Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Vezin (ET:523-524) – tradução de Dasein por ser-aí

quarta-feira 21 de fevereiro de 2024

destaque

1) Confusão entre Dasein   e Vorhandenheit  , estar-aí-diante, que é precisamente a expressão que Heidegger substitui por existentia  , por Dasein no sentido "habitual" (cf. p. 42, onde esta terminologia é muito claramente colocada). É certo que todo o ente é um certo aí do ser, mas "a presença do homem no Da do Dasein nada tem a ver, diz Jean Beaufret  , com a de uma coisa". Como vimos, é apenas para o Dasein que o seu ser está em causa, que tem de se confrontar com ele. Ora, para quem compreende o que significa falar, o ser-aí tem o sentido oblíquo da presença efetiva de algo no mundo, ao passo que este ente insignificante chamado Dasein "não tem e nunca teve, como Heidegger sublinha, o tipo de ser do que é/está apenas aí-diante dentro do mundo" (p. 43).

[…]

2) A outra confusão é entre Dasein e Befindlichkeit  , disposição. Isto é analisado em §29. Aqui vemos como, "perante o fato consumado" de "ser", o Dasein "cai" em seu aí (o conceito existencialista de situação (Jaspers  ) tinha intuído algo disto). É certo que, na disposição, no ser-lançado inerente ao Dasein, há um certo choque, o "sentimento" de ser-aí. Mas em parte alguma se diz que o Dasein pode ser reduzido apenas à estrutura do ser-aí — caso contrário, teríamos de dizer que o medo, o modo insignificante da disponibilidade, inspira no Dasein o desejo irresistível de não ser/estar mais aí!

original

L’embarras légendaire des traducteurs français de Heidegger devant le mot Dasein se passe maintenant de description. Venons-en plutôt aux questions qui s’imposent : faut-il, ne faut-il pas traduire Dasein? Et si oui, comment le traduire? Trois solutions peuvent ou ont pu être envisagées. Examinons-les. [523]

Une solution qui a déjà beaucoup servi est l’être-là. Elle a tenté les traducteurs pour toutes sortes de raisons évidentes : clarté, lisibilité, littéralité (être-là « passe » aussi naturellement en français que « bien-être »). Mais il faut dénoncer dans être-là une double confusion :

1) Confusion de Dasein et de Vorhandenheit, être-là-devant, qui est justement l’expression que Heidegger substitue à existentia, à Dasein au sens « habituel » (cf. p. 42, où cette terminologie est très clairement mise en place). Bien sûr, tout étant est un certain là de l’être mais « la présence de l’homme dans le Da du Dasein n’a rien à voir, dit Jean Beaufret, avec celle d’une chose » [1]. Comme nous l’avons vu, c’est pour le Dasein seul qu’il y va de son être, qu’il a à y faire face. Or, pour qui entend ce que parler veut dire, être-là a le sens obvie de présence effective de quelque chose dans le monde alors que cet étant insigne appelé Dasein « n’a pas et n’a jamais, c’est Heidegger qui le souligne, le genre d’être de ce qui est seulement là-devant à l’intérieur du monde » (p. 43).

Traduire Dasein par être-là, ce serait donc, observe très justement G. Granel  , « prendre l’homme comme on le voit là ». Ce que faisait Frédéric II le jour où il annonçait à ses courtisans : « Messieurs, le vieux Bach est là. » Heidegger n’est pas Frédéric II. La traduction de Dasein par être-là est un contresens.

2) L’autre confusion est celle de Dasein et de Befindlichkeit, disposibilité. Celle-ci est analysée dans le §29. On y voit comment, « mis devant le fait accompli », d’« être », le Dasein « tombe » dans son là (le concept existentialiste de situation   (Jaspers) en avait pressenti quelque chose). Certes, il y a dans la disposibilité, dans l’être-jeté inhérent au Dasein , un certain choc, le « sentiment » de se-trouver-là. Mais nulle part il n’est dit que le Dasein se réduirait à la seule structure du se-trouver-là – sinon il faudrait dire que la peur, mode insigne de la disposibilité, inspire au Dasein l’irrésistible envie de ne plus être là!

Qu’il suffise – pour en finir avec l’être-là – de rappeler que Heidegger n’a pas manqué de s’intéresser aux traductions françaises de ses livres et qu’il a toujours catégoriquement récusé la traduction de Dasein par être-là. Dans sa lettre à J.-M. Palmier du 9 mai 1972, il écrit en toutes lettres que Dasein « ne peut être traduit par être-là ». Il serait temps d’en tenir compte.

[VEZIN  , François. "Le mot Dasein", in HEIDEGGER, Martin. Être et temps. François Vezin; Rudolf Boehm. Paris: Gallimard, 1995]


Ver online : François Vezin


[1De l’existentialisme à Heidegger, éd. Vrin, Paris, 1986, p. 17.