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Ciocan (2014) – existenciais

quinta-feira 22 de fevereiro de 2024, por Cardoso de Castro

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[…] podemos colocar-nos a seguinte questão: se todas as estruturas envolvidas pela analítica existencial (com exceção daquelas que têm um significado "categorial" óbvio) são "existenciais" num sentido adjetival, serão também todas elas "existenciais" (num sentido nominal)? Se recorrermos rigorosamente às ocorrências textuais, descobrimos que Heidegger concede explicitamente o estatuto de Existenzial   apenas às seguintes estruturas do Dasein  : ser-em (In-Sein  ), ser junto (Sein bei  ), mundanidade (Weltlichkeit  ), ocupação (Besorgen  ), dis-tanciamento (Entfernung  ), arrumar (Einräumen  ), solicitude (Fürsorge), o impessoal (das Man  ), disposição (Befindlichkeit  ), compreensão (Verstehen  ), possibilidade (Möglichkeit  ), projeto (Entwurf  ), sentido (Sinn  ), discurso (Rede  ), verdade (Wahrheit  ), fim (Ende  ) e totalidade (Ganzheit  ). Verificamos, assim, que apenas certos elementos constitutivos do Dasein — e não são muitos, nem são os mais "importantes" — são explicitamente determinados como Existenzial. O que se pode dizer sobre as outras estruturas ou momentos constitutivos do Dasein, que não são explicitamente determinados como existenciais? Vários conceitos fundamentais — tais como In-der-Welt-sein  , Räumlichkeit, Mitsein  , Selbst  (sein), das Da  , Sorge, Existenz  , Faktizität  , Verfallen  , Geworfenheit  , Erschlossenheit   — ou conceitos secundários — tais como Unheimlichkeit  , Öffentlichkeit  , Seinkönnen  , Jemeinigkeit  , Alltäglichkeit  , Durchschnittlichkeit  , Eigentlichkeit  , Uneigentlichkeit — não são explicitamente determinados pelo conceito de Existenzial, embora estejam todos envolvidos na descrição ontológica do Dasein.

original

Remarquons d’abord que, dans la mesure où la démarche heideggérienne est déterminée par l’idée de l’existence, nous avons affaire à un ample usage adjectival du terme « existential » (existenzial). [1] Presque tout ce que contient Être et temps   porte la marque de l’orientation sur l’existentialité de l’existence (SZ, 13, 43) et c’est la raison pour laquelle presque tout peut recevoir ici l’appellatif adjectival d’existential. En revanche, par le terme d’Existenzial, dans le sens nominal, Heidegger vise une série de structures constitutives de l’être du Dasein : un existential est une structure fondamentale de la constitution de l’être du Dasein. L’ontologie   fondamentale a ainsi la tâche de clarifier conceptuellement l’articulation des existentiaux dans le cadre de la constitution de l’être du Dasein, c’est-à-dire l’existentialité de l’existence.

Arrivés à ce point, nous pouvons nous poser la question suivante : si toutes les structures engagées par l’analytique existentiale (à l’exception de celles qui ont une évidente signification « catégoriale » [2]) sont « existentiales » en un sens adjectival, sont-elles aussi toutes des « existentiaux » (en un sens nominal) ? Si nous faisons rigoureusement appel aux occurrences textuelles, nous découvrons que [22] Heidegger accorde explicitement le statut d’Existenzial aux seules structures suivantes du Dasein : l’être-à (In-Sein), [3] l’être auprès (Sein bei), [4] la mondanéité (Weltlichkeit), [5] la préoccupation (Besorgen), [6] l’é-loignement (Entfernung), [7] l’aménagement (Einräumen), [8] la sollicitude (Fürsorge), [9] le on (das Man), [10] l’affection (Befindlichkeit), [11] le comprendre (Verstehen), [12] la possibilité (Möglichkeit), [13] le projet (Entwurf), [14] le sens (Sinn), [15] le parler (Rede), [16] la vérité (Wahrheit), [17] la fin (Ende) et la totalité (Ganzheit) [18] Nous remarquons ainsi que seuls certains éléments constitutifs du Dasein — ils ne sont pas très nombreux et il ne s’agit pas non plus des plus « importants » — sont déterminés explicitement comme Existenzial. Que peut-on dire des autres structures ou moments constitutifs du Dasein, qui ne sont pas explicitement déterminés comme existentiaux? Plusieurs concepts fondamentaux — tels In-der-Welt-sein, Räumlichkeit, Mitsein, Selbst(sein), das Da, Sorge, Existenz, Faktizität, Verfallen, Geworfenheit, Erschlossenheit — ou secondaires — tels Unheimlichkeit, Öffentlichkeit, Seinkönnen, Jemeinigkeit, [23] Alltäglichkeit, Durchschnittlichkeit, Eigentlichkeit, Uneigentlichkeit — ne sont pas déterminés explicitement par le concept d’Existenzial, bien qu’ils soient tous impliqués dans la description ontologique du Dasein.

