destaque
"É apenas se a compreensão do ser é que o ser se torna acessível como ser" [SZ :212]. Este é, pois, o início radical que o pensamento heideggeriano conquista através do contato com as possibilidades impensadas da fenomenologia: é através do ser que temos acesso ao enquanto [Als-Struktur] ou ao ser-presente da coisa, é através do ser que é possível uma Wesensschau que nos dê o objeto intencional, é através do ser que temos acesso a nós mesmos: pois "se a alma não tivesse desde o início uma compreensão do que significa ser, o homem, enquanto ente se reportando ao ente e também a ele mesmo, não estaria em estado de existir" [GA34 :114]. O homem aparece como um ente; no entanto, ele é o único ente para quem há ente, isto é, para quem há ente que lhe aparece como tal, na nudez do seu ato de ser, no despojamento brutal de sua presença. E é este elemento que manifesta a especificidade de seu si mesmo. "O homem é manifestamente um ente. Como tal, assim como a pedra, a árvore, a águia, ele tem o seu lugar no todo do ser. Aqui, "ter o seu lugar" significa: estar integrado no ordenamento do ser. Ora, o traço distintivo do homem é que, na sua qualidade de ser pensante, ele é/está aberto ao ser, colocado diante dele, enquanto permanece reportado ao ser e que assim com ele co-rresponde. O homem é propriamente esta relação de correspondência, e senão isso. "Senão isso": estas palavras não indicam uma restrição, mas antes uma superabundância" [GA11 :Identität und Differenz, p. 18]. A realidade humana distingue-se do reino do ente bruto por esta relação impensada, mas determinante, ao ser: antes de ter pensado a mínima coisa, o homem relacionou-se com a pura presença desta coisa, logo com o seu ser no sentido infinitivo do verbo.
Original
« C’est seulement si la compréhension d’être est que de l’étant devient accessible comme étant » [1]. Tel est donc le commencement radical que la pensée heideggerienne conquiert au contact des possibilités impensées de la phénoménologie : c’est par l’être que nous avons accès à l’en-tant-que ou l’être-présent de la chose, c’est par l’être qu’une Wesensschau nous donnant l’objet intentionnel est possible, c’est par l’être que nous avons accès à nous-mêmes : car « si l’âme n’avait pas d’emblée l’entente de ce que veut dire être, l’homme, en tant qu’étant se rapportant à l’étant et aussi à lui-même, ne serait pas en état d’exister » [2]. L’homme apparaît comme un étant ; pourtant, il est le seul étant pour qui il y a de l’étant, entendons pour qui il y a de l’étant qui lui apparaisse en tant que tel, dans la nudité de son acte d’être, dans le brutal dépouillement de sa présence. Et c’est cet élément qui manifeste la spécificité de son soi. « L’homme est manifestement un étant. Comme tel, ainsi que la pierre, l’arbre, l’aigle, il a sa place dans le tout de l’être. Ici, « avoir sa place » veut dire : être intégré dans l’ordonnance de l’être. Or, le trait distinctif de l’homme, c’est qu’en sa qualité d’être pensant il est ouvert à l’être, placé devant lui, qu’il demeure rapporté à l’être et qu’ainsi avec lui il co-respond. L’homme est proprement ce rapport de correspondance, et il n’est que cela. « Que cela » : ces mots n’indiquent pas une restriction, mais bien une surabondance » [3]. La réalité humaine se distingue du règne de l’étant brut par cette relation impensée et pourtant déterminante à l’être : avant [317] d’avoir pensé la moindre chose, l’homme s’est rapporté à la pure présence de cette chose, donc à son être au sens infinitif du verbe.
« Nous pensons constamment l’être. À chaque fois que nous disons : c’est comme ci et comme ça, ce n’est pas ainsi, c’était ou ce sera – et cela se produit tous les jours un nombre incalculable de fois –, que ce soit explicitement ou sans même en souffler mot. Chaque fois que nous employons un verbe, nous avons déjà pensé l’être et nous l’avons toujours compris de quelque manière. Nous comprenons immédiatement les énoncés du type : aujourd’hui, c’est samedi, le soleil est levé. Nous comprenons sans le concevoir le « est » que nous utilisons en parlant » [4]. C’est avec cette simple constatation qu’on peut faire commencer la pensée de Heidegger : une précompréhension ontologique nous habite et nous meut, le moindre de nos actes, la moindre de nos paroles laissent transparaître en creux la présence énigmatique d’un mot que nous utilisons en permanence et au contenu duquel nous avons une perpétuelle relation : le mot « être », que nous employons toujours mais sans jamais toutefois le concevoir vraiment, ni même le porter à la pensée. Être : cela semble bien connu ; « cette compréhension du « est », et par conséquent de l’être en général, va de soi à tel point qu’un dogme philosophique jusqu’à présent incontesté pourrait se formuler ainsi : l’être est le concept le plus simple et le plus évident (selbstverständlich) » [5]. L’être est ce qui apparaît à tort comme toujours compris de soi-même : autrement dit, le soi a toujours déjà établi un rapport d’évidence avec l’être qui semble bien ne constituer qu’une parole sans importance. L’être, à entendre en son infinitif, est pourtant cette présence d’un « il y a » précédent toute existence, ce jaillissement pur en qui tout se tient, l’acte d’être en tant que tel ou la donation nue dont la gratuité nous laisse interdits pour peu que nous voulions bien l’envisager quelques instants. Le moins que l’on puisse dire de l’être est précisément qu’il est ce dont on peut dire le moins : « il y a, es gibt », et c’est tout. « Ein Rätsel ist Reinentsprungenes » [6]. ce jaillissement pur est une parole énigmatique : pourtant le soi entretient une relation d’évidence et de proximité totales avec la parole de cet être qui le condamne au mutisme dès lors qu’on la laisse venir à la pensée.