Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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temporalité du Dasein

quarta-feira 13 de dezembro de 2023

Si c’est la temporalité qui constitue le sens originaire d’être du Dasein  , et si par ailleurs il y va pour cet étant en son être de cet être même, alors il faut que le souci ait besoin de « temps », et ainsi qu’il compte avec « le temps ». La TEMPORALITÉ DU DASEIN élabore un « compte (comput) du temps ». Le « temps » expérimenté en lui est l’aspect phénoménal prochain de la temporalité. C’est de lui que provient la compréhension quotidienne [alltäglich  ]-vulgaire du temps. Et celle-ci se déploie dans le concept traditionnel du temps. EtreTemps45

Nous assurerons le phénomène originaire de la temporalité en montrant que toutes les structures fondamentales du Dasein jusqu’ici établies sont au fond « temporelles » du point de vue de leur totalité, de leur unité et de leur déploiement possibles, et qu’elles doivent être conçues comme modes de temporalisation de la temporalité. Ainsi s’imposera pour l’analytique existentiale, à partir de la libération de la temporalité, la tâche de répéter l’analyse déjà accomplie du Dasein en interprétant ses structures essentielles en direction de leur temporalité. Quelles sont les directions fondamentales des analyses ainsi exigées ? C’est la temporalité elle-même qui les pré-dessine. Par suite, ce chapitre présentera la division suivante : le pouvoir-être-tout existentiellement authentique du Dasein comme résolution devançante (§62 [EtreTemps62]) ; la situation   herméneutique conquise pour une interprétation du sens d’être du souci et le caractère méthodique de l’analytique existentiale en général (§63 [EtreTemps63]) ; souci et [305] ipséité (§64 [EtreTemps64]) ; la temporalité comme sens ontologique du souci (§65 [EtreTemps65]) ; la TEMPORALITÉ DU DASEIN et les tâches d’une répétition originaire de l’analyse existentiale suscitées par elle (§66 [EtreTemps66]). EtreTemps61

§66 [EtreTemps66]-. La TEMPORALITÉ DU DASEIN et la tâche qu’elle impose d’une répétition plus originaire de l’analyse existentiale. EtreTemps66

L’élaboration de la TEMPORALITÉ DU DASEIN comme quotidienneté [Alltäglichkeit], historialité et intratemporalité ouvre seule un aperçu sans concessions sur les enchevêtrements d’une ontologie   originaire du Dasein. En tant qu’être-au-monde [In-der-Welt-sein  ], le Dasein existe facticement avec et auprès de l’étant rencontré à l’intérieur du monde. Par suite, l’être du Dasein n’obtient sa transparence ontologique totale que dans l’horizon   de l’être - pourvu que celui-ci soit clarifié - de l’étant qui n’est pas à sa mesure, y compris de celui qui, sans être ni à-portée-de-la-main ni sous-la-main, « subsiste » simplement. Seulement, l’interprétation des modifications de l’être de tout ce dont nous disons que c’est a besoin d’une idée préalablement assez éclairée de l’être en général. Tant que celle-ci n’est pas conquise, l’analyse temporelle répétitive du Dasein demeure elle aussi imparfaite et entachée d’obscurités - pour ne point parler en détail de ses difficultés intrinsèques. L’analyse temporalo-existentiale du Dasein, enfin, requiert de son côté une répétition renouvelée dans le cadre de la discussion fondamentale du concept d’être. EtreTemps66

Grâce à la reconduction de l’être-au-monde [In-der-Welt  -sein  ] à l’unité ekstatico-horizontale de la temporalité a été rendue intelligible la possibilité ontologico-existentiale de cette constitution fondamentale du Dasein. En même temps, il apparaît que l’élaboration concrète de la structure du monde en général et de ses possibles modifications ne peut être entreprise que si l’ontologie de l’étant intramondain possible est orientée de façon suffisamment sûre sur une idée clarifiée de l’être en général. Mais l’interprétation possible de cette idée requiert préalablement le dégagement de la TEMPORALITÉ DU DASEIN, au service duquel se trouve notre caractérisation actuelle de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein]. EtreTemps69

