transport, au sens où, si nous sommes transportés aux trois extrêmes du passé, de l’avenir et du présent, nous voyons aussitôt s’apporter, venir jusqu’à nous et se manifester du passé «réel», du futur «réel» et du présent «réel».

Une chose, néanmoins, est déjà claire : l’origine du temps vulgaire présente une particularité temporelle tout à fait particulière, que Heidegger cherche à dire avec le mot contemporanéité. Cela signifie qu’il n’y a passé, avenir et présent qu’ensemble. Seulement là où il y a [164] avenir et passé, il y a présent possible. Seulement là où il y a présent et passé, il y a avenir. Seulement là où il y a présent et avenir, il y a passé. La contemporanéité du temps original, cela signifie que le temps mûrit ensemble les trois ek-stases, et qu’aucune n’a de prééminence sur les deux autres. Et pourtant Heidegger écrit dans Sein und Zeit   :

« La temporellité originale et authentique mûrit à partir de l’avenir proprement dit, et, à la vérité, de telle sorte que c’est uniquement en tant qu’avenir ayant-été qu’elle éveille le présent. »

C’est en fait la même idée : la temporation est essentiellement unie [«contemporanéité»]. Dans la langue serrée de Sein und Zeit  , cela peut être dit encore plus drastiquement p. 326 :

« À proprement parler futur, le Dasein est à proprement parler passé. »

Être au présent n’est pas exclusif, mais inclusif d’être au futur et au passé.

Examinons bien : «être au passé». Cela doit être compris comme être à ce qui a été. Or savoir cela implique que nous allons travailler à ce que ce qui fut, soit à nouveau. Nous croisons ainsi le thème de la répétition, à entendre dans son sens original comme ré-pétition, c’est-à-dire recherche — chercher à nouveau. Or, qui ne voit qu’être ainsi au passé est ipso facto être-à-l’avenir et être au présent.

Parvenus ici, il ne reste plus qu’à montrer comment le temps vulgaire est divulgation de la temporellité authentique. Prenons comme exemple le présent. Son visage divulgué est le maintenant. Le maintenant aristotélicien, [165] comme passage entre deux maintenant, liés dans une succession.

Le présent authentique, dit Heidegger, c’est der Augenblick. Au sens courant : l’instant. Mais der Augenblick est un mot qui parle de lui-même. Il dit l’instantanéité grâce au «clin d’œil». Augenblick, c’est le regard, au sens où le regard, déjà chez Platon  , est la plus rapide des choses. D’un regard, je suis à la lune. Même pas le temps d’un regard. Blick est en allemand le doublet de Blitz, l’éclair — Augenblick, c’est l’instant d’un éclair. «En un éclair, il compris la situation» — tel est l’instant. Le maintenant s’oppose à l’instant, comme le mouvement de la trotteuse s’oppose au coup de foudre.

Or, s’explique Heidegger, l’instant mûrit à partir de l’avenir proprement dit; mais l’avenir proprement dit? Le rapport à l’avenir, l’attente, si nous le comprenons authentiquement est anticipation, ou mieux encore Vorlaufen, «précursion» (à comprendre à partir des précurseurs). C’est seulement si le transport précurseur rend possible une répétition de ce qui fut — c’est seulement donc si l’ek-stase temporelle future, ou mieux : futurisante, est la source de la temporellité du Dasein, que le présent est instantané, ou mieux : fulgurant.


Ver online : François Fédier


[FÉDIER, François. Le temps et le monde: de Heidegger à Aristote. Paris: Pocket, 2010]