Página inicial > Fenomenologia > Chambon (LF:17) – sentimento e corpo

Chambon (LF:17) – sentimento e corpo

domingo 12 de maio de 2024, por Cardoso de Castro

destaque

O sentimento é o vivido de uma ligação entre homem e mundo, é esta mesma ligação. É a essência de nosso relacionamento com o mundo. Mas será que a fidelidade ao ponto de vista descritivo, que prescreve ater-se aos elementos psicológicos diretamente acessíveis, nos permite explorar a ideia de que as tonalidades afetivas são uma tomada de consciência do inconsciente? As tonalidades afetivas são definidas como a forma primitiva da vida consciente; o interesse   por "aquilo que não se manifesta imediatamente ao organismo" é difícil de legitimar. Mas como podemos deixar de notar o fato, enfatizado por Paul Carus, de que o sentimento é algo secundário? O sentimento é um eco. O eco de um ser-no-mundo anterior à vida consciente, do qual o sentimento faz parte. O sentimento não é o elo entre o interior e o exterior, é apenas a repercussão. A ligação já existe. O corpo é o foco primordial do relacionamento com o mundo anterior à consciência. Um lugar de penetração, de passividade, de travessia, ele é essencialmente o oposto de uma mônada isolada; é abertura. O mundo que passa por ela é dado como um todo. Ele não é experimentado elemento por elemento, mas como um todo que precede as divisões. No entanto, permanece nessa unidade uma exterioridade que passa através e além do foco de sua penetração. Mas é uma exterioridade dada "de uma só vez". O corpo é o átrio de uma provação psíquica de ser-no-mundo que é diferente da experiência consciente. O corpo vive um "algo". Esse algo não é um objeto isolado e particular, mas uma forma primitiva de constrição. A constrição é a própria existência como um todo. O corpo vive seu existir, seu lugar no cenário do mundo. Ele mantém um relacionamento com o Todo e não é colocado ali como uma simples coisa. Ele enlaça o mundo a si mesmo.

original

Le sentiment est le vécu d’un lien entre l’homme et le monde, il est ce lien même. Il est l’essence du rapport au monde. Mais la fidélité au point de vue descriptif, qui prescrit de s’en tenir à des éléments psychologiques directement accessibles, permet-elle d’exploiter l’idée que les tonalités affectives sont une prise de conscience de l’inconscient ? Les tonalités affectives sont définies comme la forme primitive de la vie consciente ; l’intérêt pour “ce qui ne se manifeste pas d’une manière immédiate à l’organisme” est difficile à légitimer. Mais comment ne pas relever le fait souligné par Carus, que le sentiment est quelque chose de second ? Le sentiment est l’écho. L’écho d’un être-au-monde antérieur à la vie consciente dont fait partie le sentiment. Celui-ci n’est pas le lien de l’intérieur et de l’extérieur, il n’en est que la répercussion. Le lien existe déjà. Le corps est le foyer primordial du rapport au monde antérieur à la conscience. Lieu d’une pénétration, d’une passivité, d’une traversée, il est essentiellement le contraire d’une monade isolée, il est ouverture. Le Monde qui le traverse est donné comme un Tout. Il n’est pas vécu élément par élément, mais comme un ensemble qui précède les scissions. Il reste toutefois en cette unité une extériorité qui transit et dépasse le foyer de sa pénétration. Mais c’est une extériorité donnée “d’un seul coup”. Le corps est le foyer d’une épreuve psychique de l’être-au-monde différente de l’expérience consciente. Le corps vit un “quelque chose”. Ce quelque chose n’est pas un objet isolé et particulier, mais une forme primitive de contrainte. La contrainte est l’exister même en son ensemble. Le corps vit son exister, son emplacement dans la scène du monde. Il entretient une relation au Tout, et n’est pas posé là comme une simple chose. Il noue le monde à soi.

Ce vécu de l’être ressemble par son absence d’intentionnalité et sa fonction de mise-au-monde aux tonalités affectives conscientes. Mais il ne s’identifie pas à elles. Il les précède. Il faudrait ainsi, selon nous, distinguer deux sortes d’affectivités : l’affectivité directement vécue par l’homme, et l’affectivité inconsciente de caractère organique. Le dépassement du point de vue descriptif vers une nature en soi de l’homme et du monde, s’il contredit le caractère purement “anthropologique” de l’investigation, est annoncé pourtant et justifié par certaines propriétés des tonalités affectives conscientes. Celles-ci en effet, par leur caractère de répercussion sont un pont entre l’inconscient et le conscient, entre la vie consciente et l’épreuve primitive de l’existence. Elles sont ce pont car il existe une affinité naturelle entre les deux dimensions également affectives. La tonalité affective est au coeur de la vie consciente et intentionnelle l’élément qui l’enracine dans un foyer de vie passive, affective, travaillée par l’altérité et soumise à cette dernière. Elle représente dans la vie du sujet son propre soubassement et la limite de ses pouvoirs à l’égard d’une contrainte originelle. Elle annonce   dans l’être du sujet connaissant son insuffisance, ce qui le dépasse. Ainsi comprend-on vraiment le rôle fondamental de la tonalité affective et la destitution de leur primauté aux facultés rationnelles de l’homme. L’idée de sentiments vitaux ayant un caractère porteur prend tout son sens. De par leur position limite, les tonalités affectives plongent dans l’épreuve primitive dont elles signalent quelque chose. On peut à partir d’elles se prononcer sur son existence et sa nature. Les tonalités affectives permettraient ainsi de passer sans rupture du plan descriptif au plan ontologique.

Ces considérations montrent à la fois l’insuffisance et l’étroitesse du cadre anthropologique, et la richesse des descriptions de O.F. Bollnow   qui indiquent d’elles-mêmes un projet philosophique.


Ver online : O.F. Bollnow


CHAMBON, Christian. Logique de la finitude. Essai sur l’expérience de la réalité. Strasbourg: Presses Universitaires de Strasbourg, 1990