Pouvons-nous avancer que tous les concepts engagés dans l’analyse de la constitution de l’être, sont implicitement des existentiaux, même si Heidegger ne les déterminent pas explicitement comme tels ? Si nous acceptons cette hypothèse, n’est-il pas aussi vrai que tout concept d’Être et tempsi aussi locale que soit son intervention (par exemple : Auslegung  , Aussage  , Umsicht  , Rücksicht, Umwillen  , Stimmung  , Ausrichtung  , Sprache  , Hören  , Schweigen  , Mitteilung, Vorhabe  , Vorgriff  , Vorsicht, Vor-Struktur  , Als-Struktur  , Abständigkeit  ) est automatiquement un « existential » ? Et s’il est vrai que tout concept impliqué dans la description de l’être du Dasein est « un » existential, ce concept d’Existenzial ne perd-il — par un usage excessif et indistinct — son sens et sa rigueur [19] ? Notre problème se complique si nous passons à la deuxième section d’Être et temps : si les structures déployées ici —l’être pour la mort, la conscience, la résolution, l’historicité — ne sont pas des existentiaux, sous quel titre pouvons nous les comprendre ? [20]

Quant à notre sujet, Heidegger affirme explicitement qu’il entreprend une « analyse existentiale de la mort » (SZ; 237), une « interprétation existentiale de la mort » (SZ, 247) afin d’obtenir un « concept existential de la mort » (SZ, 237). Il s’efforce également d’élaborer « un projet existential de l’être pour la mort authentique » (ibid.). Plus encore, la mort est déterminée comme « phénomène existential » (SZ, 240). Mais nulle part nous ne trouvons l’affirmation explicite que « la mort » en tant que telle ou « l’être pour la mort » est un Existenzial, comme les exégètes l’indiquent parfois. [21] Car, si la mort est « une guise d’être que le Dasein assume dès qu’il est [eine Weise   zu sein, die das Dasein übernimmt, sobald es ist] » (SZ, 245), si elle est « une possibilité d’être que le Dasein a lui-même à chaque fois à assumer [eine Seinsmöglichkeit, die je das Dasein selbst zu übernehmen   hat] » (SZ, 250), elle relève de la vie concrète du Dasein, du niveau existentiel de son existence. Il est évident que cela ne contredit pas la tâche d’articuler la structure existentiale d’un tel être existentiel. Ou, avec les mots de Heidegger : « […] la mort n’est selon la [24] mesure du Dasein que dans un être pour la mort existentiel. La structure existentiale de cet être se révèle comme la constitution ontologique du pouvoir-être-tout du Dasein. » (SZ, 234)

Revenons enfin à notre question : qu’est-ce donc qu’un existential [22] ? Si nous réservons le statut d’Existenzial aux concepts pour lesquels nous avons des évidences textuelles, nous devons nous demander : qu’est-ce qui fait qu’un existential est ce qu’il est ? Qu’est-ce que la « différence spécifique » qui sépare un existential d’une structure qui, appartenant au Dasein (donc n’étant pas une catégorie), n’est pourtant pas un existential ?


Ver online : Cristian Ciocan


CIOCAN, Cristian. Heidegger et le problème de la mort: existentialité, authenticité, temporalité. Dordrecht: Springer, 2014


[1Ainsi, nous trouvons à chaque pas des syntagmes tels que: analytique existentiale, analyse existentiale, interprétation existentiale, clarification existentiale, question existentiale, questionnement existential, recherche existentiale, considération existentiale, caractère existential, détermination existentiale, déterminité existentiale, délimitation existentiale, constitution existentiale, structure existentiale, constituant existential, constitutif existential, origine existentiale, genèse exis-tentiale, modalité existentiale, mode existential, guise existentiale, manière existentiale, concrétion existentiale, signification existentiale, sens existential, proposition existentiale, énoncé existential, être existential, réalité existentiale, modification existentiale, phénomène existential, fondement existential, identité existentiale, possibilité existentiale, condition existentiale, spatialité existentiale, concept existential, conceptualité existentiale, usage existential, formule existentiale, projet existential, édifice existential, construction existentiale, positivité existentiale, connexion existentiale, présupposition existentiale, fonction existentiale, nullité existentiale, anthropologie existentiale, etc.

[2Pour la difference entre Existenzial et Kategorie, voir les remarques qui se trouvent a la fin de ce chapitre, dans la section « Les caractéristiques des existentiaux ».