Le s’aménager du Dasein est constitué par l’orientation et l’é-loignement [Entfernung  ]. Comment ceux-ci sont-ils existentialement possibles sur la base de la TEMPORALITÉ DU DASEIN ? Il ne nous incombe ici d’indiquer brièvement la fonction fondatrice de la temporalité pour la spatialité du Dasein qu’autant qu’il est nécessaire pour nos élucidations ultérieures de l’« accouplement » de l’espace et du temps. À l’aménagement du Dasein appartient la découverte orientée de quelque chose comme une contrée. Par cette expression, nous visons de prime abord le vers-où de la possible pertinence de l’outil [Zeug  ] à-portée-de-la-main dans le monde ambiant emplaçable. Tandis qu’un outil [Zeug] est trouvé, manié, déplacé, évacué, une contrée est déjà découverte. L’être-au-monde [In-der-Welt-sein] préoccupé est orienté - s’orientant. La pertinence a un rapport essentiel à la tournure [Bewandtnis  ]. Elle se détermine toujours facticement à partir du complexe de tournure [Bewandtnis] de l’étant offert à la préoccupation [Besorgen  ]. Les rapports de tournure [Bewandtnis] ne sont compréhensibles que dans l’horizon du monde ouvert. De même, c’est seulement son caractère d’horizon qui possibilise l’horizon spécifique du vers-où de la pertinence au sein d’une contrée. La découverte s’orientant de la contrée se fonde dans un s’attendre ekstatiquement conservant du vers-là-bas et du vers-ici possible. Le s’aménager, en tant que s’attendre orienté à une contrée, est cooriginairement un rapprocher (é-loigner) d’étant à-portée-de-la-main et sous-la-main. C’est depuis la contrée pré-découverte que la [369] préoccupation [Besorgen], en é-loignant, revient vers le plus proche. L’approchement, ainsi que l’appréciation et la mesure des distances à l’intérieur du sous-la-main intramondain é-loigné, se fondent dans un présentifier qui appartient à l’unité de la temporalité en laquelle également l’orientation est possible. EtreTemps70

Plus encore : le fait que, tout en passant son temps, il tienne au jour le jour compte du « temps » et qu’il règle un tel « calcul » grâce à l’astronomie et au calendrier, n’appartient-il pas tout aussi essentiellement au Dasein existant ? C’est seulement si nous parvenons à intégrer à notre interprétation de la TEMPORALITÉ DU DASEIN son « provenir » quotidien [alltäglich], ainsi que le compte du « temps » dont il se préoccupe en un tel provenir, que notre orientation sera assez ample pour nous permettre d’élever le sens ontologique de la quotidienneté [Alltäglichkeit] comme telle au rang de problème. Toutefois, comme ce n’est rien d’autre, sous le titre de la quotidienneté [Alltäglichkeit], [372] qui est visé que la temporalité elle-même, et que c’est celle-ci qui possibilise l’être du Dasein, la délimitation conceptuelle suffisante de la quotidienneté [Alltäglichkeit] ne pourra s’accomplir que dans le cadre de l’élucidation fondamentale du sens de l’être en général et de ses possibles modifications. EtreTemps71

