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Sein und Zeit

Être et temps : § 69. La temporalité de l’être-au-monde et le problème de la transcendance du monde.

Ser e Tempo

quinta-feira 17 de julho de 2014, por Cardoso de Castro

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MARTIN HEIDEGGER, Être et temps, traduction par Emmanuel Martineau  . ÉDITION NUMÉRIQUE HORS-COMMERCE

HEIDEGGER, Martin. L’Être et le temps. Tr. Jacques Auxenfants  . (ebook-pdf)

 b) Le sens temporel de la modification de la préoccupation circon-specte en découverte théorique du sous-la-main intramondain.

Que nous nous interrogions dans le cours d’analyses ontologico-existentiales sur la « naissance » de la découverte théorique à partir de la préoccupation circon-specte, cela suffit [357] déjà à indiquer que ce ne sont pas ici l’histoire et l’évolution ontiques de la science, ses conditions factices et ses finalités prochaines qui seront prises pour thème. Nous interrogeant au contraire sur la genèse ontologique du comportement théorique, nous demandons : quelles sont les conditions inhérentes à la constitution d’être du Dasein et existentialement nécessaires qui permettent que le Dasein puisse exister selon la guise de la recherche scientifique ? Ce questionnement vise un concept existential de la science. De lui se distingue le concept « logique », qui comprend la science du point de vue de son résultat et la détermine comme une « connexion de dérivation de propositions vraies, c’est-à-dire valides ». Le concept existential comprend la science comme une guise de l’existence et, du même coup, comme un mode de l’être-au-monde, mode qui découvre, ou qui ouvre de l’étant, ou de l’être. Toutefois, l’interprétation existentiale exhaustive de la science ne peut être accomplie que si le sens de l’être et la « connexion » entre être et vérité [5] sont éclaircis à partir de la temporalité de l’existence. Les réflexions qui suivent préparent la compréhension de cette problématique centrale, à l’intérieur de laquelle seulement l’idée de la phénoménologie est elle aussi développée, en opposition à son préconcept, indiqué dans notre introduction [6].

Conformément à l’étape jusqu’ici atteinte par notre recherche, une autre restriction s’impose à l’interprétation du comportement théorique. Tout ce que nous examinons, c’est le virage de la préoccupation circon-specte pour l’à-portée-de-la-main en recherche du sous-la-main trouvable à l’intérieur du monde, et cela avec l’intention directrice de percer jusqu’à la constitution temporelle de l’être-au-monde en général.

Ce virage du maniement, de l’usage, etc. « pratiquement » circon-spect en investigation « théorique », il est d’abord tentant de le caractériser de la manière suivante : le pur a-visement de l’étant prend naissance lorsque la préoccupation s’abstient de tout maniement. Le facteur décisif de la « formation » du comportement théorique se trouverait ainsi dans la disparition de la praxis  , et c’est même justement lorsque l’on pose la préoccupation « pratique » comme le mode d’être primaire et prédominant du Dasein factice que la « théorie » est considérée comme devant sa possibilité ontologique au défaut de la praxis, c’est-à-dire à une privation. Seulement, le suspens d’un maniement spécifique dans l’usage préoccupé ne laisse pas simplement derrière lui la circon-spection qui le guidait, à la manière [358] d’un résidu. Bien plutôt la préoccupation se déplace-t-elle proprement en une « pure circon-spection ». Cependant, l’attitude « théorique » n’est encore nullement atteinte par là, au contraire : le séjour qui s’interrompt avec le maniement peut revêtir le caractère d’une circon-spection plus aiguë, et c’est la « considération », l’examen du résultat atteint, en tant que coup d’oeil d’ensemble sur le « chantier au repos ». L’abstention de l’usage de l’outil est si peu déjà « théorie » que la circon-spection séjournante, « considérative » demeure totalement attachée à l’outil offert à la préoccupation, à-portée-de-la-main. L’usage « pratique » a ses guises propres de séjour. Et de même qu’à la praxis revient sa vue (« théorie ») spécifique, de même la recherche théorique ne va pas sans une praxis à elle propre. La lecture des mesures en tant que résultat d’une expérimentation a souvent besoin d’un dispositif « technique » compliqué. L’observation au microscope est assignée à la production de « préparations ». Les fouilles archéologiques, préalables à l’interprétation de la « trouvaille », ne vont pas sans les plus grossières manipulations. Cependant, même l’élaboration « la plus abstraite » de certains problèmes, même la fixation du résultat acquis manie - par exemple - le crayon. Si « peu intéressants » et « évidents » que soient de tels éléments constitutifs de la recherche scientifique, ils ne sont pourtant rien moins qu’indifférents ontologiquement. On peut certes trouver circonstancié et superflu ce renvoi explicite au fait que le comportement scientifique comme guise de l’être-au-monde n’est pas seulement une « activité purement spirituelle » - qui ne verrait pourtant d’après cette trivialité que l’endroit où passe la frontière ontologique entre comportements « théorique » et « athéorique » n’est nullement manifeste !

