destaque
A tarefa infinita de determinar as vivências, e a resolução da questão da estrutura do ego dentro da exigência conferida pelo dogma científico da evidência (i.e. domínio do olhar e não da fonte desse olhar) : estes são os dois aspectos principais da fenomenologia tal como é apresentada por Husserl , que afirma que o problema da dação de um objeto ao ego "só pode ser resolvido na esfera da pura evidência, na esfera da presença absoluta, que, como tal, é a norma última", e "que, por conseguinte, devemos seguir, uma a uma e procedendo pela vista, todas as figuras fundamentais do conhecimento e todas as figuras fundamentais dos objetos que entram, total ou parcialmente, na presença, a fim de determinar o sentido de todas as correlações que devem ser esclarecidas". Mas, e esta é a questão que Heidegger se coloca, como é que a evidência e o olhar podem ser a "norma última" se o sujeito se encontra a si mesmo no modo do enigma e encontra em si mesmo uma inevitável dimensão de noite? Não serão estas normas inadequadas a partir do momento em que optamos por considerar a subjetividade na totalidade das facetas da sua constituição interna, ou seja, como relação a si mesmo na angústia do mistério da sua própria origem e como proximidade ou intimidade deste mistério com a sua própria personalidade? Como apelar ao olhar quando esse olhar depende do encontro com uma obscuridade que lhe impõe o seu carácter primário? Como evitar esgotar em vão a empresa de determinar a globalidade das correlações da consciência com os seus objetos, em vez de voltar ao ser da fonte dessa mesma dação?
original
Heidegger et Husserl n’appartiennent pas et ne peuvent appartenir au même champ problématique. Heidegger déclare ainsi en 1925 qu’« il n’y a pas une ontologie à côté d’une phénoménologie, mais, tout au contraire, [que] l’ontologie comme science n’est rien d’autre que la phénoménologie » [1] (sous-entendu : à partir du moment où la phénoménologie elle-même décide d’assumer la tâche que Heidegger veut lui assigner et qui est le questionnement vis-à-vis de l’être de l’être-conscient (Bewusst-sein). Cette phrase sonne comme une déclaration de guerre contre l’état d’esprit de la phénoménologie husserlienne qui, ne visant pas la question de la possibilité même pour une conscience de pratiquer la réduction, c’est-à-dire la possibilité de se retirer de tout étant, peut affirmer en toute logique avec elle-même : « Car en soi, et nous en reparlerons, l’ontologie n’est pas la phénoménologie » [2]. La radicalité d’un tel [99] antagonisme de fond n’est pas vouée à s’étioler. De fait et en tout état de cause, parler d’un « parallélisme » entre ces deux pensées, parallélisme qu’on affirme avoir été au moins momentané, ne devient effectivement et paradoxalement possible que si l’on entend « parallélisme » en son sens rigoureux, autrement dit uniquement si l’on reconnaît que les deux pensées, quand bien même elles sembleraient se côtoyer sur le plan lexical ou historique, demeurent en tout point parfaitement irréductibles l’une à l’autre, que ce soit dans leur projet, dans leur intention, dans leur ambition ou dans leur démarche. Les textes sont nombreux pour manifester cette totale différence de visée entre les aspirations fondamentales-ontolo-giques du « jeune » Heidegger (qui pose inlassablement et en une certaine continuité avec les préoccupations de l’idéalisme allemand, la question de la possibilité de la méthode, la question de la possibilité de la réflexivité qui permet la réduction, la question de la possibilité de la vie de cette ipséité avérée intentionnelle), et ce qu’il ressent comme une mauvaise orientation prise par la phénoménologie husserlienne s’épuisant à la lente érection d’une science absolue visant l’exhaustivité dans la recension des vécus intentionnels [3] et se perdant en une sorte de « mauvais infini ». Rien ne semble en effet devoir échapper au regard du phénoménologue husserlien ni se soustraire à une intuition jugée toujours possible et devant le tribunal de laquelle le monde comparaît progressivement en ses significations intentionnelles.
Tâche infinie de détermination des vécus, et résolution de la question de la structure de l’ego dans l’exigence conférée par le dogme scientifique de l’évidence (c’est-à-dire domination du regard et non de la source de ce regard) : ce sont là les deux aspects principaux de la phénoménologie telle que la présente Husserl , qui déclare que le problème de la donation d’un objet à l’ego « ne peut être résolu que dans la sphère de l’évidence pure, dans la sphère de la présence absolue, qui, en tant que telle, est la norme ultime », et « que par conséquent il nous faut suivre, une à une et en procédant par la vue, toutes les figures fondamentales de la connaissance et [100] toutes les figures fondamentales des objets qui viennent en elle, pleinement ou partiellement, à la présence, afin de déterminer le sens de toutes les corrélations qui sont à éclaircir » [4]. Mais, et c’est la question que se pose Heidegger, comment l’évidence et le regard pourraient-ils être la « norme ultime » si le sujet se rencontre lui-même sur le mode de l’énigme et rencontre en soi une inévitable dimension de nuit ? Ces normes ne sont-elles pas inadéquates à partir du moment où l’on choisit d’envisager la subjectivité dans la totalité des facettes de sa constitution interne, autrement dit comme relation à soi dans l’angoisse du mystère de sa propre provenance et comme proximité ou intimité de ce mystère à la personnalité la plus propre ? Comment faire appel à la vue quand cette vue dépend d’une rencontre avec une obscurité qui impose son caractère premier ; comment ne pas s’essouffler vainement dans l’entreprise de détermination de la globalité des corrélations de la conscience avec ses objets, au lieu de remonter à l’être de la source de cette donation même ?