Néanmoins, le Dasein doit nécessairement être aussi nommé « temporel » au sens de l’être « dans le temps ». Le Dasein factice, même sans théorie historique élaborée, a besoin de et emploie le calendrier et l’horloge. Ce qui advient « de lui », il l’expérimente comme se produisant « dans le temps ». De la même façon, les processus   de la nature inerte et vivante [377] font encontre « dans le temps ». Ils sont intra-temporels. Dès lors il serait tentant de faire précéder l’élucidation de la connexion entre historialité et temporalité par l’analyse - située ici seulement au chapitre suivant [NA: Cf. infra, §80 [EtreTemps80], p. [411] sq.] - de l’origine du « temps » de l’intratemporalité à partir de la temporalité. Toutefois, pour ôter à la caractérisation vulgaire de l’historial à l’aide du temps de l’intratemporalité son « évidence » et son exclusivité apparentes, il convient tout d’abord, ainsi que l’exige également la structure de la chose même, que l’historialité soit « déduite » de manière pure de la temporalité originaire du Dasein. Mais dans la mesure où le temps comme intratemporalité « provient » aussi de la TEMPORALITÉ DU DASEIN, historialité et intratemporalité n’en manifesteront pas moins une cooriginarité. Par suite, l’explicitation vulgaire du caractère temporel de l’histoire préserve son droit dans les limites qui sont les siennes. EtreTemps72

Que la résolution ait un savoir exprès de la provenance de la possibilité vers laquelle elle se projette, cela n’est pas nécessaire. En revanche, il y a bien dans la TEMPORALITÉ DU DASEIN, et en elle seulement, la possibilité de ramener expressément le pouvoir-être existential vers lequel il se projette depuis la compréhension transmise du Dasein. La résolution qui revient vers soi, qui se dé-livre, devient alors la répétition d’une possibilité transmise d’existence. La répétition est la délivrance [tradition  ] expresse, c’est-à-dire le retour dans des possibilités du Dasein qui a été Là. La répétition authentique d’une possibilité d’existence passée - le fait que le Dasein se choisit ses héros - se fonde existentialement dans la résolution devançante ; car c’est en elle seulement qu’est choisi le choix qui rend libre pour la poursuite du combat et pour la fidélité au répétable. Néanmoins, le se-délivrer répétitif d’une possibilité passée n’ouvre nullement le Dasein ayant été Là afin de le réaliser à nouveau. La répétition du possible n’est ni une restitution du « passé », ni une liaison après coup du [386] « présent » à ce qui est « révolu ». Jaillissant d’un se-projeter résolu, la répétition ne s’en laisse pas compter par le « passé », pour ensuite se borner à le laisser revenir en tant qu’effectivité antérieure. Bien plutôt la répétition ren-contre-t-elle la possibilité de l’existence ayant été Là. La ren-contre de la possibilité dans la décision est cependant en même temps, en tant qu’instantanée, le rappel de ce qui se déploie dans l’aujourd’hui comme « passé ». Pas plus qu’elle ne s’en remet au passé, pas plus la répétition ne vise un progrès. L’une et l’autre attitude sont indifférentes à l’existence authentique dans l’instant. EtreTemps74

Existant facticement, le Dasein, à chaque fois, « a » ou n’« a » pas « le temps ». Il prend « le temps de… » Or pourquoi le Dasein prend-il « du temps » et pourquoi peut-il le « perdre » ? Où prend-il le temps ? Comment ce temps se rapporte-t-il à la TEMPORALITÉ DU DASEIN ? EtreTemps78