On fera valoir que tout maniement, en science, ne se trouve jamais qu’au service de la considération pure, de la découverte et de l’ouverture investigatrices des « choses mêmes ». Le « voir », au sens le plus large du terme, règle tous les « dispositifs » et garde la primauté. « De quelque manière et par quelques moyens qu’une connaissance puisse se rapporter à des objets, celle par laquelle elle s’y rapporte immédiatement, et à laquelle tend toute pensée en tant que moyen (nous soulignons) est l’intuition » [7]. L’idée d’intuitus guide toute interprétation de la connaissance depuis les débuts de la philosophie   grecque jusqu’à nos jours, que cet intuitus soit facticement atteignable ou non. Conformément à la primauté du « voir », la mise en lumière de la genèse existentiale de la science devra prendre son point de départ dans une caractérisation de la circon-spection qui guide la préoccupation « pratique ».

La circon-spection se meut dans les rapports de tournure du complexe à-portée-de-la-main [359] d’outils. Elle est elle-même à son tour soumise à la direction d’une vue-d’ensemble plus ou moins expresse sur la totalité d’outils de ce qui est à chaque fois monde d’outils, ainsi que du monde ambiant public qui appartient à celui-ci. La vue-d’ensemble n’est pas simplement un ramassage après coup de sous-la-main. L’essentiel de la vue-d’ensemble est le comprendre primaire de la totalité de tournure à l’intérieur de laquelle s’engage à chaque fois la préoccupation factice. La vue-d’ensemble qui éclaire la préoccupation reçoit sa « lumière » du pouvoir-être du Dasein, en-vue-de quoi la préoccupation existe comme souci. La circon-spection « d’ensemble » de la préoccupation rapproche, en toute utilisation et maniement, l’à-portée-de-la-main du Dasein, selon la guise d’une explicitation de ce qui est pris en vue. L’approchement spécifique, circon-spectivement explicitant de l’étant dont on se préoccupe, nous l’appelons la réflexion. Son schème spécifique est le « si…, alors… » : si ceci ou cela doit être - par exemple - produit, mis en usage, empêché, alors il est besoin de tels ou tels moyens, voies, circonstances, occasions. La réflexion circon-specte éclaire toute situation   factice du Dasein dans le monde ambiant de sa préoccupation. Par suite, elle ne « constate » jamais simplement l’être-sous-la-main d’un étant, ou ses propriétés. La réflexion peut s’accomplir même sans que l’étant approché circon-spectivement en elle soit lui-même à-portée-de-la-main de manière saisissable et présent dans le champ de vue le plus proche. Le rapprochement du monde ambiant dans la réflexion circon-specte a le sens existential d’une présentification. Car la re-présentation n’est qu’un mode de celle-ci. En elle, la réflexion s’avise directement de l’étant nécessaire, mais non à-portée-de-la-main. La circon-spection re-présentante ne se rapporte pas à quelque chose comme des « simples représentations ».

