Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Derrida (2008:339-340) – o "poder" do homem e do animal

quarta-feira 13 de março de 2024

destaque

[…] Como certamente já se aperceberam, esta questão do poder é importante para mim, e creio que é necessário dar-lhe uma atenção especial por duas razões. Por um lado, na tradição dominante do tratamento dos animais pela filosofia e pela cultura em geral, a diferença entre os animais e os homens foi sempre definida segundo o critério do "poder" ou da "faculdade", isto é, o "poder fazer" ou a incapacidade de fazer isto ou aquilo (o homem pode falar, tem esse poder, o animal não tem o poder de falar, o homem pode rir e morrer, o animal não pode rir nem morrer, não pode morrer, como diz literalmente Heidegger : ele não tem o poder (können) da sua morte e de se tornar mortal, e assim por diante); e, como já disse aqui com alguma insistência há algum tempo, Bentham sempre me pareceu ter acertado em cheio quando disse, em oposição a esta poderosa tradição que defende o poder e o não-poder, que a questão não é "pode o animal fazer isto ou aquilo, falar, raciocinar, morrer, etc.? mas, o animal poder sofrer?" [Cf. Jeremy Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation [1789], é vulnerável? E no caso do sofrimento vulnerável, do paskhein, da paciência, da paixão e da passividade, da afetividade do sofrimento, o poder é não-poder; o poder de sofrer é então o primeiro poder como não-poder, a primeira possibilidade como não-poder que partilhamos com o animal, daí a compaixão. É desta compaixão na impotência e não do poder que devemos partir quando queremos pensar o animal e a sua relação com o homem.

original

Qu’est-ce que ça veut dire et quel est ici l’enjeu ? Comme vous l’avez sans doute déjà compris, cette question du pouvoir m’importe ici et je crois nécessaire de lui accorder une attention privilégiée pour deux raisons. D’une part, dans la tradition   dominante du traitement de l’animal par la philosophie   et la culture en général, on a toujours défini la différence entre l’animal et l’homme selon le critère du « pouvoir » ou de la « faculté », c’est-à-dire du « pouvoir faire » ou de l’incapacité à faire ceci ou cela (l’homme peut parler, il a ce pouvoir, l’animal n’a pas le pouvoir de parler, l’homme peut rire et mourir, l’animal ne peut ni rire ni mourir, il ne peut pas sa mort, dit littéralement Heidegger : il n’a pas le pouvoir (können) de sa mort et de devenir mortel, etc.) ; et, je l’avais dit ici avec quelque insistance naguère, tel mot de Bentham m’avait toujours paru viser juste quand il disait, pour s’opposer à cette puissante tradition qui s’en tient au pouvoir et au non-pouvoir, que la question n’est pas « l’animal peut-il faire ceci ou cela, parler, raisonner, mourir, etc. ? », mais « l’animal peut-il souffrir ? » (can he suffer ? [1]), est-il vulnérable ? Et dans le cas de la souffrance vulnérable, du paskhein, de la patience, de la passion et de la passivité, de l’affectivité du souffrir, le pouvoir est un non-pouvoir ; le pouvoir-souffrir est alors le premier pouvoir comme non-pouvoir, la première possibilité comme non-pouvoir que nous partagions avec l’animal, d’où la compassion. C’est de cette compassion dans l’impuissance et non du pouvoir qu’il faut partir quand on veut penser l’animal et son rapport à l’homme.

La deuxième raison pour laquelle je privilégie ici cette détermination du logos   comme Vermögen  , pouvoir ou faculté, c’est la recherche d’un schème médiateur avec le motif si difficilement traduisible du Walten   dont le traitement nous attend encore, mais dont vous savez déjà que quelque pouvoir, quelque possibilité de pouvoir y est nécessairement inscrit (entre force, violence, etc., et associé au terrible, à la terreur, à l’Unheimlichkeit   et au deinen par [339] L’Introduction à la métaphysique dont j’espère reparler ici), le Walten étant la source, l’origine, la condition, la force, la violence ou le pouvoir qui rendent possible, et donc capable, le pouvoir d’accéder à la différence ontologique, donc au en tant que tel, donc au logos, au logos en général, comme logos sêmantikos, et plus précisément, au logos apophantikos.

[DERRIDA  , Jacques. Séminaire La bête et le souverain II. Paris: Galilée, 2008]


Ver online : Jacques Derrida


[1Cf. Jeremy Bentham, An Introduction to the Principles of Morals and Legislation [1789], Londres, The Athlone Press, 1970, p. 44. Jacques Derrida commente ce passage dans L’animal que donc je suis, op. cit., p. 48-50, p. 115, p. 142. Cf. aussi Jacques Derrida et Élisabeth Roudinesco, De quoi demain… Dialogue, Paris, Fayard/Galilée, 2001, p. 118. (NdÉ)