Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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être authentique

quarta-feira 13 de dezembro de 2023

Néanmoins, l’explication du Dasein   en sa quotidienneté [Alltäglichkeit  ] médiocre ne se borne pas à fournir par exemple de simples structures moyennes au sens d’une indétermination confuse. Ce qui est ontiquement selon la guise de la médiocrité peut très bien, ontologiquement, être saisi dans des structures prégnantes, qui ne se distinguent point structurellement de déterminations ontologiques de l’ÊTRE AUTHENTIQUE du Dasein. EtreTemps9

Que l’étant ne se montre pas de prime abord en son ÊTRE AUTHENTIQUE, Descartes   le sait très bien. Ce qui est « de prime abord » donné, c’est ce morceau de cire avec sa couleur, sa saveur, sa dureté, sa froideur, sa résonance déterminées. Mais tout cela - en général tout ce que nous donnent les sens - demeure sans portée ontologique. « Satis erit, si advertamus sensuum perceptiones non referri, nisi ad istam corporis humani cum mente conjunctionem, et nobis quidem ordinarie exhibere, quid   ad illam externa corpora   prodesse possint aut nocere. » [NA: Id., II, 3, p. 41; NT: « Il suffira que nous remarquions que la perception des sens ne se rapporte qu’à cette union du corps humain avec l’esprit, et en effet nous montre ordinairement en quoi les corps extérieurs peuvent lui être utiles ou nuisibles. »]. Les sens ne nous font absolument pas connaître l’étant en son être, ils annoncent simplement l’utilité ou la nocivité des choses « extérieures » intramondaines pour [97] l’être-homme attaché à son corps. « Nos non docent, qualia (corpora) in seipsis existant » [NA Ibid.; NT: « Ils ne nous enseignent pas quels (corps) existent en eux-mêmes. »] : des sens, nous ne recevons absolument aucune révélation sur l’étant en son être. « Quod agentes, percipiemus naturam materiae, sive corporis in universum   spectati, non consistere in eo quod sit res dura vel ponderosa vel colorata vel alio aliquo modo sensus afficiens : sed tantum in eo, quod sit res extensa   in longum, latum et profondum » [NA: Id., 4, p. 42; NT: [« Ce faisant, nous comprendrons que la nature de la matière, ou du corps considéré en général ne consiste pas en ce qu’elle est une chose dure ou pesante ou colorée, ou affecte les sens d’une autre matière - mais seulement en ce qu’elle est une chose étendue en longueur, largeur et profondeur. »]. EtreTemps21

La sollicitude [Fürsorge  ] apparaît ainsi comme une constitution d’être du Dasein qui, suivant ses possibilités diverses, est aussi bien solidaire de son être vis-à-vis du monde de la préoccupation [Besorgen] que de son ÊTRE AUTHENTIQUE vis-à-vis de lui-même. L’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein  ] se fonde de prime abord, et même souvent exclusivement, dans ce qui fait l’objet d’une préoccupation [Besorgen] commune dans cet être. Un être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] provenant de ce que l’on fait la même chose se tient non seulement le plus souvent dans des limites extérieures, mais encore revêt le mode de la distance et de la réserve. L’être-l’un-avec-l’autre [Miteinandersein] de ceux qui sont attelés à la même affaire ne se nourrit souvent que de méfiance. Inversement, l’engagement commun pour la même chose est déterminé par le Dasein à chaque fois saisi de manière propre. C’est seulement cette solidarité authentique qui rend possible la « pragmaticité » vraie qui libère l’autre, sa liberté, vers [NT: Je construis : freigeben für, c’est-à-dire libérer à, ou plutôt : pour, au sens de : vers (cf. envers). Cet être-toujours-déjà-tourné-vers, donc cet être-envers-autrui est la dimension de la sollicitude [Fürsorge], du souci-envers. Dimension très différente, donc, de celle du « pour » caractéristique du rapport à l’outil [Zeug  ].] lui-même. EtreTemps26