Dans l’élaboration du concept vulgaire de temps se manifeste une hésitation remarquable sur la question de savoir s’il convient d’attribuer au temps un caractère « subjectif » ou « objectif ». Même lorsqu’on le conçoit comme étant en soi, on ne laisse pas de l’assigner de manière privilégiée à l’« âme », et, au contraire, lorsqu’il est doué d’un caractère « conscient », il fonctionne pourtant « objectivement ». Dans l’interprétation du temps par Hegel  , l’une et l’autre possibilités sont portées à une certaine assomption. Hegel s’efforce de déterminer la connexion entre « temps » et « esprit » afin de faire comprendre par là pourquoi l’esprit comme histoire « tombe dans le temps ». Dans son résultat, l’interprétation précédente de la TEMPORALITÉ DU DASEIN et de l’appartenance à elle du temps-du-monde parait converger avec celle de Hegel. Cependant, comme la présente analyse du temps se distingue fondamentalement de Hegel dès le point de départ, et comme elle est orientée par son but propre - à savoir son intention   fondamental-ontologique - en sens contraire de la sienne, une brève exposition de la conception hegélienne de la relation entre temps et esprit pourra n’être pas inutile pour clarifier - et conclure provisoirement - l’interprétation ontologico-existentiale de la TEMPORALITÉ DU DASEIN, du temps-du-monde et de l’origine du concept vulgaire de temps. [406] La question de savoir si et comment un « être » échoit au temps, pourquoi et en quel sens nous l’appelons « étant », ne peut recevoir réponse que s’il est montré en quelle mesure la temporalité elle-même, dans le tout de sa temporalisation, rend possible quelque chose comme une compréhension de l’être et une advocation de l’étant. Par suite, le plan de ce chapitre sera celui-ci : la TEMPORALITÉ DU DASEIN et la préoccupation [Besorgen] du temps (§79 [EtreTemps79]) ; le temps de la préoccupation [Besorgen] et l’intratemporalité (§80 [EtreTemps80]) ; l’intratemporalité et la genèse du concept vulgaire de temps (§81 [EtreTemps81]) ; dissociation de la connexion ontologico-existentiale de la temporalité, du Dasein et du temps-du-monde par rapport à la conception hegélienne de la relation entre temps et esprit (§82 [EtreTemps82]) ; l’analytique temporalo-existentiale du Dasein et la question fondamental-ontologique du sens de l’être en général (§83 [EtreTemps83]). EtreTemps78

§79 [EtreTemps79]-. La TEMPORALITÉ DU DASEIN et la préoccupation [Besorgen] du temps. EtreTemps79

Ce qu’il y a de décisif au point de vue ontologico-existential dans le compte ou le comput du temps ne doit donc pas être aperçu dans la quantification du temps, mais être conçu plus originairement à partir de la TEMPORALITÉ DU DASEIN comptant avec le temps. EtreTemps80

Préoccupé de manière circon-specte, et s’attendant ainsi à la possibilité de voir, le Dasein, se comprenant à partir de son ouvrage du jour, se donne son temps par le « lorsqu’il fait jour ». Le « lors » de la préoccupation [Besorgen] est daté à partir de ce qui se tient avec l’avènement de la clarté dans la connexion de tournure [Bewandtnis] la plus proche qui soit au sein du monde ambiant : le lever du soleil. Lorsqu’il se lève, il est temps de… Le Dasein date donc le temps qu’il doit (se) prendre à partir de ce qui, dans l’horizon de l’abandon au monde, fait encontre à l’intérieur de celui-ci comme quelque chose avec lequel il retourne de manière privilégiée pour le pouvoir-être-au-monde [In-der-Welt-sein] circon-spect. La préoccupation [Besorgen] fait usage de l’« être-à-portée-de-la-main » du soleil dispensant lumière et chaleur. Le soleil date le temps explicité dans la [413] préoccupation [Besorgen]. De cette datation naît la mesure la plus « naturelle » du temps, le jour. Et comme la TEMPORALITÉ DU DASEIN qui doit (se) prendre son temps est finie, ses jours sont également déjà comptés. Le « tant qu’il fait jour » donne au s’attendre préoccupé la possibilité de déterminer avec pré-voyance le « alors » de ce dont il se préoccupe, autrement dit de diviser le jour. Et la division s’accomplit derechef par rapport à ce qui date le temps : le mouvement du soleil. Tout comme le lever, le coucher et le midi sont des « places » privilégiées que l’astre occupe. De son passage régulièrement récurrent, le Dasein qui est jeté dans le monde et qui, temporalisant, se donne du temps tient compte. Le provenir du Dasein est, sur la base de l’explicitation datante du temps prédessinée à partir de son être-jeté dans le Là, un provenir journalier. EtreTemps80