[3SZ, 54 : « In-Sein dagegen meint eine Seinsverfassung des Daseins und ist ein Existenzial » ; cf. aussi SZ, 56 : « Zunächst gilt es nur, den ontologischen Unterschied zwischen dem In-Sein als Existenzial und der “Inwendigkeit” von Vorhandenem untereinander als Kategorie zu sehen ». Cf. aussi SZ, 54 : « Sein als Infinitiv des “ich bin”, d. h. als Existenzial verstanden, bedeutet wohnen bei…, vertraut sein mit… »

[4SZ, 54 : « Das “Sein bei” der Welt […] ist ein im In-Sein fundiertes Existenzial » ; SZ, 55 : « Das “Sein bei” der Welt als Existenzial. »

[5SZ, 64 : « Weltlichkeit ist demnach selbst ein Existenzial. »

[6SZ, 51 : « […] wird der Ausdruck «Besorgen» in der vorliegenden Untersuchung als ontologischer Terminus (Existenzial) gebraucht als Bezeichnung des Seins eines möglichen In-der-Welt-seins. »

[7SZ, 105 : « Entfernung dagegen muß als Existenzial festgehalten werden. »

[8SZ, 111 : « […] weil zu seinem In-der-Welt-sein das Einräumen — als Existenzial verstanden —gehört. »

[9SZ, 121 : « Diesen Ausdruck [Fürsorge n.n.] verstehen wir [.] als Terminus für ein Existenzial. »

[10SZ, 129 : « Das Man ist ein Existenzial und gehört als ursprüngliches Phänomen zur positiven Verfassung des Daseins. »

[11SZ, 134 : « Vor aller Psychologie der Stimmungen, die zudem noch völlig brach liegt, gilt es, dieses Phänomen [Befindlichkeit n.n.] als fundamentales Existenzial zu sehen und in seiner Struktur zu umreißen. »

[12SZ, 143 : « Wenn wir dieses [Verstehen, n.n.] als fundamentales Existenzial interpretieren, dann zeigt sich damit an, daß dieses Phänomen als Grundmodus des Seins des Daseins begriffen wird. [.] Verstehen als Existenzial […]. »

[13SZ, 143-144 : « Die Möglichkeit als Existenzial dagegen ist die ursprünglichste und letzte positive ontologische Bestimmtheit des Daseins. »

[14SZ, 145 : « das Existenzial des Entwurfs. »

[15SZ, 151 : « Sinn ist ein Existenzial des Daseins. »

[16SZ, 165 : « Nimmt man dagegen dieses Phänomen [Rede] in der grundsätzlichen Ursprünglichkeit und Weite eines Existenzials […]. »

[17SZ, 226 : « Der Titel [Wahrheit n.n.] bedeutet ein Existenzial. »

[18SZ, 242 : « Damit verfestigt sich das Verständnis für Ende und Ganzheit in der Abwandlung als Existenzialien, was die Möglichkeit einer ontologischen Interpretation des Todes verbürgt. »

[19Ainsi, nous ne pouvons pas admettre, sans une investigation préalable, l’opinion de John Richardson qui affirme que « “existentiale” [Existenzial] is applied quite generally to any constituent of our Being (so including not only understanding, but also the other three aspects of Being-in) —and is contrasted with “category” [Kategorie], which refers to any aspect of the Being of entities other than ourselves. » (Richardson 1986, 29) Voir aussi Greisch 1993, 115-116.

[20Il est peut-être important de noter également que le terme d’Existenzial comme tel a été repris dans la philosophie contemporaine. Par exemple, Eugen Fink a analysé une série de phénomènes fondamentaux du Dasein (Tod, Arbeit, Herrschaft, Liebe, Spiel) sous le titre d’Existenzialien et Co-Existenzialien (Fink 1979). Voir aussi Böhmer 2002 : 76, note 208) qui parle de l’éducation en tant qu’existential (Erziehung als Existenzial), déterminant toutefois la différence entre l’usage heideggérien du terme Existenzial et sareprise par Fink. Il faut remarquer aussi l’usage théologique d’un übernatürliches Existenzial (opposé à un natürliches Existenzial) chez Karl Rahner. Pour des clarifications supplémentaires sur ce concept, voir Zaiser 2004 et Wandinger 2003, 50 sq.

[21Voir, par exemple, Demske 1963, 31-33 et 112-113 « der Tod als Existenzial », ou das Sterblichsein als Existenzial (164-165) ; Greisch 2000, 258 (l’existential de l’« être-pour-la-mort ») ; Lohner 1997, 119-162, chapitre C. II, « Endlichkeit als Existential (sic !) » ; Caron 2005,900.

[22La même question est posée aussi par Kwan 1995, 269 sq. L’auteur considère toutefois que « Heidegger designates all the explicable characteristics of human existence as existentialia » (p. 270) et que même les ekstases sont « a special group of existentialia » ou « a special order of existentialia » (ibid.).