Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Allemann: La poésie comme document pré-ontologique

terça-feira 30 de maio de 2017

Être et Temps   renvoie, en liaison avec l’explication du Souci comme structure fondamentale du Dasein  , à la Fable d’Hygin, Cura cum fluvium transir et…, en tant que document littéraire pour l’analyse correspondante. Heidegger lui consacre un paragraphe entier qu’il intitule Uêpreuve de l’interprétation existentiale du Dasein comme Souci, à l’aide de l’ex-plication spontanée pré-ontologique du Dasein (SZ, 196). Mais Heidegger n’entre pas plus avant dans la question pourtant extrêmement importante de la relation entre poésie et Dasein. Par contre, il note expressément : Si le Dasein est « historial » dans le fondement de son être, toute énonciation qui provient de son Histoire et retourne à elle, et qui, en outre, est antérieure à toute science, reçoit un poids particulier, à la vérité jamais purement ontologique (SZ, 197). L’énonciation dit quelque chose au sujet du Dasein lui-même, elle est ex-plication (Auslegung  ) spontanée du Dasein. La structure ontologique du Dasein est l’être-au-monde. S’il s’ex-plique lui-même, le Dasein dit nécessairement en même temps quelque chose sur l’être-au, comme sur le Monde. Ces structures sont comprises dans le Souci pensé ontologiquement. Bien sûr, l’interprétation ontologique existentiale peut paraître étrange, et surtout lorsque le « Souci » est compris seulement de façon ontique comme « préoccupation » et « souci mutuel » (SZ, 197). Quant à la fable d’Hygin, Être et Temps présuppose qu’elle pense le Souci non de façon ontique, mais pré-ontologiquement, c’est-à-dire non pas selon l’ontologie   fondamentale, mais déjà avec l’entente particulière de l’être qui appartient au Dasein. Ainsi la fable ne tombe pas complètement au niveau de l’estimation ontique du Souci comme préoccupation et tourment.

Qu’est-ce qui autorise à admettre cette interprétation ? Heidegger attribue à cette fable un poids particulier, parce qu’elle provient de l’Histoire du Dasein. Mais que vient faire ici ce concept non encore clarifié dans Être et Temps ? Le fait historique que le motif du Souci ait été transmis sous maintes formes pour être transformé à son tour poétiquement, qu’il possède donc une tradition   (ontique), ne prouve rien quant à son aptitude à corroborer des découvertes ontologiques. Cette aptitude s’explique bien plutôt uniquement par l’importance ontologique de la structure même du Souci; cette importance fait présumer qu’à l’intérieur du concept ontique de souci, déjà, percent les structures fondamentales du Dasein (SZ, 199). Afin de saisir dans toute son ampleur ce qui est déjà pensé ontique-ment dans le mot de Souci, Heidegger passe en revue la succession des significations du mot cura (SZ, 199). Mais même dans ce cas, il faut d’abord montrer par l’analyse ontologique existentiale que c’est la structure ontologique curiale du Dasein qui, seule, rend possible que quelque chose puisse être assigné comme Souci. Est-ce le concept ontique de souci qui laisse percer les structures ontologiques ? N’est-ce pas plutôt la perspicacité ontologique qui découvre de telles structures même dans le concept ontique ?

Sous cette forme alternative la question est sûrement mal posée, parce qu’elle oublie que toute entente ontique renvoie par avance à une entente de l’être pré-ontologique qui est son fondement. L’étant comme tel n’est visible que dans l’éclaircie de l’être. Il n’y a pas de concept ontique sans entente préalable de l’être, de quelque manière que ce soit. L’ontologie fondamentale veut uniquement radicaliser cette entente de l’être (SZ, 15).

Dans le domaine de cette tâche, rien ne se laisse plus démontrer. C’est ainsi que le fait de citer la fable du Souci n’a pas pour but de démontrer la justesse de l’analyse existentiale. Il s’agit plutôt d’ôter à cette analyse ce qu’elle pourrait avoir d’étrange à première vue, et d’en faciliter l’abord. Mais que ce témoignage soit de nature poétique est, à ce moment encore, sans aucune importance. Il s’agit uniquement de V ex-plication spontanée du Dasein qui s’énonce dans ce texte. Dans tout Être et Temps, il n’y a pas la moindre allusion au fait que le poétique pourrait être particulièrement approprié à une telle ex-plication. La poésie est rangée, dans sa relation à l’ex-pli-cation du Dasein, avec la psychologie   philosophique, l’anthropologie  , l’éthique, la « politique », la biologie   et l’historiographie (SZ, 16). Chacune de ces matières eût pu apporter un témoignage, au même titre que la fable du Souci. C’est ce que veut dire Heidegger lorsqu’il qualifie la fable de document pré-ontologique (SZ, 197, Remarque 1). Si donc la poésie gagne, au moins à l’intérieur de l’analyse existentiale, une certaine signification en tant qu’expression spontanée du Dasein (SZ, 162), il faut toutefois bien souligner que, chez Heidegger, le concept d’existence ne possède pas de caractéristiques dérivées, par exemple, de la psychologie de l’artiste en tant que « créateur », comme c’est le cas pour certains concepts centraux (Vie, Evolution créatrice) dans la pensée de Dilthey   ou de Bergson  . La disposibilité (Befindlichkeit  ), l’entente, en tant que manières d’être constitutives du Dasein, le dévalement (Verfallen  ) sont d’abord essentiellement indépendants du phénomène du Dasein artistique. Ils ne l’excluent assurément pas, mais ne vont pas non plus à sa rencontre.

Malgré l’absence essentielle de rapport entre Être et Temps et le phénomène de la poésie en tant que tel (et non plus seulement en tant que document pré-ontologique), rien ne s’oppose apparemment à la mise en valeur des résultats de l’analyse existentiale, en vue d’une théorie de la poésie. Mais, de prime abord, il faut bien voir qu’en mettant à profit les résultats des recherches de Heidegger, la critique littéraire ne tiendrait pas compte du caractère provisoire de l’analyse fondamentale, et, par là même, négligerait l’intention   propre de Être et Temps. Qu’une critique littéraire existentialiste se réclame de Heidegger, cela n’est possible qu’à la faveur d’un malentendu anthropologique. Sans pénétrer ici dans cet ensemble de questions, il est important, pour la suite de notre travail, de ne pas déjà masquer l’essentiel, dans la rencontre de Heidegger avec Hölderlin  , par des partis-pris critiques qui, se réclamant de Heidegger, ne parviennent pourtant même pas jusqu’au domaine de son questionnement. Des concepts comme ceux d’existence, de tonalité affective, de Dasein, de monde, détachés du contexte de la question de l’être, ne peuvent aucunement, bien que cela semble facile terminologiquement, fonder la poésie, au sens du mot chez le dernier Heidegger. (Beda Allemann  , Hölderlin et Heidegger)


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