quid
Tout étant est quelque chose [aliquid], c’est à dire qu’il a son quid et comme tel son mode d’être déterminé. Dans la première partie des présentes leçons nous montrerons, au cours de la discussion de la seconde thèse, que l’ontologie antique et celle du moyen âge ont formulé dogmatiquement comme allant de soi cette proposition, qu’à tout étant appartiennent un quid est et un quomodo (essentia et existentia). Pour nous, la question se pose de savoir s’il est possible de rendre raison, à partir du sens de l’être lui-même, autrement dit temporalement, du fait que chaque étant peut et doit avoir un quid, un ti et une possible modalité d’être. Ces déterminités – quiddité et mode d’être – appartiennent-elles, quand elles sont interprétées de manière suffisamment vaste, à l’être même? L’être « est »-il, en son essence, articulé d’après ces déterminations? Nous nous trouvons ainsi confrontés au problème de l’articulation fondamentale de l’être [NT : Grundartikulation des Seins. Cf. infra pp. 109, 170 sq], c’est à dire à la question de la nécessaire co-appartenance du quid est et du quomodo, de leur commune appartenance unitaire à l’idée de l’être en général.
Chaque étant a son mode d’être. La question est de savoir si ce mode d’être a pour tout étant le même caractère, comme le pensait l’ontologique antique et comme on l’a soutenu par la suite et jusqu’à maintenant, ou bien si certains modes d’être sont distincts les uns des autres. Quelles sont les modalités fondamentales de l’être? Sont-elles multiples? Comment cette diversité de guises est-elle possible et comment est-elle intelligible à partir du sens de l’être en général? Questions qui se laissent résumer dans le problème des modifications possibles de l’être et de l’unité de sa diversité. [PFPhenoheno 36]