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Sein und Zeit

Être et temps : § 44. Dasein, ouverture et vérité

Ser e Tempo

segunda-feira 5 de setembro de 2011, por Cardoso de Castro

Vérsions hors-commerce:

MARTIN HEIDEGGER, Être et temps, traduction par Emmanuel Martineau  . ÉDITION NUMÉRIQUE HORS-COMMERCE

HEIDEGGER, Martin. L’Être et le temps. Tr. Jacques Auxenfants  . (ebook-pdf)

De tous temps, la philosophie   a rapproché vérité et être. La première découverte de l’être de l’étant chez Parménide   « identifie » l’être avec la compréhension ac-cueillante de l’être : to gar auto noein   estin te kai einai   [1]. Dans son esquisse de l’histoire de la découverte des archai   [2], Aristote   souligne que c’est guidés par « les choses mêmes » que les [213] philosophes antérieurs à lui furent contraints de questionner plus avant : auto to pragma   hodopoiesen autois kai sunenagkase zetein [3]. Il caractérise encore ce même fait par ces mots : anagkazomenos d’akolouthei tois phainomenois [4]; il (Parménide) fut contraint de suivre ce qui se montrait en lui-même. Dans un autre passage, nous lisons : hup’ autes tes aletheias anagkazomenoi [5], c’est contraints par la « vérité » elle-même qu’ils menèrent la recherche. Cette recherche, Aristote la caractérise comme philosophein peri tes aletheias [6], « philosopher » sur la « vérité », ou encore apophainesthia peri tes aletheias [7], comme un faire-voir qui met en lumière eu égard à et dans l’orbe de la « vérité ». La philosophie elle-même est déterminée comme episteme   tis tes aletheias [8], une science de la « vérité ». Mais en même temps, elle est caractérisée comme une episteme, he theorei to on he on [9], une science qui considère l’étant en tant qu’étant, c’est-à-dire eu égard à son être.

Que signifient ces mots : « Faire une recherche sur la "vérité" », science de la « vérité » ? La « vérité », dans cette recherche, est-elle prise pour thème par une théorie de la connaissance ou du jugement ? Manifestement non, puisque « vérité » signifie la même chose que la « chose », que « ce qui se montre soi-même ». Quel est alors le sens de l’expression « vérité », si elle peut être utilisée terminologiquement pour nommer un « étant » et un « être » ?

Mais si la vérité se tient à juste titre dans une connexion originaire avec l’être, le phénomène de la vérité entre dans la sphère de la problématique fondamental-ontologique. Mais si tel est le cas, n’est-il pas inévitable que ce phénomène fasse d’ores et déjà encontre à l’intérieur de l’analyse fondamentale préparatoire, de l’analytique du Dasein   ? Dans quelle connexion ontico-ontologique la « vérité » se tient-elle avec le Dasein et la déterminité ontique de celui-ci que nous appelons la compréhension d’être ? Est-il possible, à partir de celle-ci, de mettre au jour la raison pour laquelle l’être va nécessairement ensemble avec la vérité, et celle-ci avec celui-là ?

Ces questions ne sauraient être esquivées. Car c’est bien parce que l’être « va ensemble » avec la vérité que le phénomène de la vérité est déjà entré en effet, quoique non expressément, ni sous ce titre, dans le thème des analyses antérieures. Il convient désormais, dans la perspective de l’accentuation du problème de l’être, de délimiter expressément le [214] phénomène de la vérité et de fixer les problèmes qui y sont renfermés. Ce travail ne se contentera nullement de résumer ce qui a été expliqué auparavant ; bien au contraire, la recherche va recevoir de lui un nouveau coup d’envoi.

Notre analyse part du concept traditionnel de la vérité et tente d’en libérer les fondements ontologiques (a). À partir de ces fondements, le phénomène originaire de la vérité deviendra visible, ce qui doit nous permettre de mettre au jour le caractère dérivé du concept traditionnel (b). Après quoi la recherche mettra en évidence qu’à la question de l’« essence » de la vérité appartient nécessairement la question du mode d’être de la vérité. Conjointement sera tiré au clair le sens ontologique de l’expression : « Il y a de la vérité », et le mode de la nécessité avec laquelle « nous devons présupposer » qu’« il y a » de la vérité ©.


Ver online : Sein und Zeit (1927), ed. Friedrich-Wilhelm von Herrmann, 1977, XIV, 586p. Revised 2018 [GA2]


[1Fragment 5, Diels [= 3, Diels-Kranz].

[2Met., A.

[3Id., 984 a 18 sq.

[4Id., 986 b 31

[5Id., 984 b 10.

[6Id., 983b2 ; cf. 988a20.

[7Id., α 1, 993b17.

[8Id., 993b20.

[9Id., I 1, 1003a21.