Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

Página inicial > Léxico Alemão > Mattéi (2001:65-68) – a dobra (Zwiefalt) do ser e do ente

Mattéi (2001:65-68) – a dobra (Zwiefalt) do ser e do ente

quarta-feira 10 de janeiro de 2024

destaque

[…] O ser e o ente participam um do outro, todo ente derivando seu ser do Ser e o Ser desdobrando-se através de todo o ente, no seio de uma Duplicidade original, que sempre encobre, na medida em que se dobra sobre a sua dualidade, a unidade que o constitui como tal, isto é, a Simplicidade. Moira   desenvolve todos os matizes da Dobra do ser e do ente, da Presença e da Coisa Presente, da Dobra e do Desdobramento, que Parmênides  , na aurora da metafísica, previu sem nunca pensar a Dobra na sua inicialidade apesar da articulação do eon   emmenai, do ente/ser. Como pensar uma tal Dobra, ou a Redobra do ser sobre o ente e do ente sobre o ser, sem voltar à Partilha originária de tudo o que acontece?

original

[…] Il faut entendre une telle duplicité [de l’être et de l’étant] en son sens propre, et double : elle est d’abord le Pli de l’être et de l’étant qui sont dès l’origine rabattus l’un sur l’autre dans une inséparable unité ; mais elle est en même temps, et Heidegger retrouve ici Aristote  , la duplication de ce Pli en un croisement quadruple où vient s’inscrire la métaphysique. Les notations des années 1936 à 1946, intitulées Dépassement de la métaphysique, mentionnent une première fois, de façon discrète, le « Pli de l’être et de l’étant », Zwiefalt  , dont le surgissement demeure inaccessible à la métaphysique [87] . C’est le texte de 1952, Moira, consacré pour sa plus grande part au commentaire du fragment VIII de Parménide (v. 34-41), qui présente les plus riches variations sur le Pli de l’eon, dans l’ambiguïté verbale (l’acte d’être : einai) et nominale (ce qui est, en tant qu’étant : to eon) du participe grec [88] .

En s’interrogeant sur le mode impersonnel du « participe », qui joue entre les deux pôles du substantif et du verbe, le cours Qu’appelle-t-on penser ? rappelle que cette distinction n’a pas été établie par la grammaire, mais par la philosophie  , dans le Sophiste de Platon  . La participation d’une chose à une autre, methexis  , s’exprime par le participe, metoche, qui laisse entendre une duplicité initiale de la langue. Heidegger ramène la duplicité de sens de tous les participes – « fleurissant » est à la fois l’acte de fleurir et la floraison que nous appréhendons dans la fleur elle-même – à la duplicité fondamentale de l’eon, de l’étant/être qui rassemble en lui toutes les formes de participation. L’être et l’étant participent l’un à l’autre, tout étant tirant son être de l’Être et l’Être se déployant à travers tout étant, au sein   d’une Duplicité originelle, laquelle voile toujours, en tant qu’elle se rabat sur sa dualité, l’unité qui la constitue comme telle, c’est-à-dire la Simplicité [89] . Moira développe toutes les nuances du Pli de l’être et de l’étant, de la Présence et de la Chose présente, du Pli et du Dépliement, que Parménide, à l’aube de la métaphysique, a pressenti sans jamais penser le Pli dans son initialité en dépit de l’articulation de l’eon emmenai, de l’étant/être. Comment penser un tel Pli, ou Repli de l’être sur l’étant et de l’étant sur l’être sans revenir au Partage originel de tout ce qui advient ? Nommée au vers 37 du fragment VIII de Parménide, moira, la Moire qui accorde le partage du Destin, impose à l’étant/être cet enchaînement à lui-même qui le laisse tout entier immobile [90] . Aussi Heidegger pourra-t-il risquer, en une langue qui n’est plus métaphysique, que « l’histoire est la Dispensation [le Destin] du Pli (des Geschick   der Zwiefalt) » [91] , laquelle, en sa retenue initiale, ne laisse jamais apparaître sa constitution à partir du Simple et échappe à toute résolution dans une ex-pli-cation.

À dire vrai, le Pli, Zwiefalt, se dérobe de façon double en occultant aussi bien l’origine de sa duplicité, ou son surgissement unique, il faudrait dire sa Pliure, que sa répétition en un double Pli, c’est-à-dire sa Quadrature. Or, c’est bien ce redoublement du Pli qui est l’intuition majeure de Heidegger, dans sa paradoxale tension avec l’unité du Simple, das Einfache, qui échappe aux prises de la Duplicité dont il est la source. Le Pli de l’être et de l’étant est pensé par Heidegger, telle serait son image médiatrice au sens de Bergson  , comme une perpétuelle itération qui se croise sur elle-même. En ce sens, le Pli est double comme est double, à son tour, la duplication de la métaphysique : le Pli initial de l’être et de l’étant engendre, au cœur même de l’étant, cette double pliure qui couvre le champ quadripartite de la causalité métaphysique. Si nous projetons ce pli de l’eon sur une surface, afin d’en prendre la mesure visuelle comme le fera Heidegger dans certains textes, nous le verrons plus bas, nous obtenons un double croisement des plis, c’est-à-dire la figure d’une croix. Elle indique naturellement, avec le recoupement des deux plis, les quatre directions de la métaphysique selon Heidegger. La question directrice d’Aristote, ti to on  , est comprise ici comme une quadruple question qui est posée, non par le penseur lui-même, mais par le Partage de l’être ou, dans la langue du mythe, la Moire. L’étant est, depuis toujours, destiné à se présenter sous la forme quadruple de la causalité. Son partage formel est, d’entrée de jeu, le Quatre, à partir de la figure cruciforme des deux plis

[MATTÉI, Jean-François. Heidegger et Hölderlin  . Le Quadriparti  . Paris: PUF, 2001]


Ver online : Jean-François Mattéi