Cette datation qui s’accomplit à partir de l’astre dispensateur de lumière et de chaleur et de ses « places » privilégiées dans le ciel, est une indication temporelle qui, dans l’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein  ] « sous le même ciel », peut s’accomplir pour « tout un chacun » en tout temps et de la même façon - et même, en un sens, de manière d’emblée unanime. Car ce qui date est disponible dans le monde ambiant, sans pourtant être restreint au monde d’outils à chaque fois offert à la préoccupation [Besorgen] : en effet, au sein de ce monde, c’est bien plutôt toujours déjà la nature du monde ambiant et le monde ambiant public qui est co-découvert [NA: Cf. supra, §15 [EtreTemps15], p. [66] sq.]. Sur cette datation publique où tout un chacun s’indique son temps, tout un chacun peut en même temps « compter », car elle utilise une mesure publiquement disponible. Cette datation compte avec le temps au sens d’une mesure du temps, laquelle a donc besoin d’un outil [Zeug] mesurant : d’une horloge. Par conséquent : avec la TEMPORALITÉ DU DASEIN jeté, abandonné au monde, qui se donne le temps est aussi déjà découvert quelque chose comme une « horloge », c’est-à-dire un étant à-portée-de-la-main qui est devenu accessible en son retour régulier dans le présentifier qui s’attend. L’être jeté auprès de l’à-portée-de-la-main se fonde dans la temporalité. Elle est le fondement de l’horloge. En tant que condition de possibilité de la nécessité factice de l’horloge, la temporalité conditionne en même temps sa découvrabilité ; car seul le présentifier s’attendant-conservant du parcours du soleil tel qu’il fait encontre avec l’être-découvert de l’étant intramondain permet et exige en même temps, en tant qu’il s’explicite, la datation à partir de l’à-portée-de-la-main publiquement présent dans le monde ambiant. EtreTemps80

Dans l’ouverture de l’horloge naturelle qui appartient au Dasein existant comme jeté-échéant est en même temps contenue une publication privilégiée, à chaque fois déjà accomplie par le Dasein factice, du temps de la préoccupation [Besorgen], qui s’accentue et se consolide encore davantage dans le perfectionnement du comput du temps et l’affinement de l’usage des horloges. Nous n’avons pas à retracer ici historiquement, dans ses modifications possibles, l’évolution historiale du comput du temps et de l’usage de l’horloge. Posons plutôt la question ontologico-existentiale suivante : quel mode de temporalisation de la TEMPORALITÉ DU DASEIN se manifeste-t-il dans la direction suivie par la formation de ce comput et de cet usage ? De la réponse à cette question doit se dégager une compréhension plus originaire du fait que la mesure du temps, c’est-à-dire en même temps la publication expresse du temps dont on se préoccupe, se fonde dans la TEMPORALITÉ DU DASEIN, plus précisément dans une temporalisation tout à fait déterminée de celle-ci. EtreTemps80

Si nous comparons le Dasein « primitif », que nous avions pris pour base de l’analyse du comput « naturel » du temps, avec le Dasein « avancé », nous découvrons que pour ce dernier, le jour et la présence de la lumière solaire ne possèdent plus aucune fonction privilégiée, car ce Dasein a le « privilège » de transformer la nuit elle-même en jour. De la même façon, il n’est plus besoin, pour la constatation du temps, de jeter un regard exprès, immédiat, sur le soleil et sa position. La confection et l’usage d’outils de mesure indépendants permettent de lire directement le temps sur l’horloge proprement produite à cet effet. Le « quel temps est-il ? » devient « quelle heure est-il ? ». Cependant, bien que cela puisse demeurer recouvert à chaque lecture du temps, même l’usage de l’outil [Zeug]-horloge, étant donné que l’horloge entendue comme moyen d’un comput public du temps doit être réglée sur l’horloge « naturelle », se fonde dans la TEMPORALITÉ DU DASEIN, laquelle, avec l’ouverture du Là, est ce qui rend pour la première fois possible une datation du temps dont on se préoccupe. La compréhension de l’horloge naturelle, qui s’élabore au fur et à mesure du progrès de la découverte de la nature, fournit l’indication de nouvelles possibilités de mesure du temps, qui sont relativement indépendantes du jour et de toute observation expresse du ciel. EtreTemps80

