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Courtine (1990:292-293) – Natureza [Natur]

sábado 23 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

Para o uso deste termo [natureza], tal como para o de mundo, o jogo das aspas é particularmente importante e regulado em Sein und Zeit  . Resumidamente, podemos dizer que a análise do Dasein como ser-no-mundo nos permite retirar as aspas do "mundo", tal como a análise da Stimmung e da Befindlichkeit nos deve permitir retirar as aspas da "natureza". Isto é confirmado por Heidegger já em 1929, em Vom Wesen des Grundes: A principal razão para a aparente ausência de natureza no SuZ  , aponta Heidegger, "é que a natureza não é algo que possamos encontrar no círculo do mundo circundante; nem é como tal e em primeiro lugar algo com o qual mantemos uma relação. Se a natureza se manifesta originariamente no Dasein, é porque o Dasein existe como sintonizado com uma certa tonalidade afectiva no meio do ente. Mas é apenas na medida em que a tonalidade afectiva (ser-jogado) pertence à essência do ser-aí, e em que esta tonalidade se exprime na unidade total da preocupação, que se pode encontrar o fundamento do problema da natureza" (Wegmarken  , p. 52; Qu. I, p. 130, n. 1).

original

Signalons d’abord une première difficulté relative au statut de la « nature » [1] dans Sein und Zeit  . Heidegger a en effet caractérisé l’ontologie ancienne comme réglée sur l’étant intramondain vorhanden, par où elle interprète l’être de l’étant à partir de la nature. Est-ce à dire pourtant que Heidegger, pris dans le jeu apparemment simple de l’opposition : Zuhandenheit vs. Vorhandenheit, n’aborde la nature que dans le cadre de l’être préoccupé auprès-de-, jusqu’à en faire un étant sous-la-main ? C’est ce que semble suggérer en tout cas Michel Haar  , quand il note par exemple : « Le premier Heidegger réduit la ‘nature’ à une variété de l’étant disponible [Zuhandenes] : la forêt est une réserve de bois ou un lieu de promenade… » [2]. Nous pouvons laisser de côté ici la promenade, assez étrangère à la sphère de la Werkwelt, voire du Werkstatt, à laquelle s’en tient rigoureusement Heidegger, mais qu’en est-il de la forêt ? Est-elle zuhanden pour celui qui travaille à un coffre par exemple, à titre de stock disponible ? En réalité, comme réserve [293] de bois, la forêt (nature) serait plutôt ici, selon l’économie des analyses de la période de Sein und Zeit  , vorhanden ; c’est même, nous y reviendrons, une des déterminations absolument essentielles (et non dérivées) de la Vorhandenheit : hyle : forêt ! Ajoutons toutefois que la terminologie de la page 70 de Sein und Zeit  , à laquelle se réfère implicitement Michel Haar  , est ici précisément un peu flottante. Heidegger veut montrer que, dans le processus de production, la nature est toujours impliquée et donc co-découverte, fût-ce à titre précisément de « matériau ». Pour faire une chaussure, par exemple, et dans la mesure où le produire est toujours « utilisation de quelque chose pour quelque chose », il faut « du cuir, du fil, des clous, etc. ». Mais le cuir est lui-même fait de peaux qui viennent d’animaux, à leur tour « produits », c’est-à-dire élevés. Certes ! Mais l’irruption de l’animalité (nature) ne vient-elle pas rompre la chaîne qui permettait de passer d’un produit à un autre ? Il existe en effet des animaux sauvages qui ne font l’objet d’aucun élevage, et même parmi les animaux produits de l’élevage, il s’agit d’étants qui, reconnaît Heidegger, « d’une certaine façon se produisent d’eux-mêmes ». Ils se reproduisent précisément. Avec l’animal, dans l’exemple ici examiné, nous avons abordé un mode d’être étranger à l’« atelier », au sens strict, celui de « ce-qui-n’a-pas-besoin-d’être-produit » (l’Herstellungsunbedürftiges). Cela qui ne se présente pas comme « ouvrage à produire », la nature (animal, forêt, fer ou acier, minerai, quand il s’agit des clous ou du marteau), ne saurait être appréhendé comme « subsistant sans plus » (das nur noch Vorhandene), pour autant du moins que la subsistance est considérée comme une modalité déficiente du « en main » ou du « sous la main », pour autant qu’elle a été prédéterminée comme le strict corrélât d’une pure considération. L’étant naturel accessible dans le monde ambiant de la préoccupation est donc découvert — dit ici, provisoirement, Heidegger — comme « toujours déjà sous-la-main » (immer schon zuhanden). La formule est très singulière, s’il est vrai que la modalité du « toujours déjà » ne peut s’appliquer en toute rigueur à la Zuhandenheit.


Ver online : Jean-François Courtine


COURTINE, Jean-François. Heidegger et la phénoménologie. Paris: Vrin, 1990


[1Pour l’emploi de ce terme, comme pour celui de monde, le jeu des guillemets est dans Sein und Zeit particulièrement important et réglé. On dira, pour faire bref, que l’analyse du Dasein comme être-au-monde permet de lever les guillemets du « monde », tout comme celle de la Stimmung et de la Befindlichkeit devrait permettre de lever ceux de la « nature ». Ce que confirme Heidegger dès 1929, dans Vom Wesen des Grundes : La principale raison qui explique l’apparente absence de la nature dans SuZ, indique alors Heidegger, « tient à ce que la nature n’est pas quelque chose que nous puissions rencontrer dans le cercle du monde ambiant ; qu’elle n’est point non plus comme telle et en premier lieu quelque chose avec quoi nous entretenions un rapport. Si la nature est manifestée originairement dans le Dasein, c’est que ce dernier existe comme accordé à une certaine tonalité affective au milieu de l’étant. Mais c’est seulement dans la mesure où la situation-affective (être-jeté) appartient à l’essence de l’être-là et où cette tonalité s’exprime dans l’unité totale du souci, que peut être trouvée la base pour le problème de la nature » (Wegmarken, p. 52 ; Qu. I, p. 130, n. 1). — Rappelons enfin que si le « problème » n’est effectivement pas abordé directement dans Sein und Zeit, Heidegger prend bien soin d’en préparer la possible position et d’en indiquer le lieu (70 D).

[2Michel Haar, op. cit., p. 35.