Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Beaufret (1992:22-24) – subjetividade (Subjektivität)

segunda-feira 19 de junho de 2023

No fundo, o homem dos Tempos Modernos é o homem “ego  -cogitativo” de Descartes  . E é o que pode dizer a palavra “subjetividade” tal qual será empregada bem mais tarde. Pois evidentemente não se encontra ainda em Descartes mas se encontra desde Kant  . Esta palavra será levada ao ápice de uma instituição pelos filósofos que se inspirarão de Kant, a saber Schelling  , Hegel  ; é a mesma subjetividade que está na base, dirá Heidegger, da filosofia de Nietzsche  . Toda a filosofia moderna é a filosofia da subjetividade cuja fenomenologia de Husserl   é um dos mais belos floreios.*


— Descartes dans la Seconde Méditation examine un étant, le morceau de cire. Que dit Descartes ?
Descartes lui dit : « Tu n’es pas une autre chose que me cogitante (moi pensant) tandis que je t’égocogite ! »

— C’est un point de vue qui aurait été incompréhensible pour les Grecs ?

Incompréhensible ! Inadmissible, stupéfiant ! Les Grecs voyaient les choses en liberté dans l’ouvert. Descartes voit les choses dans la mesure où il les attire dans le réseau de ce qu’il nomme cogitatio  . A ce moment-là, elles ne prennent que la nature que lui permet ce qu’il nomme intuitus : le coup d’œil qu’il jette sur elles et qui les réduit, comme il dit. Le fait que le mot réduire soit employé à plusieurs reprises par Descartes, par exemple : je n’examinerai une question de physique que l’ayant réduite aux lois des mathématiques, dit-il… est tout à fait étranger à Platon  . Les Grecs ne sont pas des réducteurs, ils seraient plutôt des gens qui essaient de se dilater jusqu’où il y a des choses — le contraire même de la réduction.

Mais la question qui se pose est de savoir pourquoi. Que vient [23] faire cet « ego cogito » qui prend la première place et joue le premier rôle dans la philosophie   de Descartes ?

La question, à ce moment-là, consiste à se demander si la dimension dans laquelle les Grecs éprouvaient la présence des choses, leur poids, leur dimension propre, n’est pas quelque chose qui a disparu. Platon parle quelque part de ce qu’il appelle : ἔξοδος   τῆς ἐπιστημῆς « l’exode d’épistêmê ». Mais qu’est-ce qu’ἐπιστημή ? Dans son fond ἐπιστημή, c’est ἀλήθεια  . On traduit alêthéia par « vérité»; il ne s’agit pas tant de vérité que de ce que dit le mot ἀλήθεια lui-même, à savoir présence à découvert de quelque chose. Les Grecs sont là où la chose leur est présente à découvert, aucune réduction n’en est possible. Ce sont eux plutôt qui sont réduits par l’énergie d’apparition qui est celle de la chose; ils sont admiratifs par rapport à ce phénomène, comme ils disent, originaire qui les émerveille de toutes parts ; tandis qu’un cartésien jette un regard « ego-cogitatif » sur la chose qui lui est devenue objet. Mais s’il en est réduit à ce regard « cogitatif », n’est-ce pas à cause du départ, comme dit Platon, de l’alêthéia elle-même, c’est-à-dire de la dimension dans laquelle les Grecs pouvaient éprouver les choses à découvert ? Au fond, l’homme des Temps modernes est l’homme « ego-cogitatif » de Descartes. Et c’est ce que peut dire le mot de « subjectivité » tel qu’il sera employé assez tardivement. Car évidemment on ne le trouve pas encore chez Descartes mais on le trouve dès Kant. Ce mot sera même porté à la hauteur d’une institution par les philosophes qui s’inspireront de Kant, à savoir Schelling, Hegel; c’est la même subjectivité qui est à la base, dira Heidegger, de la philosophie de Nietzsche. Toute la philosophie moderne est la philosophie de la subjectivité dont la phénoménologie de Husserl est l’un des plus beaux fleurons.

— Cette attitude sera à l’origine de ce que Heidegger appelle le « projet mathématique de la nature » qui institue les Temps modernes…

Mais bien sur, car rien n’est plus en accord avec cette manière qu’a l’homme moderne de toiser la chose, que son interprétation mathématique. Qu’y a-t-il de plus satisfaisant du point de vue « ego-cogitatif » [24] que de dire que la seule chose à savoir par rapport à quelque chose, c’est de répondre à son sujet à la question « de combien ? ».

Ver online : Jean Beaufret