Parce que la temporalité de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein] factice possibilise originairement l’ouverture de l’espace, et que le Dasein spatial s’est à chaque fois assigné un « ici » à sa mesure à partir d’un « là-bas » découvert, le temps dont le Dasein se préoccupe en sa temporalité est à chaque fois lié, du point de vue de sa databilité, à un lieu du Dasein. Non que le temps soit rattaché à un lieu : bien plutôt la temporalité est-elle la condition de possibilité qui permet que la datation puisse se lier au spatio-local, et cela de telle sorte que celui-ci soit obligeant, à titre de mesure, pour tout un chacun. Loin que le temps soit après coup accouplé à l’espace, cet « espace » soi disant accouplable à lui ne fait encontre que sur la base de la temporalité préoccupée du temps. Conformément à la fondation de l’horloge et du comput du temps dans la TEMPORALITÉ DU DASEIN qui constitue cet étant comme historial, il est possible de montrer dans quelle mesure l’usage des horloges est lui-même ontologiquement historial, et comment toute l’horloge « a » comme telle une « histoire » [NA: Nous ne pouvons ici nous engager dans le problème de la mesure du temps en théorie de la relativité. L’éclaircissement des fondements ontologiques de cette mesure présuppose déjà une clarification du temps du monde et de l’intratemporalité à partir de la TEMPORALITÉ DU DASEIN, et tout aussi bien la mise au jour de la constitution temporalo-existentiale de la découverte de la nature et du sens temporel de la mesure en général. Une axiomatique de la technique physique de la mesure repose sur ces recherches, et elle est par elle-même incapable de déployer le problème du temps comme tel.]. EtreTemps80

Mais où se fonde ce nivellement du temps du monde et ce recouvrement de la temporalité ? Réponse : dans l’être du Dasein lui-même, que nous interprétions provisoirement comme souci [NA: Cf. supra, §41 [EtreTemps41], pp. [191] sq.]. Jeté-échéant, le Dasein est de prime abord et le plus souvent perdu dans ce dont il se préoccupe. Mais dans cette perte s’annonce   la fuite recouvrante du Dasein devant son existence authentique, qui a été caractérisée comme résolution devançante. Dans la fuite préoccupée est impliquée la fuite devant la mort, c’est-à-dire un détournement du regard de la fin de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein] [NA: Cf. supra, §51 [EtreTemps51], pp. [252] sq.]. Ce détournement du regard de… est en lui-même un mode de l’être ekstatiquement avenant pour la fin. La temporalité inauthentique du Dasein échéant-quotidien [alltäglich] doit nécessairement, en un tel détournement de la finitude [Endlichkeit  ], méconnaître l’avenance authentique et, avec elle, la temporalité en général. Et c’est même lorsque la compréhension vulgaire du Dasein est guidée par le On [das Man  ] que la « représentation » oublieuse de soi de « l’infinité » du temps public peut pour la première fois se consolider. Le On ne meurt jamais, parce qu’il ne peut pas mourir, dans la mesure où la mort est mienne et n’est [425] existentiellement comprise de manière authentique que dans la résolution devançante. Le On, qui ne meurt jamais et mé-comprend l’être pour la fin, n’offre pas moins à la fuite devant la mort une explicitation caractéristique. Jusqu’à la fin, « on a encore le temps ». Ici s’annonce un avoir-le-temps au sens du pouvoir de le perdre « d’abord encore cela, et ensuite… ; plus que cela, et ensuite… » Ici, cependant, ce n’est nullement la finitude [Endlichkeit] du temps qui est comprise : tout au contraire, la préoccupation [Besorgen] s’applique à capturer la plus grande part possible du temps qui vient encore et qui « continue ». Le temps, du point de vue public, est quelque chose que chacun prend et peut prendre. La suite nivelée des maintenant demeure totalement méconnaissable du point de vue de sa provenance à partir de la TEMPORALITÉ DU DASEIN singulier dans l’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] quotidien [alltäglich]. Et du reste, comment cela affecterait-il le moins du monde « le temps » en son cours qu’un homme sous-la-main « dans le temps » vienne à ne plus exister ? Le temps suit son cours, tel qu’il « était » aussi déjà lorsqu’un homme est « entré dans la vie ». On ne connaît que le temps public, qui, nivelé, appartient à tous, autant dire à personne. EtreTemps81