Cependant, la présentification circon-specte est un phénomène diversement fondé. D’abord, elle appartient à chaque fois à une unité ekstatique pleine de la temporalité. Elle se fonde dans un conserver du complexe d’outils en se préoccupant duquel le Dasein est attentif à une possibilité. Ce qui est déjà révélé dans le conserver attentif rapproche la présentification - ou la re-présentation - réfléchissante. Mais pour que la réflexion puisse se mouvoir dans le schème du « si…, alors… », il faut que la préoccupation comprenne déjà « en son ensemble » un complexe de tournure. Ce qui est advoqué avec le « si… » doit déjà être compris comme ceci et cela. Pour cela, il n’est pas requis que la compréhension de l’outil s’exprime dans une prédication. Le schème « quelque chose comme quelque chose » est déjà pré-dessiné dans la structure du comprendre antéprédicatif. La structure de comme se fonde ontologiquement dans la temporalité du comprendre. C’est seulement dans la mesure où le [360] Dasein, attentif à une possibilité, c’est-à-dire ici à un pour-quoi, est revenu vers un pour-cela, c’est-à-dire conserve un à-portée-de-la-main, que le présentifier appartenant à ce conserver attentif peut à l’inverse, en partant de cet étant conservé, le rapprocher expressément dans sa référence au pour-quoi. La réflexion approchante doit se rendre adéquate, dans le schème de la présentification, au mode d’être de ce qui est à approcher. Le caractère de tournure de l’à-portée-de-la-main n’est rapproché - mais non pas d’abord découvert - par la réflexion que selon qu’elle fait voir circon-spectivement comme tel ce dont il retourne avec quelque chose.

L’enracinement du présent dans l’avenir et l’être-été est la condition temporalo-existentiale de possibilité permettant à ce qui est projeté dans le comprendre de la compréhension circon-specte d’être rapproché dans un présentifier, mais cela de telle sorte que le présent doit alors se rendre adéquat à ce qui fait encontre dans l’horizon   du conserver attentif, c’est-à-dire l’expliciter dans le schème de la structure de comme. Ainsi la réponse est-elle apportée à la question posée antérieurement, de savoir si la structure de comme se tient dans une connexion ontologico-existentiale avec le phénomène du projet [8]. Tout comme le comprendre et l’expliciter en général, le « comme » se fonde dans l’unité ekstatico-horizontale de la temporalité. Lors de notre analyse fondamentale de l’être, qui sera conduite en liaison avec l’interprétation du « est » « exprimant » en tant que copule l’advocation de quelque chose comme quelque chose, nous devrons prendre à nouveaux frais le phénomène du « comme » pour thème et délimiter existentialement le concept de « schème ».

Qu’est-ce que cette caractérisation temporelle de la réflexion circon-specte et de ses schèmes doit cependant apporter à la solution de notre question en cours, celle de la genèse du comportement théorique ? Sa contribution consiste simplement en ceci qu’elle précise la situation existentiale du virage de la préoccupation circon-specte en découverte théorique. L’analyse du virage lui-même peut désormais être tentée au fil conducteur d’une détermination élémentaire de la réflexion circon-specte et de ses possibles modifications.

Dans l’usage circon-spect de l’instrument, nous pouvons dire : le marteau est trop lourd, ou trop léger. Même la phrase : le marteau est lourd, peut donner son expression à une réflexion préoccupée et signifier : il n’est pas léger, c’est-à-dire que sa prise en main exige de la force, qu’il rendra le maniement plus difficile. Seulement, la phrase peut aussi vouloir dire : [361] l’étant présent, que nous connaissons déjà circon-spectivement comme marteau, a un poids, c’est-à-dire la « propriété » de la gravité ; il exerce une pression sur son support ; que celui-ci soit éloigné, et il tombe. Le parler ainsi compris n’est plus parlé dans l’horizon du conserver attentif d’une totalité d’outils et de ses rapports de tournure. Le dit est puisé dans un regard sur ce qui appartient à un étant « doué de masse » en tant que tel. Ce qui est désormais pris en vue n’échoit plus au marteau comme instrument, mais comme chose-corps soumise à la loi de la pesanteur. Le parler circon-spect qui dit « trop lourd » ou « trop léger » n’a maintenant plus aucun « sens », c’est-à-dire que l’étant qui fait maintenant encontre n’offre plus rien en lui-même par rapport à quoi il pourrait être « trouvé » trop lourd ou trop léger.

