Página inicial > Fenomenologia > Caron (2005:135-136) – desacordo sobre o solo da fenomenologia (Husserl e (…)
Caron (2005:135-136) – desacordo sobre o solo da fenomenologia (Husserl e Heidegger)
sexta-feira 15 de dezembro de 2023
tradução
O desacordo fundamental entre a fenomenologia, tal como Husserl a quis legar àqueles que considerava seus discípulos, e a fenomenologia, tal como Heidegger pretendeu abri-la às possibilidades que nela existem, é a questão do solo, ou seja, a origem da subjetividade. Como nota J.-F. Courtine , "é a questão do solo (Boden) que é decisiva para iluminar a relação de Heidegger com Husserl ", e a questão do solo toma a forma da origem da subjetividade em Heidegger. Husserl não procura, em rigor, essa origem, uma vez que a fenomenologia transcendental se baseia fundamentalmente no ego que, para Husserl , se torna o solo do qual Heidegger afirma que uma subjetividade que se abre ao enigma da sua própria constituição não pode constituir o locus. Em perfeita continuidade com os seus próprios princípios e resultados, Husserl considera que não precisa procurar a origem da subjetividade, uma vez que um conceito desta subjetividade considerado suficientemente operativo tenha sido adquirido através da redução fenomenológica. As motivações críticas de Heidegger dizem sobretudo respeito ao problema desse ego que Husserl não parece querer pensar o ser do ser intencional a partir do momento em que se obtém o modo de ser desse ser intencional e o seu modo de funcionamento como subjetividade transcendental. A radicalidade heideggeriana na procura da origem do eu não pode ficar por aqui e quer que o ser humano seja primeiro encarado como "aquele ente que existe portando olhar sobre o ser" [GA34 , p. 77; EV , p. 98].
Original
Le lieu du désaccord de fond entre la phénoménologie telle que Husserl désire en léguer l’héritage à ceux qu’il considère comme ses disciples [1], et la phénoménologie telle que Heidegger entend l’ouvrir aux possibilités qui sont en elle, est celui de la question du sol, c’est-à-dire de l’origine de la subjectivité. Comme le remarque J.-F. Courtine , « c’est la question du sol (Boden) qui est décisive quand il s’agit d’éclairer le rapport de Heidegger à Husserl » [2], et la question du sol prend chez Heidegger la forme de celle de l’origine de la subjectivité. Husserl ne cherche pas à proprement parler cette origine puisque la phénoménologie transcendantale a pour ressort fondamental de s’appuyer sur l’ego qui devient chez Husserl le sol dont Heidegger affirme qu’une subjectivité ouvrant sur l’énigme de sa propre constitution ne peut constituer le lieu. En parfaite continuité avec ses propres principes et résultats, Husserl considère ne pas avoir à rechercher l’origine de la subjectivité dès lors qu’un concept de cette subjectivité jugé suffisamment opératoire a été acquis par la réduction phénoménologique. Les motivations critiques de Heidegger concernent avant tout le problème de cet ego dont Husserl ne lui semble pas vouloir penser l’être de l’être-intentionnel à partir du moment où se voit obtenue la manière d’être de cet être-intentionnel et son mode de fonctionnement comme subjectivité transcendantale. La radicalité heideggerienne dans la quête de l’origine du soi ne peut s’arrêter là et veut que l’être-homme soit d’abord envisagé comme « cet étant qui existe en portant le regard [136] sur l’être » [3]. Une fois la phénoménologie parvenue au pouvoir de constitution de l’ego, Heidegger voit le questionnement husserlien s’arrêter, et la possibilité que possède le sujet de se rapporter à l’être et à son propre être est absorbée puis oubliée dans le caractère constituant de l’ego pur. Mais, nous dit Heidegger, « plus haut que la réalité se tient la possibilité », et cette possibilité pour le soi d’être un soi ou de se rapporter à son propre être devient pour la phénoménologie la possibilité même d’accéder au véritable sol – le sol de la subjectivité et non la subjectivité comme sol. Dans le contexte de la pensée husserlienne, l’être n’est autre chose que le corrélât de la vie intuitive d’un moi qui constitue le monde, l’arrière-fond non interrogé de toute appréhension d’un objet intentionnel (comme les Recherches logiques l’ont montré), l’outil nécessaire à dynamiser la vie de l’ego et à justifier la présence d’une intentionnalité sur la base de laquelle on pourra déployer toutes les possibilités de la science phénoménale intentionnelle sans se soucier de l’être même de ce comportement fondamental de la conscience sur lequel la phénoménologie transcendantale prend appui. L’être, permettant le déploiement d’une intuition catégoriale et rendant possible l’intuition elle-même, est réduit à cette intuition au service du déploiement de laquelle il se tient [4]. Par l’être, l’objet intentionnel possède un horizon qui lui permet de devenir objet vécu, mais le fait que ce soit l’être qui constitue cet horizon ne vient pas à la question. L’être chez Husserl apparaît donc à Heidegger comme l’horizon sans problème du déploiement d’un moi intentionnel dont le propre caractère d’être ne fait pas non plus problème. La liaison de l’être à la réalité humaine est vécue sans question par la phénoménologie husserlienne.
CARON , Maxence. Pensée de l’être et origine de la subjectivité. Paris: CERF, 2005.
Ver online : Maxence Caron
[1] Héritage dont Heidegger montrera qu’il est celui de toute la conceptualité d’une tradition philosophique que Husserl n’a pas pensée.
[2] J.-F. Courtine, Heidegger et la phénoménologie, p. 167 n.
[3] GA34, p. 77 ; EV, p. 98.
[4] Quand Husserl s’attache à chercher un fondement de cette intuition catégoriale, il ne parle pas de fondement ontologique, mais affirme que « le concept d’intuition catégoriale manque encore d’un fondement descriptif » (Hua XX, p. 145 ; RL III, p. 178), étant entendu par là que toute question de fondement de cette intuition sera susceptible, pour Husserl, d’être réglée par une simple description dont la pertinence, si elle est mise en évidence, suffira à établir le fondement qui dépend, en son être-fondement, de l’efficacité conceptuelle que cette description engendrera. Une description phénoménologique qui fera apparaître l’efficacité que peut produire une nouvelle notion sera jugée satisfaisante pour servir de fondement. C’est la description, la certitude qu’elle engendre pour l’intuition et l’efficacité qu’elle produit, qui font droit – ce que Heidegger refuse.