Seulement, de même que, dans l’esquive de la mort, celle-ci suit pas à pas celui qui la fuit, de sorte qu’il est justement obligé de la voir tandis qu’il s’en détourne, de même aussi la suite simplement cursive, anodine, infinie des maintenant fait planer une remarquable énigme « sur » le Dasein. Car pourquoi disons-nous : le temps passe, et non pas tout aussi nettement : il naît ? Par rapport à la pure suite des maintenant, il est tout de même possible de dire l’un et l’autre avec le même droit ! En fait, en parlant du temps qui passe, le Dasein comprend finalement davantage le temps qu’il ne pourrait le croire, ce qui veut dire que la temporalité où se temporalise le temps du monde, malgré tout son recouvrement, n’est pas totalement refermée. Car l’expression « le temps passe », porte à l’expression l’« expérience » suivante : le temps ne peut être retenu. Or cette « expérience », à son tour, n’est possible que sur la base d’une volonté de tenir le temps, laquelle inclut un s’attendre inauthentique des « instants », qui déjà aussi oublie ceux qui glissent. Le s’attendre présentifiant-oublieux de l’existence inauthentique est la condition de possibilité de l’expérience vulgaire d’un passage du temps. C’est parce que le Dasein, dans son être en-avant-de-soi, est avenant, qu’il doit, en s’attendant, comprendre la suite des maintenant comme passant en glissant. Le Dasein connaît le temps qui fuit à partir du savoir « fuyant » de sa mort. Dans l’expression accentuée : le temps passe, est contenu le reflet public de l’avenance finie de la TEMPORALITÉ DU DASEIN. Et c’est parce que la mort, même dans l’expression : le temps passe, peut demeurer recouverte, que le temps se montre comme un passage « en soi ». EtreTemps81

La caractérisation vulgaire du temps comme suite sans-fin, passagère, irréversible de maintenant jaillit de la TEMPORALITÉ DU DASEIN échéant. La représentation vulgaire du temps a son droit naturel. Elle appartient au mode d’être quotidien [alltäglich] du Dasein et à la compréhension de l’être de prime abord régnante. C’est pourquoi aussi l’histoire, de prime abord et le plus souvent, est publiquement comprise comme devenir intratemporel. Cette explicitation du temps ne perd son droit exclusif et éminent qu’à partir du moment où elle prétend pouvoir procurer le « vrai » concept du temps et pré-dessiner à l’interprétation du temps son seul horizon possible. Comme nous l’avons en effet établi : c’est seulement à partir de la TEMPORALITÉ DU DASEIN et de sa temporalisation qu’il devient compréhensible pourquoi et comment le temps du monde lui appartient. Seule l’interprétation de la pleine structure du temps du monde puisée dans la temporalité fournit le fil conducteur permettant en général d’« apercevoir » le recouvrement contenu dans le concept vulgaire du temps et d’apprécier le nivellement de la constitution ekstatico-horizontale de la temporalité. Mais en même temps, l’orientation sur la TEMPORALITÉ DU DASEIN apporte la possibilité de mettre en lumière la provenance et la nécessité factice de ce recouvrement nivelant et d’examiner en sa légitimité la thèse vulgaire sur le temps. EtreTemps81