Le Soi-même du Dasein quotidien [alltäglich] est le On [das Man  ]-même, que nous distinguons du Soi-même authentique, c’est-à-dire proprement saisi. En tant que On-même, chaque Dasein est dispersé dans le On [das Man], et il doit commencer par se retrouver. Cette dispersion caractérise le « sujet » de ce mode d’être que nous connaissons sous le nom d’identification préoccupée avec le monde de prime abord rencontré. Mais que le Dasein soit familier de lui-même comme On-même, cela signifie en même temps que le On [das Man] pré-dessine l’explicitation prochaine du monde et de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein  ]. Le On-même, en-vue-de quoi le Dasein est quotidienne [alltäglich]ment, articule le complexe de renvois de la significativité [Bedeutsamkeit  ]. Le monde du Dasein libère l’étant qui fait encontre vers une totalité de tournure [Bewandtnis  ] qui est familière au On, et cela dans les limites qui sont fixées avec la médiocrité du On. De prime abord, le Dasein factice est dans le monde commun [Mitwelt  ] médiocrement découvert. De prime abord, « je » ne « suis » pas au sens du Soi-même propre, mais je suis les autres selon la guise du On. C’est à partir de celui-ci et comme celui-ci que, de prime abord, je suis « donné » à moi-même ». Le Dasein est de prime abord On et le plus souvent il demeure tel. Lorsque le Dasein découvre et s’approche proprement le monde, lorsqu’il s’ouvre à lui-même son ÊTRE AUTHENTIQUE, alors cette découverte du « monde » et cette ouverture du Dasein s’accomplit toujours en tant qu’évacuation des recouvrements et des obscurcissements, et que rupture des dissimulations par lesquelles le Dasein se verrouille l’accès à lui-même. EtreTemps27

Qu’en est-il donc de la pré-vision [Vor-sicht  ] qui a guidé jusqu’ici la démarche ontologique ? Nous avons déterminé l’idée d’existence comme pouvoir-être compréhensif pour lequel il y va de son être même. Mais, en tant qu’à chaque fois mien, le pouvoir-être est libre pour l’authenticité ou l’inauthenticité ou l’indifférence modale des deux NA: Cf. supra, §9 [EtreTemps9], p. [41] sq.. L’interprétation antérieure, qui prenait son point de départ dans la quotidienneté [Alltäglichkeit] médiocre, s’en est tenue à l’analyse de l’exister indifférent ou inauthentique. Sans doute, sur ce chemin déjà, il a été possible et même nécessaire d’atteindre une détermination concrète de l’existentialité de [233] l’existence. Néanmoins la caractérisation ontologique de la constitution de l’existence demeurait grevée d’un défaut essentiel. Car existence signifie pouvoir-être - mais aussi pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE. Tant que la structure existentiale du pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE n’est pas reprise dans l’idée d’existence, la pré-vision [Vor-sicht] guidant une interprétation existentiale manque encore et toujours d’originarité. EtreTemps45

Ainsi donc prend naissance la tâche de porter à la pré-acquisition le Dasein comme un tout. Ce qui signifie cependant : déployer en général pour la première fois la question du pouvoir-être-tout de cet étant. Dans le Dasein, aussi longtemps qu’il est, quelque chose qu’il peut être et qu’il sera est à chaque fois encore en excédent NT: Excédent (Ausstand  ) : ce concept sera thématiquement analysé - et sa traduction justifiée - au §48 [EtreTemps48]. Or à cet excédent appartient la [234] « fin » elle-même. La « fin » de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein  ] est la mort. Cette fin appartenant au pouvoir-être, c’est-à-dire à l’existence, délimite et détermine la totalité à chaque fois possible du Dasein. Cependant, l’être-en-fin du Dasein dans la mort et, avec lui, l’être-tout de cet étant ne pourra être inclus de manière phénoménalement adéquate dans l’élucidation de son être-tout possible que si est conquis un concept ontologiquement suffisant, c’est-à-dire existential, de la mort. Mais la mort n’est selon la mesure du Dasein que dans un être pour la mort existentiel. La structure existentiale de cet être se révèle comme la constitution ontologique du pouvoir-être-tout du Dasein. Ainsi, tout le Dasein existant se laisse porter à la pré-acquisition. Oui, mais le Dasein peut-il aussi exister totalement de manière authentique ? Comment l’authenticité de l’existence doit-elle en général être déterminée sinon par rapport à un exister authentique ? D’où en tirerons-nous le critère ? Manifestement, c’est le Dasein lui-même qui, en son être, doit pré-donner la possibilité et la guise de son existence authentique, si tant est que celle-ci ne puisse ni lui être ontiquement imposée, ni être ontologiquement inventée. Or l’attestation d’un pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE, c’est la conscience [Gewissen  ] qui la donne. Comme la mort, ce phénomène du Dasein exige une interprétation existentiale adéquate. Celle-ci conduit à l’aperçu suivant lequel un pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE du Dasein réside dans le vouloir-avoir-conscience [Gewissen]. Mais cette possibilité existentielle, de par son sens d’être, tend vers la déterminité [Bestimmtheit  ] existentielle par l’être pour la mort. EtreTemps45

