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Richir (1992:35-36) – distinção entre interior e exterior
terça-feira 9 de janeiro de 2024
destaque
A riqueza do pensamento husserliano reside aqui no modo como repensa a distinção entre interior e exterior — e, portanto, entre imanência e transcendência — não como uma distinção "metafísica", mas como uma distinção fenomenológica interna ao corpo-da-carne (Leib). É um Leib interno que se exterioriza no que é ainda um Leib externo, e não um Körper, um corpo separado da mente. Não há intimidade da Innenleiblichkeit, e neste sentido intimidade da vida do eu (ipse), se não houver, de forma estritamente correlativa, uma quiasma entre duas corporeidades-de-carne, interna e externa, isto é, se esta divisão não aparecer a si mesma na apresentação dos outros através da mesma quiasma que aí se realiza. Só sou encarnado — comentámos noutro lugar — se me vejo num outro encarnado. Poderíamos já dizer, neste ponto do nosso percurso, que a Stimmung — e, portanto, a afetividade — só me aparece como Stimmung encarnada em mim, aquilo que eu experimento e não a Stimmung anônima do mundo ou da vida, ou mesmo do mundo da vida, se eu já estiver encarnado na comunidade fenomenológica encarnada dos outros. Teremos várias oportunidades de voltar a esta questão tão importante. É de fato assim que Husserl a considerará, mas para a apreendermos em toda a sua sutileza, precisamos ainda de especificar melhor o contexto.
original
L’œuvre de Husserl ne nous laisse pas tant démunis qu’il n’y paraît — et ce, à condition de la relire dans la vivacité de sa pensée, avec la distance critique nécessaire eu égard à des «théorisations» spéculatives que Husserl lui-même a toujours, au reste, considérées comme provisoires. Ce qui précède aura été un travail fort utile si nous relisons de cette manière un texte extrêmement riche de 1924 — le texte n° 16 de Hua XIV —, que nous avons déjà commenté par ailleurs, et où il est brièvement question, mais de manière cruciale, de ce que l’on entend depuis Heidegger comme la Stimmung. Tout l’intérêt de ce texte est qu’il est, à notre connaissance, l’un des rares où Husserl s’explique, au moins latéralement, avec les psychoses. Dans l’appendice XLII afférent au texte principal, il écrit : «L’Einfühlung présuppose la corporéité de chair (Leiblichkeit). Là-contre, l’objection que Becker a fait valoir à nouveau : les malades mentaux qui disent qu’ils portent encore un autre Moi en soi. Ils entendent des voix, des discours, en eux, et pas du dehors. J’ai répondu à cette objection avec ma vieille distinction de la corporéité de chair externe (Aussenleiblichkeit) et de la corporéité de chair interne (Innenleiblichkeit). Ma vieille opinion était que c’est seulement par enchevêtrement (Verflechtung) avec le dehors qu’un dedans peut être posé objectivement, donc qu’un alter ego peut “être-là” pour moi.» (Hua XIV, 336) Sans reprendre ici toute la problématique, et pour en venir au passage annoncé qui nous intéresse, tâchons d’expliciter la nécessité phénoménologique de cette distinction en Innenleib et Aussenleib.
A bien lire Husserl (en particulier Hua XIV, 330-331), il vient que 1 ‘Umwelt ne devient extérieur, lieu de perceptions possibles, que s’il est rapporté à un corps-de-chair (Leib) lui-même divisé, dans sa Leiblicheit ou sa chair, en dedans et dehors : à un lnnenleib ou à un Leib-Ich extériorisé dans un Aussenleib lui-même centré sur le premier. Ce qui est capital, c’est que cette extériorisation est, pour Husserl , immédiatement «expression», c’est-à-dire phénomène de langage, et que c’est par sa médiation que l’intériorité est en rapport à l’extériorité. Celle-ci, à son tour, peut se présenter de deux manières, ou bien comme chose (Ding), comme positivité qui, pour être «leibhaftig», pourvue d’une certaine chair, n’en est pas moins inerte, inanimée, et en ce sens, matrice de l’objectivité ; ou bien comme autre homme ou autre Moi, auquel cas il y a apprésentation d’une intériorité, d’une Innenleiblichkeit qui n’est pas la mienne. Elle ne se donne pas, en effet, sur le mode perceptif, mais s’apprésente comme une certaine absence —celle d’une présence qui se vit originairement à l’écart de la mienne — par la médiation de la perception de son Aussenleiblichkeit. Il en résulte, pour Husserl , que la compréhension des phénomènes de langage — autre chose que le «logique pur» de la Ière Recherche logique relève toujours de l’apprésentation (cf. Hua XIV, 332-333).
La richesse de la pensée husserlienne réside ici dans sa manière de repenser la distinction dedans/dehors — et donc immanence/transcendance —, non pas comme une distinction «métaphysique», mais comme une distinction phénoménologique interne au corps-de-chair (Leib) . c’est un Leib interne qui s’extériorise dans ce qui est encore un Leib externe, et non pas un Körper, un corps séparé de l’esprit. Il n’y a d’intimité de l’Innenleiblichkeit, et en ce sens intimité de la vie du moi (ipse) que s’il y a, de manière strictement corrélative, chiasme entre deux corporéités-de-chair, interne et externe, c’est-à-dire seulement si cette division s’apparaît à elle-même dans l’apprésentation d’autrui à travers le même chiasme qui a lieu là-bas. Je ne m’incarne, avons-nous commenté ailleurs, que si je m’aperçois dans un autre incarné. On pourrait déjà dire, à ce point de notre progression, que la Stimmung — et par là, l’affectivité — ne m’apparaît comme Stimmung incarnée en moi, celle que je vis et non pas celle, anonyme, du monde ou de la vie, voire du monde de la vie, que si je suis déjà incarné dans la communauté phénoménologique incarnée des autres. Nous aurons plusieurs fois l’occasion de revenir sur cette très importante question. C’est bien, au demeurant, la manière dont Husserl va l’envisager, mais pour la saisir dans toute sa subtilité, il nous reste encore à en préciser davantage le contexte.
[RICHIR , Marc. Méditations phénoménologiques. Phénoménologie et phénoménologie du langage. Grenoble: Jérome Millon, 1992]
Ver online : Marc Richir