Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Greisch: O que é um fenômeno?

terça-feira 30 de maio de 2017

Ce qu’est un phénomène on ne le comprend que si on accepte de parler et de penser grec. En remontant au verbe grec phainesthai qui signifie « se montrer », « se manifester », « se révéler » on trouve la signification originaire du terme « phénomène » : « ce qui-se-montre-en-lui-même, le manifeste » (SZ   28). Cela n’exclut évidemment pas la possibilité que les choses ne soient pas ce qu’elles paraissent (Scheinen  ) être. Mais tout dépend du rapport qu’on établit entre le premier sens, positif du phénomène (phénomène = monstration, manifestation, révélation), et le second sens, plus ou moins négatif (phénomène = l’apparaître, l’apparence, la semblance, l’illusion  , etc.). Aux yeux de Heidegger, la première signification fonde la seconde, et non l’inverse. Est « phénomène » tout ce qui paraît, vient au jour, comme le soleil « paraît » quand il sort derrière les nuages. Dans un « phénomène » météorologique de ce genre il n’y a pas lieu de distinguer entre un soleil « apparent » et un soleil « réel ». Le phénomène, c’est le soleil réel et ce n’est que dans certaines circonstances bien précises qu’il y a lieu de distinguer entre le « soleil réel » et un simple « soleil de théâtre ». « Le jour paraît », « l’enfant paraît » etc. : toutes ces expressions visent des phénomènes entièrement positifs. Et il n’y aurait pas cette possibilité fondamentale que nous ne pourrions pas, quand cela est nécessaire, distinguer entre les « apparences » trompeuses et une réalité plus solide.

L’une et l’autre possibilité, inscrites dans le verbe grec phainesthai, doivent encore être distinguées d’un troisième sens qui correspond au mot allemand Erscheinung. « Phénomène » est alors tout ce qui a valeur de symptôme, d’indice, etc., d’une réalité qui elle ne se manifeste pas. L’apparaître ainsi entendu est un « ne-pas-se-montrer » (Erscheinen ist ein sich-nicht  -zeigen, SZ 29). La meilleure illustration en est le symptôme clinique. Le « regard clinique » du médecin averti, qui ne s’apprend pas du jour au lendemain, sait distinguer entre le simple « symptôme » (rappelons nous Knock de Jules Romains : « Est-ce que cela vous gratouille ou cela vous chatouille ? ») et la « cause » véritable de la maladie. Tel ou tel symptôme précis entraînera ainsi un verdict du genre : « Une opération de l’appendicite s’impose. » Même si nous entrons alors dans un ordre sur lequel la « phénoménologie » n’a plus de prise, on peut dire que le concept fondamental de « phénomène » reste toujours présupposé. Pour que le docteur Freud   puisse identifier la paralysie d’une jambe comme « symptôme » d’une « hystérie de conversion », il fallait bien que ce symptôme se « manifestât », qu’il « se déclare » de façon plus ou moins voilée. Ce n’est qu’ensuite que cette « manifestation » pourra être rattachée à un « sens caché » qui permet d’y reconnaître une « manifestation » de l’inconscient (Sur le rapport conflictuel entre la phénoménologie et la psychanalyse, cf. Paul Ricœur  , De l’interprétation. Essai sur Freud, Paris, Ed. du Seuil, 1969).

Essayons de récapituler cette analyse au moyen du schéma suivant :

« Phénomène »

  • 1er sens (fondamental) : phainesthai = Sichzeigen; automanifestation, monstration, révélation de la chose même
  • 2e sens (dérivé) : Scheinen = paraître, apparaître, semblance, illusion
  • 3e sens (encore plus dérivé) : Erscheinung, apparition = la non-manifestation (ex. le symptôme, l’indice, etc.)

On notera en particulier la déclaration que « les phénomènes ne sont jamais des apparitions, tandis que toute apparition est bel et bien assignée à des phénomènes » (SZ 31). La fermeté de ton vise ici un adversaire bien précis : le concept phénoménologique de phénomène doit être démarqué nettement du concept non phénoménologique, avec lequel opère le néo  -kantisme [Il faut ici penser en particulier à l’article de Rickert, Die Methode   der Philosophie   und das Unmittelbare. Eine Problemstellung, parue dans Logos  , XII (1923-1924) p. 235-280). Cf. von Herrmann  , op. cit., p. 296, 304.]. Du concept kantien et néo-kantien de phénomène, il faut passer au concept husserlien. Non que le concept kantien, une fois libéré de l’hypothèque de l’opposition phénomène/« chose en soi » n’ait aucune pertinence phénoménologique. Pour cela, il importe de reconnaître que le concept de phénomène, tel qu’il a été utilisé jusqu’ici, reste purement formel (SZ 31). Nous ne savons pas encore à quel genre de réalité il peut être appliqué. S’il est restreint au champ de la simple intuition sensible et empirique, comme c’est le cas avec Kant  , on travaille avec un concept « vulgaire » de phénomène. Un tel concept est légitime, mais insuffisant, comme l’a montré l’élargissement de l’intuition sensible à l’intuition catégoriale. (excertos de Jean Greisch  , Ontologie   et temporalité)


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