Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Romano (EM:8-9) – o evento antes de qualquer coisa

domingo 17 de março de 2024

destaque

A partir do momento em que interpretamos qualquer manifestação relacionando-a com um sujeito, por exemplo, qualquer "ação" relacionando-a com um agente, qualquer "efeito" relacionando-o com uma "causa", postulamos também implicitamente que "tudo o que acontece se comporta predicativamente em relação a um sujeito". A atribuição do acontecimento a um substrato ôntico é acompanhada por uma redução do acontecimento a um "predicado" puro e simples, que é consequentemente dito de um "sujeito". No exemplo citado por Nietzsche  : "o relâmpago brilha", o brilho não é aqui pensado no seu sentido puramente verbal como um acontecimento que se mostra como tal e se manifesta a partir de si mesmo, mas como um "predicado", uma "propriedade" que manifesta outra coisa, nomeadamente o seu substrato ôntico, designado aqui pelo sujeito lógico da proposição: o relâmpago. Ora, é precisamente nesta transformação do acontecimento em predicado que reside, segundo Nietzsche, o profundo "erro" e "mitologia" veiculados pela linguagem; aos acontecimentos como "modificações de nós próprios" "sobrepusemos uma entidade à qual estão ligados, isto é, colocamos a ação como agindo e o agindo como ente" [Nietzsche, Nachgelassene Fragmente, 1885-1887, fragmento 2 (84)]. Aquilo a que chamamos "relâmpago" não é um "ente" que possuiria um certo modo de ser, pois não é de todo um ente, mas "é" precisamente nada mais do que o próprio relâmpago: é o "ter-lugar" do acontecimento que dá origem à "coisa", e não o contrário; é a verbalidade do verbo donde deriva o sujeito, em vez de o verbo ser aqui concebido como aquilo que exprime a "ação" de um agente.

original

L’événement avant toute chose : Nietzsche aura tenté d’en rendre possible l’approche en dénonçant la « grammaire métaphysique » qui régit les propositions ontologiques dans lesquelles l’événement apparaît d’emblée subordonné à l’étant, replié et réduit à une propriété de celui-ci. Ce qui caractérise, affirme Nietzsche, un événement tel que « l’éclair luit », rendu ici par un verbe, le verbe « luire », c’est qu’il met radicalement en question les distinctions ontologiques qui affectent l’étant en son étance : « Quand je dis : “l’éclair luit”, j’ai posé le luire une fois comme activité et une seconde fois comme sujet: j’ai donc supposé sous l’événement (Geschehen  ) un être (Sein  ) qui ne se confond pas avec l’événement mais, bien plutôt, demeure, est, et ne “devient” pas. — Poser l’événement comme agir : et l’action comme être : telle est la double erreur, ou interprétation, dont nous nous rendons coupables. Ainsi, par exemple, “l’éclair luit” — : [9] “luire” est un état qui nous affecte, mais nous ne l’appréhendons pas comme action sur nous, et nous disons : “quelque chose de luisant”, comme un “En-soi”, et nous lui cherchons un auteur, l’“éclair”. » [1]

Dans ce fragment, Nietzsche s’attaque à ce qu’il nomme une « croyance fondamentale », « cette croyance selon laquelle il y a des sujets » [2]. Dès que l’on interprète, en effet, toute manifestation en la rapportant à un sujet, par exemple toute « action » en la rapportant à un agent, tout « effet » en le rapportant à une « cause », on pose aussi implicitement que « tout ce qui arrive se comporte prédicativement par rapport à un sujet quelconque ». L’assignation de l’evénement à un substrat ontique s’accompagne d’une réduction de l’événement à un pur et simple « prédicat », qui se dit par conséquent d’un « sujet ». Dans l’exemple cité par Nietzsche : « l’éclair luit », le luire n’est pas pensé ici en son sens purement verbal comme un événement qui se montre comme tel et se manifeste soi-même à partir de soi, mais comme un « prédicat », une « propriété » qui manifeste autre chose, à savoir son substrat ontique, désigné ici par le sujet logique de la proposition : l’éclair. Or, c’est précisément dans cette transformation de l’événement en prédicat que résident, selon Nietzsche, l’« erreur » profonde et la « mythologie » véhiculée par le langage ; aux événements en tant que « modifications de nous-mêmes » nous « avons surimposé une entité à quoi elles sont attachées, c’est-à-dire que nous avons posé l’action comme agissantes, l’agissant comme étant» [3]. Ce que nous appelons l’« éclair » n’est pas un « étant » qui posséderait un certain mode d’être, car il n’est pas du tout un étant mais n’« est » précisément rien d’autre que le luire lui-même : c’est l’« avoir-lieu » de l’événement qui donne lieu à la « chose », et non pas le contraire ; c’est la verbalité du verbe dont dérive le sujet, au lieu que le verbe soit conçu ici comme ce qui exprime « l’action » d’un agent.

[ROMANO  , Claude. L’événement et le monde. Paris: PUF, 1998]


Ver online : CLAUDE ROMANO


[1Nietzsche, Nachgelassene Fragmente, 1885-1887, Kritische Studienausgabe 12, herausgegeben von G. Colli und M. Montinari, DTV, de Gruyter, München, Berlin/New York, 1988, fragm. 2 (84), p. 104, trad. fr. de Julien Hervier (modifiée), in Fragments posthumes, 1885-1887, p. 110-111.

[2Ibid, fragm. 2 (83), trad. fr., O.C., XII, p. 109.

[3Ibid., fragm. 2 (84), trad. fr., O.C., XII, p. 110.