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Loreau (1989:269-272) – conceito de logos

quinta-feira 30 de novembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

[…] o logos como voz torna algo visível, mostrando-o e apresentando-o expressamente (aufweisenden, 33). Na sua ação, traz à luz o (já) visto. Como tal, através deste fazer-ver, traz o visto-dito ao visto-percebido: traz o visto a si mesmo. Nesta medida, faz-nos ver [270] não apenas o algo, mas a ligação e a união do algo consigo mesmo; não apenas o fenômeno, mas o fenômeno na medida em que está próximo de si e consigo mesmo. Numa palavra, o logos faz com que o fenômeno se veja a si mesmo como fenômeno. Deste modo, enquanto palavra (Rede), permite realizar aquilo que se revelou como a tarefa própria da fenomenologia: trazer à luz o fenômeno enquanto fenômeno (exprimir). Ela torna-o explícito.

[…]

Fenomeno-logia significa: fazer ver aquilo que se mostra num ver. Ora, o fazer-ver (logos) é o fenômeno do ser. Fenomenologia significa, portanto: fazer ver o fenômeno do ser na medida em que ele se manifesta em si mesmo a um ver puro e simples (a um νοεῖν). A partir daí, pelo primeiro termo que compõe o seu nome, a fenomenologia diz o movimento de um fenômeno que vem a ver num ver puro e simples; e pelo seu segundo componente, manifesta o movimento — o contramovimento — de um logos que se adianta ao fenômeno do ser e o faz ver trazendo-o para junto de si.

original

Qu’est le logos dans son rapport au phénomène compris comme phénomène de l’être ? Comme le phénomène est ici saisi dans sa signification primordiale (ursprüngliche Bedeutung, 29), il va de soi que le logos, au sein du mot « phénoménologie », ne saurait être pris en son sens ordinaire. Jugement, concept ou bien raison, le propre du langage est de transmettre. Or l’être n’est aucun étant, aucun concept, aucune figure — rien qui puisse se transmettre. Envisagé dans son rapport avec le rien qu’est premièrement le phénomène de l’être (ou mouvement de la manifestation), qu’est le logos ?

En son sens grec le plus fondamental, le logos comme discours (Rede) est en rapport direct avec le phénomène (φαινόμενον). Il est, en effet, άποφαίνεσθαι. Il fait voir quelque chose à partir de (άπο) ce dont il est parlé. Il manifeste ce dont il parle, à une condition cependant : que ce qui est dit soit puisé dans ce dont il parle. Pour qu’il en soit ainsi, il faut qu’il ait effectivement accès à cela dont il parle; donc que ce dont il parle se montre ou se soit montré en lui-même. En d’autres termes, il faut qu’il ait accès au phénomène, donc à ce qui permet le phénomène : au voir pur et simple.

A cette condition, le logos comme voix fait voir quelque chose en le montrant et le présentant expressément (aufweisenden, 33). Dans son action, il met au jour le (déjà) vu. Comme tel, par ce faire-voir, il porte le vu-dit auprès du vu-perçu : il amène le vu auprès de lui-même. Dans cette mesure, il fait voir [270] non plus simplement le quelque chose, mais la liaison et l’union du quelque chose avec soi-même; non plus le simple phénomène, mais bien le phénomène en tant qu’il est auprès de soi et avec soi. En un mot, le logos fait voir le phénomène comme phénomène. Par là en tant qu’il est parole (Rede), il permet d’accomplir ce qui s’est révélé comme la tâche même de la phénoménologie : de mettre au jour le phénomène en tant que phénomène (exprès). Il l’explicite.

Parce qu’il fait voir (le phénomène), le logos peut être vrai ou faux. Il est vrai s’il puise en effet son dire au voir pur et simple où se livre ce dont il y a phénomène. Qu’il soit vrai signifie alors que, dans son parler qui fait voir, il fait venir au jour l’étant dont il s’agit : qu’il l’enlève aux arrières où l’étant demeure retiré, qu’il le dé-couvre et laisse s’épanouir son phénomène lui-même. Il s’ensuit que, dans la mesure où il a la propriété de faire voir l’étant dans sa vérité, il est privé du droit d’être le lieu initial de la vérité (der primäre « Ort » der Wahrheit, 33) : le logos est second. Il fait voir ce qui se révèle au pur et simple voir, au pur νοεῖν. Le pur et simple voir est ce rapport originaire qui se contente de regarder (schlicht hinsehende, 33) et d’accueillir (vernehmen, id.) purement et simplement ce qui se montre. Il ne peut rien faire d’autre que laisser se manifester : il est, par essence, toujours vrai — à la différence du logos qui, lui, peut être vrai ou faux. Le lieu initial de la vérité n’est nullement le logos, mais le voir pur et simple (33). En d’autres termes, le logos se greffe sur le phénomène; il fait voir ce qui se montre en soi-même. On pourrait dire qu’il est de son essence de se faire de lui-même phénoménologie (logos du phénomène). Il ne fait nullement voir de façon absolue. Et s’il n’est pas lieu de la vérité, c’est qu’il introduit à chaque fois dans le voir pur et simple un élément étranger, un autre (ein anderes, 34) : la voix. La voix est ce qui, en même temps qu’elle permet de faire voir le phénomène en tant que tel, apporte la possibilité du faux m de faire voir quelque chose en tant qu’autre que ce qu’il est.

