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Biemel (1987:88-90) – ôntico e ontológico [ontisch-ontologische]

quarta-feira 20 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

[…] Antes de mais, porém, gostaríamos de fazer um comentário à crítica de Sartre   a Heidegger em O Ser e o Nada [1943, p. 302 ss]. Sartre afirma que Heidegger não pode passar do plano ontológico para o plano ôntico (concreto). Esta objeção deriva de um mal-entendido sobre o significado que Heidegger dá ao termo "ontológico". O plano ontológico não é de modo algum um plano completamente separado do ôntico, é o plano que inclui as estruturas essenciais do real concreto (ôntico) (uma palavra que Heidegger evita cuidadosamente, além disso, porque evoca imediatamente o seu oposto, o abstrato, e esta oposição parece-lhe arbitrária e falsa). […]

Na busca ontológica da existência, tentamos tornar manifesto o que determina a existência ôntica (concreta). As estruturas fundamentais do Dasein  , por exemplo, não são estruturas abstratas, inventadas, construídas, mas elementos que se encontram necessariamente em cada Dasein concreto. Se quisermos contestar a validade da análise heideggeriana   do Dasein, não o podemos fazer declarando impossível a passagem do plano ontológico ao plano ôntico: de fato, Heidegger parte do ôntico, e o ontológico não é mais do que uma explicação do que está envolvido no ôntico, ou seja, da raiz da sua possibilidade. Teríamos, portanto, de provar que o elemento apresentado como estrutura fundamental não o é. Sartre faz do ontológico e do ôntico dois planos separados, de acordo com a metafísica tradicional, que separa o sensível do suprassensível, o "Diesseits" do "Jenseits"; ele ignora a intenção de Heidegger de ir além da metafísica tradicional e abandonar as suas separações e demarcações. É, portanto, em nossa opinião  , um erro dizer que o plano ontológico é um plano abstrato. Esta distinção perde aqui todo o sentido, uma vez que o ontológico é precisamente o que torna possível o "concreto", não podendo, por isso, ser-lhe oposto. Seria também uma má interpretação do pensamento de Heidegger reduzi-lo a Kant   e à sua problemática do a priori  .

original

[…] Qu’il nous soit cependant permis, auparavant, une remarque à propos de la critique adressée par Sartre à Heidegger dans L’Être et le Néant [1943, p. 302 sqq.]. Sartre affirme que Heidegger ne peut pas passer du plan ontologique au plan ontique (concret). Cette objection provient d’une méprise sur le sens accordé par Heidegger au terme « ontologique ». Le plan ontologique n’est nullement un plan tout à fait séparé de l’ontique, c’est le plan qui comprend les structures essentielles du réel (ontique) concret (mot que Heidegger évite d’ailleurs soigneusement, parce qu’il évoque tout de suite son contraire, l’abstrait, et que cette opposition lui paraît arbitraire et fausse). Soit, par exemple, le [89] passage suivant de « Sein und Zeit   » : « Le caractère distinctif, ontique, du Dasein consiste (dans le fait) qu’il est ontologique [1]. » Ce texte devient évidemment tout à fait incompréhensible dès que l’on sépare l’ontique de l’ontologique, au sens où l’on sépare l’immanent du transcendant, le concret de l’abstrait. Ontologique signifie, chez Heidegger : capable de comprendre l’être (είναι  ), aussi bien l’Être comme tel, que l’être des étants, humains et non-humains. Dans la compréhension ontologique d’un être, nous essayons de saisir la structure qui rend possible cet être. Dans la mesure où cette compréhension n’est pas encore explicite, Heidegger la nomme pré-ontologique, afin de la distinguer de la compréhension proprement ontologique, caractéristique de l’ontologie  , où se trouve posée la question du sens de l’Être. Pour distinguer cette ontologie de l’ontologie métaphysique traditionnelle, il l’appelle ontologie fondamentale [2].

Les deux plans — si cette expression est permise — tiennent nécessairement ensemble, l’ontologique n’est ontologique que dans la mesure où il se réfère à une existence ontique (ce que Sartre appelle le concret). C’est ce que Heidegger écrit explicitement : « L’analytique existentiale (à savoir la recherche ontologique de l’être du Dasein) est en fin de compte enracinée dans Y existentiel, c’est-à-dire dans l’ontique [3]. »

[90] Dans la recherche ontologique de l’existence, nous essayons de rendre manifeste ce qui détermine l’existence ontique (concrète). Les structures fondamentales du Dasein, par exemple, ne sont pas des structures abstraites, inventées, construites, mais des éléments qui se retrouvent nécessairement dans chaque Dasein concret. Si nous voulons contester le bien-fondé de l’analyse heideggerienne du Dasein, nous ne pourrons donc le faire en déclarant impossible le passage du plan ontologique au plan ontique : en fait, Heidegger part de l’ontique, et l’ontologique n’est rien d’autre qu’une explication de ce qui est enveloppé dans l’ontique, autrement dit, de la racine de sa possibilité. Il nous faudrait donc prouver que l’élément présenté comme structure fondamentale n’en est pas une. Sartre fait de l’ontologique et de l’ontique deux plans séparés, conformément à la métaphysique traditionnelle qui sépare le sensible du suprasensible, le « Diesseits » du « Jenseits » ; il méconnaît l’intention   heideggerienne de dépasser la métaphysique traditionnelle et d’abandonner ses séparations et ses démarcations. C’est donc à notre avis une erreur de dire que le plan ontologique est un plan abstrait. Cette distinction perd ici tout son sens, puisque l’ontologique est précisément ce qui rend possible le « concret », il ne peut donc lui être opposé. Ce serait également interpréter faussement la pensée de Heidegger que de la ramener à Kant et à sa problématique de l’a priori.


Ver online : Walter Biemel


BIEMEL, Walter. Le concept de monde chez Heidegger. Paris: Vrin, 1987


[1S.u.Z., p. 12 « Die ontische Auszeichnung des Daseins liegt daran, dass es ontologisch ist. »

[2Cf. La remontée au fondement de la métaphysique, Fontaine, t. X, n° 58, p. 896 « Toute métaphysique dit de l’étant ce qu’il est en tant qu’étant. Toute métaphysique, en tant qu’énonciation de l’étant est donc un logos de l’on: ontologie. Mais quand la question vise le fondement de la métaphysique, c’est-à-dire le fondement de toute ontologie, une telle quête qui recherche le fondement de l’ontologie pourrait s’appeler ontologie fondamentale. » Et Rovan ajoute une note très juste : Fundamentalontologie, ontologie des fondements plutôt qu’ontologie fondamentale. Cf. Was ist Metaphysik? 5e éd., pp. 17-18.

[3S.u.Z., p. 13 « Die existenziale Analytik ihrerseits aber ist letztlich existenziell d.h. ontisch verwurzelt. »