D’où cela provient-il que, dans le parler modifié, son ce-sur-quoi, le marteau lourd, se montre de manière autre ? Non pas de ce que nous prenons de la distance par rapport au marteau - mais pas non plus de ce que nous ferions seulement abstraction du caractère d’outil de cet étant : uniquement de ce que nous considérons « à neuf » l’à-portée-de-la-main, comme sous-la-main. La compréhension d’être qui guide l’usage préoccupé de l’étant intramondain a viré. Mais est-ce que se constitue déjà, du seul fait qu’au lieu de réfléchir circon-spectivement à de l’à-portée-de-la-main, nous l’« envisageons » comme du sous-la-main, un comportement scientifique ? D’autant que même de l’à-portée-de-la-main peut devenir le thème de la recherche et de la détermination scientifique, ainsi que par exemple dans l’étude d’un monde ambiant, du milieu   dans le cadre d’une biographie historique : le complexe d’outils quotidiennement à-portée-de-la-main, sa formation historique, sa mise en valeur, son rôle factice dans le Dasein, tout cela est objet de la science économique. L’à-portée-de-la-main n’a pas besoin de perdre son caractère d’outil pour pouvoir devenir « objet » d’une science. La modification de la compréhension de l’être, du coup, ne semble pas nécessairement constitutive de la genèse du comportement théorique « vis-à-vis des choses ». Certes - si modification doit vouloir dire : changement du mode d’être, compris dans le comprendre, de l’étant présent.

Pour fournir la première caractérisation de la genèse du comportement théorique à partir de la circon-spection, nous avons pris pour base une guise de la saisie théorique de l’étant intramondain, de la nature physique, où la modification de la compréhension d’être équivaut à un virage. Dans l’énoncé « physique » : « le marteau est lourd », il n’y a pas seulement omission du caractère d’outil de l’étant rencontré, mais, et conjointement, de ce qui appartient à tout outil à-portée-de-la-main : sa place. Celle-ci devient indifférente. Non que le [362] sous-la-main perde en général son « lieu ». La place devient un emplacement spatio-temporel, un « point du monde » qui ne se distingue d’aucun autre de manière privilégiée. Ce qui implique que la multiplicité - circonscrite par le monde ambiant - des places de l’outil à-portée-de-la-main n’est pas seulement modifiée en une pure multiplicité d’emplacements, mais que l’étant du monde ambiant est en général dé-limité. C’est le tout de l’être-sous-la-main qui devient thème.

À la modification de la compréhension d’être appartient donc dans le cas présent une dé-limitation du monde ambiant. Mais en même temps, au fil conducteur de la compréhension désormais directrice de l’être au sens de l’être-sous-la-main, la dé-limitation devient une délimitation de la « région » du sous-la-main. Plus l’être de l’étant à scruter est adéquatement compris au sein de la compréhension directrice d’être, plus le tout de l’étant, du même coup, est articulé en ses déterminations fondamentales en tant que domaine réel d’une science, et d’autant plus sûre devient la perspective du questionner méthodique.

L’exemple classique du développement historique d’une science, mais en même temps aussi de sa genèse ontologique, est la formation de la physique mathématique. Ce qui est décisif dans sa formation ne réside ni dans le prix plus élevé attaché à l’observation des « faits », ni dans l’« application » de la mathématique dans la détermination des processus   naturels - mais dans le projet mathématique de la nature elle-même. Ce projet découvre préalablement un étant constamment sous-la-main (matière) et ouvre l’horizon requis pour la considération directrice de ses moments constitutifs quantitativement déterminables (mouvement, force, lieu et temps). C’est seulement « à la lumière » d’une nature ainsi projetée que quelque chose comme un « fait » peut être trouvé et pris pour base d’une tentative régulativement délimitée par le projet. La « fondation » de la « science des faits » n’est devenue possible que pour autant que les chercheurs ont compris qu’il n’y a fondamentalement pas de « simples faits ». Derechef, dans le projet mathématique de la nature, ce qui est primairement décisif n’est point le mathématique comme tel, mais le fait que ce projet ouvre un a priori  . Aussi bien, le caractère paradigmatique de la science mathématique de la nature ne consiste-t-il pas non plus dans son exactitude spécifique et son caractère obligatoire pour « tous », mais dans le fait que l’étant thématique y est découvert comme de l’étant peut être seulement découvert : dans le projet préalable de sa constitution d’être. Avec l’élaboration conceptuelle fondamentale de la compréhension directrice d’être se déterminent les fils conducteurs des méthodes, la structure de la conceptualité, la possibilité spécifique de vérité et de certitude, le type de fondation et de preuve, le mode d’obligation et [363] le type de communication. Le tout de ces moments constitue le concept existential plein de la science.

