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Taminiaux (1995b:7-8) – mimesis
segunda-feira 22 de janeiro de 2024
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O Livro X do diálogo [A República] defende que a criação artística não é mais do que um efeito especular. Tal como um espelho pode refletir tudo o que é visível aos olhos humanos, também o artista, quer se exprima através de imagens, sons ou palavras, é capaz de imitar todas as coisas tal como aparecem à primeira vista e nos afectam, sem nunca prestar atenção ao que realmente são.
Original
C’est cette contemplation (theoria) de l’ontos on qui détermine à la fois la façon dont Platon traite des arts et celle dont il traite du politique.
Le livre X du dialogue soutient que la création artistique n’est somme toute qu’un effet spéculaire. De même qu’un miroir peut refléter tout ce qui s’offre aux regards des humains, de même l’artiste, qu’il s’exprime en images, en sons, ou en mots, est capable d’imiter toutes choses telles qu’elles apparaissent de prime abord et nous affectent, sans jamais prêter attention à ce qu’elles sont en vérité.
L’argument de Platon est simple, massif, péremptoire. Soit, dit-il, une chose d’usage, un lit, tel que les artisans en produisent pour le dèmos. Platon soutient qu’ils ne peuvent s’adonner à cette production qu’en prenant en vue l’Idée du lit, cela dont toute l’essence est, par nature, d’être lit, une forme qu’eux-mêmes ne fabriquent pas, et dont l’ouvrier, dit-il, ne saurait être qu’un dieu. De sorte que le façonnement de tel ou tel nombre de lits par l’artisan requiert que celui-ci ait commerce avec l’Idée, avec le lit unique tel qu’il est en vérité et par nature, une forme dont les produits manufacturés ne sont que les analogues. En revanche, poursuit l’argument, lorsque le peintre dessine et peint un lit sur une surface quelconque, vase ou mur, il n’a nul commerce avec l’Idée, et ne se soucie nullement de ce dont les lits manufacturés, où les humains se reposent, sont les analogues. Le peintre n’a d’yeux que pour la façon dont tel lit singulier apparaît et c’est ce seul phénomène ou phantasme qu’il imite. Parce qu’il coupe ce qu’il regarde et tente d’imiter de sa source analogique, ce qu’il produit n’est plus que le simulacre d’une simple apparence. Voilà donc trois rangs de poiesis, de production : celle de l’ouvrier divin des Idées, celle de l’ouvrier humain des analogues de celles-ci, celle de l’artiste, producteur de simulacres des apparences de ces analogues. Eu égard au premier rang, seul ancrage possible de toute production humaine, il va de soi que la poiesis artistique va à la dérive. Cette hiérarchie elle-même repose sur trois rangs de theoria : celle du dieu qui voit pleinement dans son unicité l’étant tel qu’il est par nature, celle des humains qui tentent de voir ce que le dieu voit pleinement et qui fondent leur savoir-faire (techne) sur cette vue limitée — tels sont les artisans — , et celle des humains qui ne se soucient que de ce qui leur apparaît de prime abord et dont la techne par conséquent ne mérite pas son nom. C’est, en effet, parce qu’ils ne se haussent jamais à une theoria qui dépasse les apparences que les artistes peuvent donner l’illusion d’une techne prodigieuse portant sur toutes choses, proches et lointaines, terrestres et célestes, humaines et divines, alors qu’il ne saurait y avoir d’artisan polyvalent, capable d’exceller à la fois dans la sellerie, la poterie, le dressage des chevaux, précisément parce que pour être expert en une production artisanale, il faut se concentrer sur la contemplation d’un nombre limité de formes idéales.
[TAMINIAUX , Jacques. Le théâtre des philosophes. La tragédie, l’être, l’action. Grenoble: Jérôme Millon, 1995]
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