destaque
A fenomenologia da corporeidade é, portanto, de importância capital. A elaboração de Husserl sobre esta questão está ainda a dar os primeiros passos, mas as poucas pistas que fornece lançam as bases de todo o seu trabalho posterior. Para Husserl , o corpo é o que finita o sujeito transcendental, a consciência purificada obtida como resultado da redução. "É apenas através da relação empírica com o corpo que a consciência se torna uma consciência humana e animal da ordem real; é apenas através dela que ela toma o seu lugar no espaço da natureza e no tempo da natureza…". [Ideen I, p. 130]. Através desta relação, a consciência torna-se a alma do sujeito psico-físico. Husserl considera o corpo de duas maneiras fundamentais: a maneira "naturalista", na qual partimos do corpo como um objeto, e a maneira "personalista", na qual partimos do ambiente como um correlato das ações e motivações pessoais.
Erika Abrams
La phénoménologie de la corporéité se révèle ainsi d’une importance capitale. L’élaboration de cette question demeure chez Husserl à l’état d’ébauche, mais les quelques indices qu’il fournit jettent les fondations de tout le travail ultérieur. Pour Husserl , le corps est ce qui finitise le sujet transcendantal, la conscience purifiée obtenue à la suite de la réduction. «C’est uniquement par la relation empirique au corps que la conscience devient une conscience humaine et animale d’ordre réel (real) ; c’est par là uniquement qu’elle prend place dans l’espace de la nature et dans le temps de la nature…» [Ideen I, p. 130]. La conscience devient, par cette relation, l’âme du sujet psycho-physique. Husserl envisage le corps dans deux attitudes fondamentales : l’attitude «naturaliste», où l’on part du corps en tant qu’objet, et l’attitude «personnaliste», où l’on part de l’environnement comme corrélât des actions et des motivations personnelles.
L’attitude naturaliste voit l’homme en tant que corps animé, comme un corps matériel qui, tout en ayant certaines propriétés que d’autres corps n’ont pas, est néanmoins, au fond, du même type que «la chose et ses propriétés». La phénoménologie est possible dans cette attitude aussi, mais c’est l’attitude personnaliste, plus importante, qui constitue à proprement parler le point de départ de Husserl . Dans l’attitude personnaliste, les circonstances réelles (real) dont je dépends ne se bornent pas aux seules conditions physiques, mais englobent la totalité de l’environnement qui peut devenir [184] pour moi objet d’expérience, et mon rapport à cet environnement n’est pas une simple relation causale, mais un rapport de motivation. Husserl essaie de montrer qu’il ne peut y avoir, entre la réalité physique et le monde de la motivation spirituelle, d’autre rapport que celui de coordination et de conditionnement réciproque, sans causalité au sens direct et étroit de ce terme. Que la causalité physique pourrait n’être elle-même qu’une abstraction opérée à partir de la causation originellement globale et signifiante, c’est là une idée qu’on ne trouve pas encore dans les Ideen II, où ces problèmes sont traités, mais qui se situe, nous semble-t-il, dans le prolongement de la conception husserlienne du rapport entre le monde naturel et le monde des sciences de la nature (au sens moderne).
Il faudrait relever dans ce contexte la distinction que Husserl entreprend de tracer entre le corps esthésiologique et volitif, d’un côté, et le corps-objet, de l’autre.
Dans l’attitude personnaliste, les deux corps sont donnés -aussi bien l’objet que le complexe esthésiologique et volitif. Mais si la donation du corps-objet fournit une base pour la thématisation possible du corps de la physique, il n’y a pas identité entre les deux.
Husserl analyse alors l’expérience du corps propre dans l’«abstraction égologique», c’est-à-dire sans tenir compte des choses et des autres, que ce soit en tant que sujets ou en tant qu’objets de l’expérience. (Certains penseurs contemporains nient la possibilité de cette abstraction. Selon Sartre , l’expérience du corps dépend de l’expérience d’autrui puisqu’elle est originairement donnée par le fait que l’autre, qui est mon objet, me considère à son tour comme objet. C’est toutefois une optique qui met trop unilatéralement en relief le rôle du corps-objet, sans non plus avoir égard au fait que nous sommes aussi pour nous-mêmes, dans une grande mesure, «l’autre».) Il s’agit en réalité d’un simple dispositif méthodique destiné à simplifier la situation et à faire apparaître les composantes primitives de l’expérience d’autrui. Résumons brièvement les analyses husserliennes du corps d’abord esthésiologique, puis volitif.
[185] Le corps propre est le support de sensations localisées ; nous en faisons l’expérience comme d’une chose, mais c’est une chose sentante. La sensation signifie ici un datum sensoriel «tactile». Grâce au toucher, nous nous possédons doublement : en nous frottant les mains, nous avons le sentiment de nous-mêmes à la fois en tant qu’activement touchant et en tant que chose touchée. Si je touche ma main gauche, le contact produit dans cette main des sensations localisées. Celles-ci sont toutefois différentes des sensations par lesquelles ma main gauche est donnée comme objet à ma main droite. Mon corps propre est ainsi, d’une part, une chose comme les autres. D’autre part, il est ressenti intérieurement, par des sensations localisées qui ne relèvent pas des propriétés du corps comme simple chose physique.