Le logos présuppose le voir. Il fait voir ce que lui présente le voir, lequel est le rapport primaire qui livre la chose même : c’est ce qu’affirme sur-le-champ le second membre de phénoméno-logie. La méthode adéquate à la question de l’être [271] conserve l’absolu de Husserl   [1], non plus toutefois sous la forme de la vue, mais sous la forme d’un voir préalable au sujet. Par essence, le Dasein séjourne auprès des choses et le milieu originaire qui rend possible ce séjour est le voir pur et simple — l’intentionnalité.

Phénoméno-logie veut dire : faire voir ce qui se montre en lui-même dans un voir. Or ce sur quoi porte le faire-voir (le logos) est le phénomène de l’être. Phénoménologie signifie donc : faire voir le phénomène de l’être en tant qu’il se manifeste en lui-même à un voir pur et simple (à un νοεῖν). Dès lors, par le premier terme qui compose son nom, phénoménologie dit le mouvement d’un phénomène qui vient au voir dans un voir pur et simple; et par son second composant, elle manifeste le mouvement — le contre-mouvement — d’un logos qui va au-devant du phénomène de l’être et le fait voir en l’amenant auprès de lui-même.

Mais si le voir est pur et simple, le faire-voir du logos, quant à lui, ne l’est pas. Il fait appel à « autre chose », grâce auquel il fait voir. Autrement dit, dans la mesure où il est originairement l’irruption de cet autre, il pose le voir comme le premier relativement auquel il est autre — second. Et c’est en tant que tel que le logos introduit le comme dans le voir : il fait voir quelque chose comme quelque chose. Or l’objet propre à la phénoménologie, c’est l’être amené au phénomène, par suite l’être comme phénomène. C’est donc le logos qui permet l’être comme phénomène, le phénomène de l’être ; et par suite, parce qu’il donne à la phénoménologie son objet propre, il la permet. Dès lors, dans la mesure où il fournit le lieu initial de la vérité, le voir est le fondement de la phénoménologie. Mais, dans la mesure où le logos rend possible l’être comme phénomène, il fonde lui aussi la phénoménologie. Or le logos fait intervenir dans le voir un élément qui, étant autre, le nie, s’oppose à lui. Par ses deux composants, — le phénomène et le logos —, la [272] méthode qu’est la phénoménologie est intérieurement tendue entre un voir pur et simple, qui laisse paraître ce qui est et l’accueille dans l’évidence pure, et un faire-voir qui, en introduisant le comme, rompt le lien innocent et originaire qu’est ce voir. Elle se trouve partagée entre un voir primordial et simple et un faire-voir qui transforme l’évidence en phénomène proprement dit et permet au voir d’être un voir qui montre et voit le phénomène comme phénomène. Et par là c’est l’être lui-même (le phénomène de l’être en quoi l’être consiste ici) qui dès l’abord, c’est-à-dire dès les premiers pas, se trouve partagé et tendu entre le voir et le logos.

Peut-on en rester là ? N’y a-t-il pas, caché dans ces thèses mêmes, plus que ne veut bien le dire Heidegger? Pour la phénoménologie, la différence du phénomène et du logos est fondamentale et première. Toutefois, à y regarder de plus près, cette différence elle-même en recouvre en secret une autre, qui la précède et est de nature à ouvrir de nouvelles directions.


Ver online : Max Loreau


LOREAU, M. La genèse du phénomène. Paris: Editions de Minuit, 1989.


[1Cf. Husserl, L’idée de la phénoménologie, trad. A. Lowit, Paris, 1970, p. 75 : « la vue, la saisie de ce qui est donné-en-personne…, c’est là ce qu’il y a d’ultime. C’est l’absolue évidence » ; id. Idées directrices pour une phénoménologie, trad. P. Ricceur, Paris, 1950, p. 66 : « c’est la “vision” (Sehen) immédiate, … la vision en général, en tant que conscience donatrice originaire sous toutes ses formes, qui est l’ultime source de droit pour toute affirmation rationnelle » ; et ibid., p. 78, ce qui est présenté comme le « principe des principes »:«… toute intuition donatrice originaire est une source de droit pour la connaissance ».