Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Marion (1998:§1) – Tão aparecer, quão ser/estar

domingo 21 de janeiro de 2024

destaque traduzido

[…] "Tão aparecer, quão ser/estar". Ao querer restabelecer a dignidade ôntica do aparecer, este princípio reabilita-o ao ponto de o opor ao próprio ser; Husserl   consagra assim uma oposição platônica perfeitamente tradicional, mesmo se ele tende — quase como Nietzsche   — a transformá-la numa equivalência; ele permanece, em todo o caso, numa situação tipicamente metafísica. Acima de tudo, a primazia assim concedida ao aparecer, que se torna a única face do ser, deixa-o ainda inteiramente indeterminado: o que é que o aparecer realiza, de modo a que, quando simplesmente aparece, possa trazer à luz o próprio ser? Como é que ultrapassa o estatuto de mera aparência para se tornar a própria manifestação do que é? Como é que o aparecer, nesta indeterminação, pode fazer aparecer o que é? O primeiro princípio permanece silencioso sobre esta mutação da fenomenalidade em manifestação e, portanto, sobre a essência do ponto de viragem: permanece também fenomenologicamente insignificante.

Original

[…] « Autant d’apparaître, autant d’être »  [1]  ; en voulant rétablir la dignité ontique de l’apparaître, il le réhabilite au point de l’opposer à l’être lui-même ; Husserl   consacre ainsi une opposition platonicienne parfaitement traditionnelle, même s’il tend, presque comme Nietzsche   [2]  – à le renverser en une équivalence ; il demeure ainsi en tous les cas en situation typiquement métaphysique. Surtout, le primat ainsi reconnu à l’apparaître, qui devient le seul visage de l’être, le laisse encore entièrement indéterminé : qu’accomplit donc l’apparaître, pour qu’il puisse, lorsqu’il apparaît simplement, mettre en évidence l’être même ? Comment outrepasse-t-il le statut de simple apparence pour se faire la manifestation même de ce qui est ? Comment l’apparaître pourrait-il bien, dans cette indétermination, faire paraître ce qui est ? Sur cette mutation de la phénoménalité en manifestation, donc sur l’essentiel du tournant, le premier principe reste silencieux : aussi reste-t-il phénoménologiquement insignifiant.

[MARION  , Jean-Luc. Étant donné: essai d’une phénoménologie de la donation. 2e. ed. Paris: PUF, 1998]


Ver online : Jean-Luc Marion


[1Originellement introduite par J. F. Herbart (1776-1841) : « Soviel Schein, soviel Hindeutung aufs Seyn » (Hauptpunkte der Metaphysik, Göttingen, 1806, in Sämtliche Werke, hrg. K. Kehrbach, O. Flügel, Langensaltza, 1887 122, Frankfurt a/M., 1964 123, t. 2, p. 187), cité inexactement par Husserl, Philosophie première, II, § 33, Hua. VIII, p. 47. Cette formule passe dans les Méditations cartésiennes, § 46, Hua. I, 133, puis chez Heidegger, Prolegomena zur Geschichte des Zeitbegriffs, GA 20, p. 119 et Sein und Zeit, § 7, p. 36. – Soulignons que Herbart n’introduit pas ce motto au hasard, mais dans une question préalable (Vorfragen II) explicitement intitulée « Qu’est-ce qui est donné (was ist gegeben) ? » ; il y répond en affirmant qu’ « … originairement l’être a dû être posé dans le donné (ursprünglich würde das Seyn in das Gegebene gesetzt werden) ». Il s’agit là d’une thèse essentielle, qu’il déduit de l’analyse de l’apparence comme un néant, qui, en tant qu’inconditionné, n’en reste pas moins un apparaître réel : « Dénions tout être : il reste alors au minimum la simplicité indéniable de la sensation. Mais ce qui reste après l’être [ainsi] éliminé, est l’apparence. Cette apparence, comme apparence, [elle] est ! (Dieser Schein, als Schein, Ist !). Mais il est du concept de l’apparence qu’elle ne soit pas ce qu’elle paraît. Son contenu, ce qu’elle réfléchit, se trouve nié dans le concept d’apparence. Aussi l’explique-t-on de part en part comme un néant, aussi longtemps qu’on ne lui attribue pas un nouvel être (totalement étranger à celui qui se réfléchit par lui) ; mais de celui-ci, on a aussi déduit l’apparence. – En suite de quoi : autant d’apparence, autant d’indication en direction de l’être » (ibid.). La démarche d’Herbart mériterait plus d’attention.

[2Nietzsche, « Imposer au devenir le sceau de l’être – telle est la plus haute volonté de puissance », Wille zur Macht, § 617 = Fragment § 7 [54], Nietzsche Werke, éd. Colli/Montinari, t. VIII/1, p. 320. Sur le rapprochement entre Nietzsche et Husserl, voir Réduction et donation, op. cit., p. 30-33.