Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

Página inicial > Léxico Alemão > Ricoeur (1985:117-118) – Sorge e ser-um-todo

Ricoeur (1985:117-118) – Sorge e ser-um-todo

sábado 16 de dezembro de 2023

Roberto Leal Ferreira

Por que é preciso entrar na questão da temporalidade pela questão da “possibilidade de ser-um-todo” ou, como diremos de modo equivalente, de “ser-integral”? À primeira vista, a noção de Cuidado não parece exigi-lo; parece até não admiti-lo. A primeira implicação temporal   que ela exibe é, com efeito, a do ser-em-frente-a-si (das Sichvorweg), a qual não comporta nenhum fechamento, muito pelo contrário, sempre deixa algo em sursis, em suspenso, e permanece constantemente incompleta, em virtude até do caráter de poder-ser (Seinskönnen) do ser-aí: se a questão do “ser integral” detém, no entanto, um privilégio, isso ocorre na medida em que a fenomenologia hermenêutica do tempo tem como objetivo a unidade articulada dos três momentos do futuro, do passado, do presente. Essa unidade do tempo, Agostinho   a fazia jorrar do presente por triplicação.6 Ora, o presente não pode, segundo Heidegger, assumir essa função de articulação e de dispersão, porque ele é a categoria temporal menos apta a uma análise originária e autêntica, em virtude de seu parentesco com as formas decaídas da existência, a saber, a propensão do ser-aí a se compreender em função dos seres dados (vorhanden  ) e manejáveis (zuhanden), que são o objeto de seu cuidado presente, de sua preocupação. Já aqui, o que parece mais próximo aos olhos de uma fenomenologia direta mostra-se o mais inautêntico; e o autêntico, o mais dissimulado.

Se, portanto, admitirmos que a questão do tempo é em primeiro lugar a questão de sua integralidade estrutural, e se o presente não é a modalidade apropriada para essa busca de totalidade, resta encontrar no caráter de avanço sobre si mesmo do Cuidado o segredo de sua própria completude. É então que a ideia de um ser-para-o-fim (zum Ende   sein  ) se propõe como o existencial que traz a marca de seu próprio fechamento interno. O ser-para-o-fim tem de notável o fato de que “pertence” [234] ao que permanece em sursis e em suspenso no poder-ser do ser-aí. Ora, “o ‘fim’ do ser-no-mundo é a morte” [234]: “‘Acabar’, no sentido de morrer, constitui a totalidade do ser-aí” [240].7

Original

Pourquoi faut-il entrer dans la question de la temporalité par la question de la « possibilité d’être-un-tout » ou, comme nous dirons équivalemment, d’« être-intégral » ? A première vue, la notion de Souci ne paraît pas l’exiger ; elle paraît même y répugner. La toute première implication temporelle qu’elle déploie est en effet celle de l’être-en-avant-de-soi (das Sichvorweg), laquelle ne comporte aucune clôture, mais bien au contraire laisse toujours quelque chose en sursis, en suspens, et demeure constamment incomplète, en vertu même du caractère de pouvoir-être (Seinskönnen) de l’être-là : si la question de l’« être-intégral » détient cependant un privilège, c’est dans la mesure où la phénoménologie herméneutique du temps a pour enjeu l’unité articulée des trois moments de l’avenir, du passé, du présent. Cette unité du temps, Augustin la faisait jaillir du présent par triplification [1]. Or, le présent ne peut, selon Heidegger, assumer cette fonction d’articulation et de dispersion, parce qu’il est la catégorie temporelle la moins apte à une analyse originaire et authentique, en vertu de sa parenté avec les formes déchues de l’existence, à savoir la propension de l’être-là à se comprendre en fonction des êtres donnés (vorhanden) et maniables (zuhanden) qui sont l’objet de son souci présent, de sa préoccupation. Ici, déjà, ce qui paraît le plus proche aux yeux d’une phénoménologie directe s’avère être le plus inauthentique, et l’authentique le plus dissimulé.

Si donc on admet que la question du temps, c’est d’abord la question de son intégralité structurelle, et si le présent n’est pas la modalité appropriée à cette quête de totalité, il reste à trouver dans le caractère d’avance sur soi-même du Souci le secret de sa propre complétude. C’est alors que l’idée d’un être-pour-la-fin (zum Ende sein) se propose comme l’existential qui porte la marque de sa propre clôture interne. L’être-pour-la-fin a ceci de remarquable qu’il « appartient » [234] à ce qui reste en sursis et en suspens dans le pouvoir-être de l’être-là. Or « la “fin” de l’être-au-monde est la mort [234] : “Finir”, au sens de mourir, constitue la totalité de l’être-là » [240] [2].


Ver online : Paul Ricoeur


[1Cette ambition de saisir le temps dans son ensemble est la reprise existentiale du problème bien connu de l’unité du temps que Kant tient pour une des présuppositions majeures de l’Esthétique : Il n’y a qu’un temps et tous les temps en sont des parties. Mais, selon Heidegger, cette unité singulière est prise au niveau du temps successif, dont nous verrons qu’il résulte du nivellement de l’intratemporalité, à savoir la configuration temporelle la moins originaire et la moins authentique. Il fallait donc reprendre à un autre niveau de radicalité la question de la totalité.

[2Je ne répéterai pas ici les analyses extraordinairement soigneuses par lesquelles Heidegger distingue l’être-pour-la-fin de toutes les fins que, dans le langage ordinaire, nous assignons à des événements, des processus biologiques ou historiques, et en général à toutes les manières dont les choses données et maniables se terminent. Ni non plus les analyses qui concluent au caractère non transférable de la mort d’autrui au mourir propre, donc au caractère non transférable de la mort propre (« la mort est essentiellement toujours la mienne »). On ne reprendra pas non plus les analyses qui distinguent la possibilité caractéristique de l’être-pour-la-mort de toutes les formes de possibilités en usage dans le langage quotidien, en logique et en épistémologie. On ne dira jamais assez la somme des précautions accumulées contre la mécompréhension par une analyse qui, partant de propositions apophatiques (§ 46-49, la mort n’est pas ceci, n’est pas cela…), procède à une « ébauche » (Vorzeichnung, § 50) qui devient, seulement à la fin du chapitre, la « projection (Entwurf) existentiale d’un être authentique-pour-la-mort » (titre du § 53). Selon cette projection, l’être-pour-la-mort constitue une possibilité de l’être-là, possibilité il est vrai sans pareille, vers laquelle nous sommes tendus par une attente elle-même unique en son genre, — possibilité qu’on peut dire « la plus extrême » (äusserste [252]) et « la plus propre » (eigenste [263]) de notre pouvoir-être.