Le Dasein peut-il aussi comprendre authentiquement sa possibilité la plus propre, absolue et indépassable, certaine et comme telle indéterminée, c’est-à-dire se tenir dans un [260] ÊTRE AUTHENTIQUE pour sa fin ? Aussi longtemps que cet être pour la mort authentique n’est pas dégagé et déterminé ontologiquement, une carence essentielle s’attache à l’interprétation existentiale de l’être pour la fin. EtreTemps52

§53 [EtreTemps53]-. Projet existential d’un ÊTRE AUTHENTIQUE pour la mort. EtreTemps53

Facticement, le Dasein se tient de prime abord et le plus souvent dans un être pour la mort inauthentique. Comment la possibilité ontologique d’un ÊTRE AUTHENTIQUE pour la mort doit-elle être « objectivement » caractérisée si le Dasein, en fin de compte, ne se rapporte jamais authentiquement à sa fin, ou bien si cet ÊTRE AUTHENTIQUE, de par son sens propre, doit demeurer retiré aux autres ? Le projet d’une possibilité existentiale d’un pouvoir-être existentiel aussi problématique ne constitue-t-il pas une entreprise fantastique ? De quoi est-il besoin pour qu’un tel projet dépasse une simple construction fictive, arbitraire ? Le Dasein donne-t-il lui-même à ce projet les indications nécessaires ? Est-il possible d’emprunter au Dasein lui-même des fondements de sa légitimité phénoménale ? Et la tâche ontologique que nous énonçons maintenant peut-elle recevoir de l’analyse antérieure du Dasein des prescriptions propres à placer son propos sur une voie sûre ? EtreTemps53

La possibilité la plus propre est absolue. Le devancement fait comprendre au Dasein qu’il a à assumer uniquement à partir de lui-même le pouvoir-être où il y va purement et simplement de son être le plus propre. La mort n’« appartient » pas seulement indifféremment au Dasein propre, mais elle interpelle celui-ci en tant que singulier. L’absoluité de la mort comprise dans le devancement isole le Dasein vers lui-même. Cet isolement est une guise de l’ouvrir du « Là » pour l’existence. Il manifeste que tout être auprès de l’étant offert à la préoccupation [Besorgen] et tout être-avec [Mitsein] avec autrui cesse d’être pertinent à partir du moment où il y va du pouvoir-être le plus propre. Le Dasein ne peut ÊTRE AUTHENTIQUEment lui-même que s’il s’y dispose à partir de lui-même. Néanmoins, la non-pertinence de la préoccupation [Besorgen] et de la sollicitude [Fürsorge] ne signifie nullement que ces guises du Dasein se trouvent détachées de l’être-Soi-même authentique. En tant que structures essentielles de la constitution du Dasein, elles appartiennent conjointement à la condition de possibilité de l’existence en général. Le Dasein n’est authentiquement lui-même que pour autant qu’il se projette primairement, en tant qu’être préoccupé auprès… et en tant qu’être-avec [Mitsein] éclairé par la sollicitude [Fürsorge], vers son pouvoir-être le plus propre, et non pas vers la possibilité du On-même. Le devancement dans la possibilité absolue force l’étant devançant à la possibilité d’assumer de lui-même et à partir de [264] lui-même son être le plus propre. EtreTemps53

Le tenir-pour-vrai de la mort - la mort n’est à chaque fois que comme propre - manifeste une autre modalité et est plus originaire que toute certitude concernant un étant rencontré à l’intérieur du monde ou les objets formels ; car il est certain de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein]. En tant que tel, il ne sollicite pas seulement une conduite déterminée du Dasein, mais celui-ci même dans la pleine authenticité de son existence [NA: Cf. supra, §62 [EtreTemps62], p. [305] sq.]. C’est seulement dans le devancement que le Dasein peut s’assurer de son être le plus propre dans sa totalité indépassable. Par suite, l’évidence d’une donation immédiate des vécus, du Moi et de la conscience [Gewissen] doit nécessairement rester en deçà de la certitude qui est renfermée dans le devancement. Et cela non pas parce que le mode concerné de saisie ne serait pas rigoureux, mais parce qu’il ne peut fondamentalement pas tenir pour vrai (ouvert) ce qu’il veut au fond « avoir-là » en tant que vrai : le Dasein que je suis moi-même et que, en tant que pouvoir-être, je ne puis ÊTRE AUTHENTIQUEment qu’en devançant. EtreTemps53