Le projet scientifique de l’étant qui fait à chaque fois déjà encontre d’une manière ou d’une autre fait comprendre son mode d’être expressément, et cela de telle sorte que du même coup deviennent manifestes les voies possibles conduisant à la pure découverte de l’étant intramondain. Le tout de ce projeter, auquel appartiennent l’articulation de la compréhension d’être, la délimitation - guidée par elle - du domaine réal et la pré-esquisse de la conceptualité adéquate à l’étant, nous le nommons la thématisation. Elle vise à une libération de l’étant rencontré à l’intérieur du monde permettant à celui-ci de s’« ob-jeter » à un pur découvrir, c’est-à-dire de devenir objet. La thématisation objective. Elle ne « pose » pas tout d’abord l’étant, mais le libère de telle manière qu’il devient « objectivement » interrogeable et déterminable. L’être objectivant auprès du sous-la-main intramondain a le caractère d’une présentification privilégiée [9]. Celle-ci se distingue avant tout du présent de la circon-spection en ceci que la découverte de la science concernée est uniquement attentive à l’être-découvert du sous-la-main. Ce s’attendre à l’être-découvert se fonde existentiellement en une résolution du Dasein par laquelle il se projette vers le pouvoir-être dans la « vérité ». Ce projet est possible parce que l’être-dans-la-vérité constitue une détermination d’existence du Dasein. Nous n’avons pas à poursuivre ici plus avant l’origine de la science à partir de l’existence authentique. Tout ce qu’il convient actuellement de comprendre, c’est que, et comment la thématisation de l’étant intramondain a pour présupposition la constitution fondamentale du Dasein, l’être-au-monde.

Pour que devienne possible la thématisation du sous-la-main, le projet scientifique de la nature, le Dasein doit nécessairement transcender l’étant thématisé. La transcendance ne consiste pas dans l’objectivation, c’est celle-ci qui présuppose celle-là. Mais si la [364] thématisation du sous-la-main intramondain est un virage de la préoccupation circon-spectivement découvrante, alors il faut qu’une transcendance du Dasein se trouve déjà au fondement de l’être « pratique » auprès de l’à-portée-de-la-main.

Si en outre la thématisation modifie et articule la compréhension d’être, alors l’étant thématisant, le Dasein doit déjà, pour autant qu’il existe, comprendre quelque chose comme de l’être. Le comprendre de l’être peut rester neutre, être-à-portée-de-la-main et être-sous-la-main sont alors encore indistincts, et ils sont encore moins conçus ontologiquement. Mais pour que le Dasein puisse avoir l’usage d’un complexe d’outils, il doit comprendre, bien que non thématiquement, quelque chose comme la tournure : il faut qu’un monde lui soit ouvert. Le monde est ouvert avec l’existence factice du Dasein, si tant est que cet étant existe essentiellement comme être-au-monde. Et si enfin l’être du Dasein se fonde dans la temporalité, alors il faut que ce soit celle-ci qui possibilise l’être-au-monde et ainsi la transcendance du Dasein, laquelle, de son côté, supporte l’être préoccupé - théorique ou pratique - auprès de l’étant intramondain.


Ver online : Sein und Zeit (1927), ed. Friedrich-Wilhelm von Herrmann, 1977, XIV, 586p. Revised 2018 [GA2]


[5Cf. supra, §44, p. [212] sq.

[6Cf. supra, §7, p. [27] sq.

[7KANT, Kr. der reinen Vernunft, B 33.

[8Cf. supra, §32, p. 151.

[9La thèse selon laquelle toute connaissance tend à l’« intuition » a le sens temporel suivant : tout connaître est présentifier. Toute science, ou même toute connaissance philosophique tend-elle à un présentifier ? La question doit demeurer encore indécise. - HUSSERL utilise l’expression « présentifier » pour caractériser la perception sensible : cf. Recherches logiques, 1ère éd., 1901, t. II, p. 588 et 620. Une telle détermination « temporelle » du phénomène ne pouvait pas ne pas s’imposer à l’analyse intentionnelle de la perception et de l’intuition. Que et comment l’intentionnalité de la « conscience » se fonde sinon à son tour dans la temporalité ekstatique du Dasein, c’est ce que montrera notre prochaine section.