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Boutot (1987:32-34) – o digno de pensar no ente
quarta-feira 10 de janeiro de 2024
destaque
O primado do significado verbal do grego τὸ ὄν (o ente) sobre o seu significado nominal, quando este particípio é usado para nomear o objeto da investigação filosófica, é evidente em Platão através da expressão τὸ ὄντως ὄν que o próprio Platão cunhou para designar o que é digno de ser pensado no ente. "Platão ", diz-nos Heidegger, "designa prontamente o que é digno de ser pensado no ente por uma expressão que ele podia exigir dos gregos com serenidade porque eles eram um povo pensante. ’O que os pensadores pensam é τὸ ὄντως ὄν, "o ser-sendo-do-ser (das seienderweise Seiende)", o ser na única perspectiva do ser’. Na expressão τὸ ὄντως ὄν, que Heidegger traduz literalmente como "das seienderweise Seiende", "o ser-sendo-do-ser" (significando: o ente que possui verdadeiramente o modo de ser de um ente, o ente que verdadeiramente é ente), a palavra ὄν, o ente, aparece duas vezes: uma nominalmente (τὸ. . . ὄν, o ente), outra vez verbalmente (ὄντως, ser-sendo). Com esta duplicação, Platão enfatiza o fato de que o ente digno de ser pensado deve ser ὄντως, verdadeiramente ente. Ele insiste no ser-ente ou na entidade do ente, que são o que os pensadores pensam no ente, desconsiderando o que ele pode ser de outra forma, seu ser tal e tal. Os pensadores, na sua busca pelo ὄντως ὄν, não procuram este ou aquele ente, mas simplesmente a própria entidade, o οὐσία. Na expressão platónica τὸ ὄντως ὄν, portanto, é o ὄντως que deve ser sublinhado: a filosofia procura aquilo que é verdadeiramente (ὄντως) ente, não um ente particular, mas antes o próprio ser-ente, isto é, o ser, ὄν, o ente tomado no sentido verbal.
original
Le primat de la signification verbale du τὸ ὄν grec (l’étant) sur sa signification nominale, lorsque ce participe sert à nommer l’objet de la quête philosophique, s’accuse chez Platon à travers l’expression τὸ ὄντως ὄν que Platon a lui-même forgée pour désigner ce qui est digne d’être pensé dans l’étant. « Platon , nous dit Heidegger, désigne volontiers ce qui est à penser dans l’étant par une expression qu’il pouvait exiger des Grecs avec sérénité parce qu’ils étaient un peuple [32] pensant. Ce que les penseurs pensent est τὸ ὄντως ὄν, “l’étamment étant (das seienderweise Seiende)”, l’étant dans la seule perspective de l’être ». Dans l’expression τὸ ὄντως ὄν, que Heidegger traduit littéralement par « das seienderweise Seiende », « l’étant étamment » (ce qui veut dire : l’étant qui possède vraiment la manière d’être d’un étant, l’étant qui est véritablement étant), le mot ὄν, l’étant, apparaît deux fois : une fois nominalement (τὸ… ὄν, l’étant), une autre fois verbalement (ὄντως, étamment). Par ce redoublement, Platon souligne le fait que l’étant digne d’être pensé doive être ὄντως, véritablement étant. Il insiste sur l’être-étant ou sur l’étantité de l’étant qui sont ce que les penseurs pensent dans l’étant, abstraction faite de ce qu’il peut être par ailleurs, de son être tel ou tel. Les penseurs, dans leur quête de l’ὄντως ὄν, ne recherchent pas tel ou tel étant, mais simplement l’étantité elle-même, l’οὐσία. Dans l’expression platonicienne τὸ ὄντως ὄν, c’est donc sur ὄντως qu’il faut mettre l’accent : la philosophie recherche ce qui est véritablement (ὄντως) étant, non pas un étant particulier, mais bien plutôt le fait d’être-étant lui-même, c’est-à-dire l’être, l’ὄν, l’étant pris au sens verbal.
Même s’il est vrai qu’il faille ainsi privilégier chez Platon et Aristote la signification verbale du τὸ ὄν grec, même si τὸ ὄν signifie d’abord et avant tout pour eux τὸ εἶναι, l’être, et non pas τὰ ὄντα, l’étant, il n’en reste pas moins qu’ils emploient le participe ὄν et non l’infinitif εἶναι pour désigner le thème de la philosophie. Cela ne peut être du à une simple négligence de leur part, comme s’ils avaient omis de lever l’ambiguïté inhérente au participe τὸ ὄν et avaient ainsi laissé dans l’obscurité l’objet véritable de leur pensée. On peut même supposer que si Platon et Aristote ont utilisé ce participe visiblement ambigu plutôt que l’infinitif, c’est qu’ils avaient de bonnes raisons pour cela. On n’a donc pas le droit de réduire sans plus ce participe [33] à sa seule signification verbale. « Celui qui veut penser dans leur sens, nous dit en effet Heidegger, doit penser le participe aussi bien nominalement que verbalement de telle sorte que la signification nominale et la signification verbale soient pensées dans un rapport proprement déterminé ». Penser nominalement et verbalement le τὸ ὄν grec, c’est voir que celui-ci ne désigne ni l’être simplement, ni l’étant simplement, mais toujours l’être de l’étant. Le fait que Platon et Aristote disent τὸ ὄν, l’étant, et non pas τὸ εἶναι, l’être, montre donc déjà à lui seul qu’ils ne pensent pas l’être en tant qu’être (c’est-à-dire indépendamment de l’étant), mais qu’ils le pensent en mode métaphysique, c’est-à-dire à partir et en fonction de l’étant. De ce point de vue, que Heidegger développe assez tardivement (1943), la formule développée et explicite de la question platonico-aristotélicienne τί τὸ ὄν ; qu’est-ce que l’étant ?, n’est pas simplement : τί τὸ εἶναι ; qu’est-ce que l’être ?, mais, de façon plus précise : τί τὸ εἶναι τῶν οντων : qu’est-ce que l’être de l’étant ?
Ver online : Alain Boutot