Tous ces rapports, propres à l’être pour la mort, à la teneur pleine de la possibilité extrême du Dasein qui a été caractérisée trouvent leur convergence dans le fait qu’ils dévoilent, déploient et maintiennent le devancement constitué par eux en tant que possibilisation de cette possibilité. La délimitation existentialement projetante du devancement a rendu visible la possibilité ontologique d’un être existentiel authentique pour la mort. Mais du même coup, ce qui surgit, c’est la possibilité d’un pouvoir-être-tout authentique du Dasein - néanmoins seulement à titre de possibilité ontologique. Certes, notre projet existential du devancement s’en est tenu aux structures du Dasein auparavant conquises, et il a laissé, pour ainsi dire, le Dasein se projeter lui-même vers cette possibilité, sans lui représenter ou lui imposer « de l’extérieur » un idéal « concret » d’existence. Et pourtant, cet être existentialement « possible » pour la mort demeure existentiellement une suggestion fantastique. La possibilité ontologique d’un pouvoir-être-tout authentique du Dasein ne signifie rien tant que le pouvoir-être ontique correspondant n’a pas été assigné à partir du Dasein lui-même. Le Dasein se jette-t-il à chaque fois facticement dans un tel être pour la mort ? Exige-t-il, ne serait-ce que sur la base de son être le plus propre, un pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE qui soit déterminé par le devancement ? EtreTemps53

La question encore flottante d’un être-tout authentique du Dasein et de sa constitution existentiale ne pourra être transportée sur un sol phénoménal probant que si elle peut s’attacher à une authenticité possible de son être attestée par le Dasein lui-même. Qu’il soit possible de mettre au jour phénoménologiquement une telle attestation et ce qui y est attesté, et alors se posera à nouveaux frais le problème de savoir si le devancement de la mort qui n’a été jusqu’à maintenant projeté que dans sa possibilité ONTOLOGIQUE se tient en une connexion essentielle avec le pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE en tant que celui-ci est ATTESTÉ. EtreTemps53

[268] Avec la perte dans le On [das Man], il est toujours déjà décidé du pouvoir-être factice prochain du Dasein, autrement dit des tâches, des règles, des critères, de la profondeur et de l’étendue de l’être-au-monde [In-der-Welt-sein] dans sa préoccupation [Besorgen] et sa sollicitude [Fürsorge]. Le On a toujours déjà soustrait au Dasein la saisie de ces possibilités d’être. Davantage, le On [das Man] soustrait au regard [du Dasein] cette soustraction même, silencieusement opérée par lui, de tout choix exprès de ces possibilités. Qui « à proprement parler » choisit, c’est ce qui demeure indéterminé. Cette privation de choix, cet entraînement par « personne », où le Dasein s’empêtre dans l’inauthenticité, ne peut être inversé qu’à la condition que le Dasein se ramène proprement de sa perte dans le On [das Man] vers lui-même. Néanmoins, cette reprise doit nécessairement avoir le mode d’être par l’omission duquel le Dasein se perdait dans l’inauthenticité. La reprise de soi hors du On, autrement dit la modification existentielle du On-même en être-Soi-même authentique doit nécessairement s’accomplir comme re-saisie d’un choix. Mais ressaisir un choix signifie choisir ce choix, se décider pour un pouvoir-être puisé dans le Soi-même le plus propre. C’est dans le choix du choix que le Dasein se rend pour la première fois possible son pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE. EtreTemps54

