Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Mattéi (2001:76-79) – tétrades em Introdução à Metafísica [GA40]

quarta-feira 10 de janeiro de 2024

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Para confirmar este encontro singular entre Aristóteles   e Hölderlin   num comentário à Física e, de um modo mais geral, esta intersecção da metafísica com a sua própria essência, basta referir a conferência Introdução à Metafísica [GA40  ], de 1935. Esta está dividida em quatro partes (1 / A questão fundamental da metafísica; 2 / A gramática e a etimologia da palavra "ser"; 3 / A questão da essência do ser; 4 / A limitação do ser). A sua quarta parte, de longe a mais importante, está por sua vez dividida em quatro capítulos dedicados às quatro determinações essenciais do ser na metafísica: 1 / Ser e devir; 2 / Ser e aparência; 3 / Ser e pensamento; 4 / Ser e dever. Heidegger já não está aqui interessado nas quatro modalidades aristotélicas do ser de que partira com Brentano  , nem nas quatro orientações da tabela kantiana das categorias; ele transpõe os tetrachos que conhecíamos nas suas quatro divisões aristotélicas para quatro novas divisões que são outras tantas de-limitações do ser em relação às distintas determinações de que ele é a origem.

original

Pour affermir cette singulière rencontre d’Aristote et de Hölderlin au détour d’un commentaire de la Physique, et, d’une façon plus générale, ce croisement de la métaphysique avec sa propre essence, il suffit de se reporter au cours magistral de 1935 Introduction à la métaphysique. Cet ouvrage présente une structure remarquable dont on croira difficilement qu’elle n’est pas intentionnelle : il est divisé en quatre parties (1 / La question fondamentale de la métaphysique ; 2 / La grammaire et l’étymologie du mot « être » ; 3 / La question sur l’essence de l’être ; 4 / La limitation de l’être). Sa quatrième partie, de loin la plus importante, se trouve à son tour divisée en quatre chapitres qui sont dévolus aux quatre déterminations essentielles de l’être dans la métaphysique : 1 / Être et Devenir ; 2 / Être et Apparence ; 3 / Être et Penser ; 4 / Être et Devoir. Heidegger ne s’intéresse plus ici aux quatre modalités aristotéliciennes de l’étant dont il était parti avec Brentano, ou aux quatre orientations de la table des catégories kantienne ; il transpose le tetrachos que nous connaissions sous ses quatre divisions aristotéliciennes en quatre nouvelles scissions qui sont autant de dé-limitations de l’être par rapport aux déterminations distinctes dont il est l’origine.

Dès le début de la quatrième partie, Heidegger livre sans justifier leur nombre ni leur nature quatre brèves formules qui limitent le déploiement de l’être : être et devenir, être et apparence, être et penser, être et devoir. Il ajoute que « la délimitation se produit à quatre points de vue qui sont liés les uns aux autres » et souligne, en revenant sur son expression habituelle, leur « connexion essentielle ». Nous pouvons négliger pour le présent propos l’analyse minutieuse que Heidegger consacre à chacune des quatre scissions dont il est précisé qu’« elles pénètrent tout savoir, tout faire et tout dire »  , pour relever l’analogie   de cette quadripartition avec celle que présentera le séminaire de 1939 sur Aristote. Elle se retrouvera intacte, en 1949, dans l’introduction tardive à Qu’est-ce que la métaphysique ?, où la métaphysique, une nouvelle fois, sera qualifiée de « dimorphe »  . Le rapprochement des deux partitions est d’autant plus aisé que Heidegger, pour la seconde fois de son œuvre, mais de façon plus claire que le premier schéma du cours sur Aristote, Métaphysique th 1-3, dessine le diagramme de la figure des limitations de l’être et le dispose en croix :

Si nous nous reportons au séminaire sur Aristote, cinq ans plus tard, qui identifiera Nature et Être, nous constatons que les deux tétrades correspondent terme à terme :

La figure complète de la quadrature de l’être et de la nature se présente dès lors sous cette double forme dont il est inutile de développer les analogies :

La conclusion de l’Introduction à la métaphysique récapitule les étapes précédentes et rappelle que la question fondamentale a été traitée à l’aide des « quatre scissions : être et devenir, être et apparence, être et penser, être et devoir » de telle sorte que la délimitation de l’être – laquelle commande « tout savoir, tout faire et tout dire », et donc le champ de la métaphysique tout entière – demeure tributaire des « quatre points de vue » […] liés les uns aux autres  . Mais Heidegger s’engage plus loin encore, en un pas décisif qui va l’éloigner de la métaphysique pour l’amener, dès cette même année 1935 avec Hölderlin, à faire le saut vers l’« autre pensée » :

« Une question originaire et poussée jusqu’au bout à travers les quatre scissions conduit à comprendre ceci : l’être qu’elles encerclent doit lui-même être transformé en un cercle entourant tout l’étant et le fondant. La scission originaire qui, par sa connexion intime et sa discession originaire, porte l’histoire, est la distinction de l’être et de l’étant »  .

Ce tétramorphisme de l’étant, désormais bien accusé à partir de la Duplicité initiale, revient de façon cyclique dans les textes de Heidegger entre 1935 et 1952, à l’analogie du rythme de quatre notes de la Cinquième symphonie – sol, sol, sol, mi – qui sonne   les coups du destin  . Elle creuse patiemment ses quatre « sillons dans l’aire de l’être »  , et fait ainsi de la métaphysique « l’histoire des marques de l’être »  . Je me contenterai de retenir ici les plus significatives de ces quatre marques qui se croisent dans des textes d’origine diverse.

[MATTÉI, Jean-François. Heidegger et Hölderlin. Le Quadriparti  . Paris: PUF, 2001]


Ver online : Jean-François Mattéi