Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Maldiney (Aîtres:21-22) – empeiria e experientia

quinta-feira 21 de dezembro de 2023

tradução

[…] Ao contrário do latim, o grego não tem tempos relativos. Não tem futuro (futurum   exactum), e o pretérito perfeito é o pretérito de um pretérito perfeito cujo aspecto (a princípio variável) ou faz sentido no presente ou, na época pós-clássica, está sempre em simbiose com um sentido temporal   adquirido mais tarde. O terceiro modo de aparição, definido por E. Fink   como "a apresentação de uma coisa a um sujeito representativo", não pode, portanto, ser atribuído ao grego. A experiência grega não é uma experiência latina. Existe mesmo uma oposição fundamental entre elas, indicada pelos seus nomes contrários: a primeira é ἐμ-πειρία, a segunda ex-perientia. A travessia do mundo, esta viagem através da περ "terra do saber" até aos limites (πέρας  ), é em grego interiorizada (έν-) em presença no mundo. Em latim, é colocado em perspectiva teórica, a partir de (ex-) um sujeito que percebe.

original

[…] Contrairement au latin, le grec ne connaît pas de temps relatifs. Il n’a pas de futur antérieur (futurum exactum) et le plus-que-parfait y est le passé d’un parfait dont l’aspect (par ailleurs variable) ou bien a sens dans le présent, ou bien, à l’époque post-classique, est toujours en symbiose avec un sens temporel acquis tardivement. Aussi ne peut-on attribuer au grec le troisième mode d’apparaître défini par E. Fink comme « présentation d’une chose à un sujet représentatif ». C’est que l’expérience grecque n’est pas la latine. Il y a même entre elles une opposition fondamentale qu’indiquent leurs noms contraires : la première est ἐμ-πειρία, la seconde ex-perientia. La traversée du monde, ce voyage à travers περ « le pays de la connaisance » jusqu’aux limites (πέρας), est en grec intériorisé (έν-) en présence au monde. En latin, elle est mise en perspective théorique, à partir (ex-) d’un sujet percevant [1]. Mais dans les deux cas, le présent est le moment décisif qui décide du sens temporel du verbe. C’est en lui que prend corps le quatrième mot pour désigner le temps : καιρός   : le moment opportun, propice, l’occasion, le temps de l’à propos (καιρός ἔστι, Hérodote 8, 149 : c’est le moment). Or Kairos est l’antipode d’Aion. Dans ses Essais d’Iconologie, Panofsky relève que les représentations plastiques du temps dans l’art antique ignorent le vieillard Chronos — et qu’elles sont de deux ordres : [21] « Il y a d’une part la représentation du temps comme kairos, c’est-à-dire cet instant décisif qui marque un tournant dans la vie des êtres humains ou l’évolution de l’Univers. Ce concept était illustré par la figure qu’on connaît sous le nom d’opportunité : un homme (nu à l’origine) qui passe à la hâte, jeune d’ordinaire et jamais très âgé bien que le temps soit souvent appelé πολιός (aux cheveux gris) dans la poésie grecque…

« D’autre part, l’idée diamétralement opposée à celle de kairos est représentée dans l’art antique : c’est le concept iranien du Temps comme Aion, c’est-à-dire comme principe créateur éternel et inépuisable. » [2]


Ver online : Henri Maldiney


[1Dans la perspective théorique, la Zuhandenheit (l’être en prise, à la main) est aboli au profit de la Vorhandenheit (l’être devant la main, en face, à l’étalage…). A la limite, dans les langues à mots, le vocabulaire est un répertoire de prédicats possibles et la grammaire un répertoire de relations possibles. Or le latin est dans une situation intermédiaire : langue à vocables — et non plus langue à radicaux comme l’est encore le grec. Cf. J. Lohmann, Philosophie und Sprachwissenschaft, Berlin, 1965, p. 128.

[2Essais d’Iconologie, p. 108-109.