L’interprétation existentiale est nécessairement éloignée de l’entente ontique quotidienne [alltäglich], quand bien même elle dégage les fondements ontologiques de ce que l’explicitation vulgaire de la conscience [Gewissen], dans certaines limites, a toujours compris et, en tant que « théorie » de la conscience [Gewissen], porté à un concept. Aussi l’interprétation existentiale a-t-elle besoin d’une confirmation par une critique de l’explicitation vulgaire de la conscience [Gewissen]. À partir du phénomène une fois dégagé peut être fixée la mesure en laquelle il atteste un pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE du Dasein. À l’appel de la conscience [Gewissen] appartient un entendre possible. La compréhension de l’ad-vocation [An-ruf  ] se dévoile comme vouloir-avoir-conscience [Gewissen]. [270] Mais, dans ce phénomène est contenu le choisir existentiel - que nous cherchons - du choix d’un être-Soi-même, choisir que nous appelons, conformément à sa structure existentiale, la résolution. Du coup, le plan des analyses de ce chapitre nous est prédonné : les fondements ontologico-existentiaux de la conscience [Gewissen] (§55 [EtreTemps55]) ; le caractère d’appel de la conscience [Gewissen] (§56 [EtreTemps56]) ; la conscience [Gewissen] comme appel du souci (§57 [EtreTemps57]) ; compréhension de l’ad-vocation [An-ruf] et dette (§58 [EtreTemps58]) ; l’interprétation existentiale de la conscience [Gewissen] et l’explicitation vulgaire de la conscience [Gewissen] (§59 [EtreTemps59]) ; la structure existentiale du pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE attesté dans la conscience [Gewissen] (§60 [EtreTemps60]). EtreTemps54

Néanmoins, on ne manquera pas d’opposer à notre interprétation de la conscience [Gewissen] [279] comme appel du souci la contre-question suivante : une interprétation de la conscience [Gewissen] qui s’éloigne à tel point de l’« expérience naturelle » peut-elle encore être probante ? Comment la conscience [Gewissen] pourrait-elle fonctionner comme con-vocatrice au pouvoir-être le plus propre alors que, de prime abord et le plus souvent, elle se borne à réprimander et à avertir ? La conscience [Gewissen] parle-t-elle avec cette indétermination vide d’un pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE, et non pas bien plutôt, de façon précise et concrète, des fautes et des omissions que nous avons commises ou allons commettre ? L’ad-vocation [An-ruf] par nous affirmée provient-elle de la « mauvaise » conscience [Gewissen], ou de la « bonne » ? La conscience [Gewissen] livre-t-elle en général quelque chose de positif, ou ne fonctionne-t-elle pas plutôt de manière simplement critique ? EtreTemps57

Le sens de l’appel devient clair si la compréhension, au lieu de lui substituer le concept dérivé de la dette prise au sens d’un endettement « résultant » d’une action ou d’une omission, s’en tient au sens existential de l’être-en-dette. Exiger cela n’est nullement arbitraire si l’appel de la conscience [Gewissen], provenant du Dasein lui-même, se dirige uniquement vers cet étant. Alors, le con-voquer à l’être-en-dette signifie un pro-voquer au pouvoir-être que je suis à chaque fois déjà en tant que Dasein. Cet étant n’a pas besoin de se charger d’abord d’une « dette » [« faute »] à cause de manquements ou d’omissions, il doit seulement ÊTRE AUTHENTIQUEment le « en-dette » comme lequel il est. EtreTemps58

L’interprétation existentiale doit dégager une attestation, présente dans le Dasein lui-même, de son pouvoir-être le plus propre. La guise en laquelle la conscience [Gewissen] atteste n’est pas une annonce   indifférente, mais une con-vocation [Aufruf] pro-vocante à l’être-en-dette. Ce qui est ainsi attesté est « saisi » dans l’entendre qui comprend sans déguisement l’appel au sens visé par celui-ci même. Seule la compréhension de l’ad-vocation [An-ruf] en tant que mode d’être du Dasein livre la réalité phénoménale de ce qui est attesté dans l’appel de la conscience [Gewissen]. Ce comprendre authentique de l’appel, nous le caractérisions comme vouloir-avoir-conscience [Gewissen]. Ce laisser-agir-en-soi le Soi-même le plus propre à partir de lui-même en son être-en-dette représente phénoménalement le pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE attesté dans le Dasein même. Or la structure existentiale de ce pouvoir-être, voilà ce qui désormais doit être libéré. Ainsi seulement pourrons-nous pénétrer jusqu’à la constitution fondamentale - ouverte dans le Dasein lui-même - de l’authenticité de son existence. EtreTemps60

Présenter les possibilités existentielles factices en leurs traits capitaux et leurs connexions, les interpréter en leur structure existentiale, cette tâche s’inscrit dans les cadres de l’anthropologie   existentiale thématique [NA: C’est K. JASPERS   qui a pour la première fois expressément saisi et exécuté, dans le sens de cette problématique, la tâche d’une doctrine des visions du monde : cf. sa Psychologie   der Weltanschauungen (NT: Psychologie des visions du monde), 3ème éd., 1925. « Ce qu’est l’homme » y est questionné et déterminé à partir de ce qu’il peut essentiellement être (cf. l’avant-propos à la 1ère édition), ce qui ne manifeste que mieux la signification ontologico-existentiale fondamentale du concept de « situations-limites ». La tendance philosophique de la « psychologie des visions du monde » est au contraire totalement méconnue lorsque l’on veut ne se « servir » d’elle que comme d’une simple compilation de « types de visions du monde ». (NT: Cf. la note de l’auteur, supra, p. [249], n. 1.)]. Par rapport à l’intention   fondamental-ontologique de la présente recherche, la délimitation existentiale du pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE attesté dans la conscience [Gewissen] à partir du Dasein et pour le Dasein lui-même peut être considérée comme suffisante. EtreTemps60

Un pouvoir-être-tout authentique du Dasein a été existentialement projeté. L’explicitation [302] du phénomène a dévoilé l’ÊTRE AUTHENTIQUE pour la mort comme devancement [NA: Cf. supra, §58 [EtreTemps58], p. [280] sq.]. Dans son attestation existentielle, le pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE du Dasein a été mis au jour comme résolution et en même temps interprété existentialement. Comment l’un et l’autre phénomènes doivent-ils être rapprochés ? Le projet ontologique du pouvoir-être-tout authentique n’a-t-il pas conduit dans une dimension du Dasein qui est fort éloignée du phénomène de la résolution ? Qu’est-ce que la mort doit avoir de commun avec la « situation   concrète » de l’agir ? La tentative d’accoupler à toute force la résolution et le devancement ne nous égare-t-elle pas dans une construction insoutenable, absolument non-phénoménologique, qui ne peut même plus revendiquer le caractère d’un projet ontologique phénoménalement fondé ? EtreTemps61

Résolution veut dire : se-laisser-pro-voquer à l’être-en-dette le plus propre. L’être-en-dette appartient à l’être du Dasein lui-même, que nous avons primairement déterminé comme [306] pouvoir-être. Le Dasein « est » constamment en-dette, cela ne peut signifier que ceci : il se tient à chaque fois dans cet être en tant qu’exister authentique ou inauthentique. L’être-en-dette n’est pas seulement une propriété permanente d’un sous-la-main constant, mais la possibilité existentielle d’ÊTRE AUTHENTIQUEment ou inauthentiquement en-dette. Le « en-dette » n’est jamais que dans un pouvoir-être factice déterminé. Par suite, l’être-en-dette, parce qu’il appartient à l’être du Dasein, doit être conçu comme pouvoir-être-en-dette. La résolution se projette vers ce pouvoir-être, c’est-à-dire se comprend en lui. Ce comprendre, par suite, se tient dans une possibilité originaire du Dasein, et il se tient authentiquement en elle si la résolution est originairement ce qu’elle tend à être. Or nous avons dévoilé l’être originaire du Dasein pour son pouvoir-être comme être pour la mort, c’est-à-dire pour la possibilité insigne du Dasein qui a été caractérisée. Le devancement ouvre cette possibilité comme possibilité. La résolution, par conséquent, ne devient un être originaire pour le pouvoir-être le plus propre du Dasein qu’en tant que devançante. Le « pouvoir » du pouvoir-être-en-dette, la résolution ne le comprend que si elle se « qualifie » comme être pour la mort. EtreTemps62

Le chemin jusqu’ici suivi par l’analytique du Dasein est devenu une démonstration concrète de la thèse d’abord simplement suggérée [NA: Cf. supra, §5, p. [15].], selon laquelle l’étant que nous sommes à chaque fois nous-mêmes est ontologiquement le plus lointain. La raison s’en trouve dans le souci lui-même. L’être échéant auprès de ce qui dans le « monde » s’offre à la plus proche préoccupation [Besorgen] guide l’explicitation quotidienne [alltäglich] du Dasein et recouvre ontiquement l’ÊTRE AUTHENTIQUE du Dasein, pour refuser ainsi à l’ontologie   dirigée sur cet étant la base adéquate. De ce fait, le prédonation phénoménale originaire de cet étant est rien moins qu’« évidente », et cela quand bien même l’ontologie suit de prime abord la direction de l’explicitation quotidienne [alltäglich] du Dasein. La libération de l’être originaire du Dasein doit bien plutôt être disputée à la tendance explicitative ontico-ontologique échéante. EtreTemps63

L’unité des moments constitutifs du souci, c’est-à-dire de l’existentialité, de la facticité et de l’être-échu, a rendu possible la première délimitation ontologique de la totalité du tout structurel du Dasein. La structure du souci a été portée à la formule existentiale suivante : [317] être-déjà-en-avant-de-soi-dans (un monde) en tant qu’être-auprès (de l’étant faisant encontre à l’intérieur du monde). La totalité de la structure du souci ne procède nullement d’un accouplement de ces deux éléments, et pourtant elle est articulée [NA: Cf. supra, §41 [EtreTemps41], p. [191] sq.]. Nous avons dû apprécier en quelle mesure ce résultat ontologique satisfaisait aux requêtes d’une interprétation originaire du Dasein [NA: Cf. supra, §45 [EtreTemps45], p. [231] sq.]. Et ce qu’a établi cette méditation, c’est que ni le Dasein en son tout ni son pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE n’avait encore été pris pour thème. Néanmoins, notre tentative de saisir phénoménalement le Dasein total a semblé justement échouer sur la structure du souci. Le en-avant-de-soi se donnait à nous comme un ne-pas-encore. Le en-avant-de-soi caractérisé au sens d’un excédent, cependant, s’est dévoilé à la considération authentiquement existentiale comme être pour la fin que tout Dasein est dans le fond de son être. De même, nous avons montré que le souci, dans l’appel de la conscience [Gewissen], con-voque le Dasein à son pouvoir-être le plus propre. La compréhension de l’ad-vocation [An-ruf] s’est manifestée - comprise originairement - comme résolution devançante, laquelle renferme en soi un pouvoir-être-tout authentique du Dasein. La structure du souci ne parle pas contre un être-tout possible, mais elle est la condition de possibilité d’un tel pouvoir-être existentiel. Au cours de l’analyse, il est apparu clairement que dans le phénomène du souci sont ancrés les phénomènes existentiaux de la mort, de la conscience [Gewissen] et de la dette. L’articulation de la totalité du tout structurel est devenue encore plus riche, et, du même coup, la question existentiale de l’unité de cette totalité encore plus urgente. EtreTemps64

Du reste, l’interprétation ontologique du « Je » ne saurait obtenir la solution du problème en se bornant à refuser de suivre le dire-Je quotidien [alltäglich] : bien plutôt doit-elle pré-dessiner tout d’abord la direction dans laquelle le questionnement doit se poursuivre. Le Je désigne l’étant que l’on est en « étant-au-monde ». Mais l’être-déjà-dans-un-monde en tant qu’être-auprès-de-l’à-portée-de-la-main intramondain signifie cooriginairement un en-avant-de-soi. « Je » désigne l’étant pour lequel il y va de l’être de l’étant qu’il est. Avec le « Je », c’est le souci qui s’exprime - de prime abord et le plus souvent dans le dire-Je « fugace » de la préoccupation [Besorgen]. Si le On [das Man]-même dit le plus bruyamment et le plus fréquemment Je-Je, c’est parce que fondamentalement il n’est pas authentiquement lui-même, et qu’il se dérobe au pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE. Cependant, si la constitution ontologique du Soi-même ne se laisse reconduire ni à un Moi-substance, ni à un « sujet », et si c’est à l’inverse le dire-Je-Je quotidien [alltäglich]-fugace qui doit être compris à partir du pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE, de là ne suit pas encore la thèse selon laquelle le Soi-même serait le fondement constamment sous-la-main du souci. L’ipséité ne peut être déchiffrée existentialement que sur le pouvoir-être-Soi-même authentique, c’est-à-dire sur l’authenticité de l’être du Dasein comme souci. C’est de celle-ci que la constance propre au Soi-même, en tant que prétendue permanence du sujet, reçoit son éclaircissement. Mais en même temps le phénomène du pouvoir-ÊTRE AUTHENTIQUE ouvre le regard au maintien du Soi-même au sens de l’avoir-conquis-sa-tenue. Le maintien du Soi-même au double sens de la solidité et de la « constance » est la contre-possibilité authentique de l’absence de maintien de l’échéance ir-résolue. Le maintien du Soi-même [autonomie  ] ne signifie existentialement rien d’autre que la résolution devançante. La structure ontologique de celle-ci dévoile l’existentialité de l’ipséité du Soi-même. EtreTemps64

Le Dasein est authentiquement lui-même dans l’isolement originaire de cette résolution ré-ticente qui s’intime à elle-même l’angoisse. En tant qu’il fait-silence, l’être-Soi-même [323] authentique ne dit justement pas « Je-Je », mais il « est » dans la ré-ticence cet étant jeté comme lequel il peut ÊTRE AUTHENTIQUEment. Le Soi-même que dévoile la réticence de l’existence résolue est le sol phénoménal originaire pour la question de l’être du « Je ». Seule l’orientation phénoménale sur le sens d’être du pouvoir-être-Soi-même authentique met la méditation en mesure d’élucider quel droit ontologique peuvent revendiquer la substantialité, la simplicité et la personnalité en tant que caractères de l’ipséité. La question ontologique de l’être du Soi-même doit être arrachée à la pré-acquisition - constamment favorisée par le dire-Je prédominant - d’une chose-Soi en permanence sous-la-main. EtreTemps64

Le projeté du projet existential originaire de l’existence s’est dévoilé comme résolution devançante. Qu’est-ce qui rend possible cet être-tout authentique du Dasein quant à l’unité de son tout structurel articulé ? Si on la saisit de manière formellement existentiale, et sans désigner maintenant constamment sa teneur structurelle pleine, la résolution devançante est l’être pour le pouvoir-être insigne le plus propre. Or cela n’est possible qu’autant que le Dasein peut en général advenir à soi en sa possibilité la plus propre, et que, en ce se-laisser-advenir-à-soi, il soutient la possibilité comme possibilité - c’est-à-dire existe. Or le se-laisser-advenir-à-soi dans la possibilité qui soutient celle-ci est le phénomène originaire de l’avenir. Si à l’être du Dasein appartient l’ÊTRE AUTHENTIQUE ou inauthentique pour la mort, celui-ci n’est possible que comme avenant au sens qu’on vient d’indiquer, et qui reste à déterminer de plus près. L’« avenir », ici, ne désigne pas un « maintenant » qui n’est pas encore devenu « effectif » et qui ne le sera qu’un jour, mais la venue en laquelle le Dasein advient à soi en son pouvoir-être le plus propre. Le devancement rend le Dasein authentiquement avenant, de telle manière cependant que le devancement n’est lui-même possible que pour autant que le Dasein en tant qu’étant advient en général toujours déjà à soi, c’est-à-dire est en général avenant en son être. EtreTemps65

La résolution devançante comprend le Dasein en son être-en-dette essentiel. Ce comprendre signifie : assumer l’être-en-dette en existant, être en tant que fondement jeté de la nullité [Nichtigkeit  ]. Mais l’assomption de l’être-jeté signifie : ÊTRE AUTHENTIQUEment le Dasein tel qu’il était à chaque fois déjà. L’assomption de l’être-jeté, cependant, n’est possible que dans la mesure où le Dasein avenant peut être son « comme il était déjà à chaque fois » le plus propre, [326] c’est-à-dire son « été ». C’est seulement pour autant que le Dasein est en général comme je-suis-été qu’il peut advenir de manière avenante à soi-même, en re-venant. Authentiquement avenant, le Dasein est authentiquement été. Le devancement vers la possibilité extrême et la plus propre est le re-venir compréhensif vers l’« été » le plus propre. Le Dasein ne peut être été authentiquement qu’autant qu’il est avenant. L’être-été, d’une certaine manière, jaillit de l’avenir. EtreTemps65

Le souci est être pour la mort. Nous avons déterminé la résolution devançante comme l’ÊTRE AUTHENTIQUE pour la possibilité - plus haut caractérisée - de la pure et simple impossibilité du Dasein. Dans un tel être pour la mort, le Dasein existe authentiquement [et] totalement comme l’étant que, « eté dans la mort », il peut être. Il n’a pas une fin où il cesse simplement, mais il existe de manière finie. L’avenir authentique, qui temporalise [330] primairement la temporalité qui constitue le sens de la résolution devançante, se dévoile ainsi lui-même comme fini. Et pourtant, dira-t-on, est-ce que « le temps », malgré le ne-plus-être-Là de moi-même, « ne continue pas » ? Est-ce qu’une infinité de choses ne peut pas se trouver encore « dans l’avenir », advenir depuis l’avenir ? EtreTemps65