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Mattéi (2001:53-55) – as quatro causas aristotélicas

quinta-feira 11 de janeiro de 2024, por Cardoso de Castro

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Este conjunto de quatro causas é claramente, para usar o termo do próprio Aristóteles   (delon), um sistema completo e fechado; o autor da Metafísica não se cansa de voltar a ele, denunciando a insuficiência dos seus predecessores. Podemos hesitar quanto ao número de categorias e à sua completude, como faz Pierre Aubenque   quando defende que a tabela de categorias é fixada num "número arbitrário" e que é "inacabada" na medida em que testemunha o caráter aberto do nosso discurso sobre as coisas. Por outro lado, não pode haver dúvidas quanto ao caráter fechado das quatro causas que uma interpretação recente da biologia aristotélica designa apropriadamente por "sistema saturado de quatro elementos". Um tal sistema é suficientemente geral para desempenhar um papel no domínio biológico (Das Partes dos Animais), no domínio lógico (Segundos Analíticos), no domínio cosmológico (Física) e no domínio que mais tarde será designado por "metafísica", que diz respeito, na sua maior generalidade, ao ente enquanto ente.

original

Aux premières pages de la Métaphysique, en effet, Aristote avance que la « sagesse » (sophia  ) traite « des premières causes et des premiers principes » (peri tinas aitias kai archas), c’est-à-dire du « suprême connaissable »  . Aussi est-il conduit, pour définir la philosophie   comprise comme la science maîtresse qui connaît toute chose en vue de sa fin, donc de son bien, à rechercher les différents types de causes parmi lesquelles se trouve précisément le bien. La Métaphysique s’ouvre donc sur un véritable Livre des Causes qui vont s’inscrire, l’une après l’autre, dans une théorie au sens propre du terme : elles viennent pourrait-on dire en députation, à travers l’histoire des prédécesseurs d’Aristote, s’inscrire dans un même cortège sous le regard du Stagirite. Et ces premières causes sont ici identifiées aux premiers principes, les termes d’aitia   et d’archè étant considérés comme réciproques. C’est ce que précise sans ambiguïté le chapitre premier du livre d consacré à l’étude du « principe » (arche  ) : « Les causes se prennent sous autant d’acceptions que les principes, car toutes les causes sont des principes. »   Aristote ajoute aussitôt après que leur caractère commun, c’est d’être l’« initial » (to proton) à partir duquel il y a soit « ce qui est » (estin), l’être, soit « ce qui devient » (gignetai), le devenir, soit « ce qui est connu » (gignosketai), la connaissance.

En commentant ce texte, dans son article de 1929, Ce qui fait l’être essentiel d’un fondement ou « raison »  , Heidegger cherche à savoir ce que ces trois fondements – le fondement de l’essence, le fondement de l’existence et le fondement de la vérité – possèdent en commun, dans l’unité du terme archè, et rapproche cette tripartition générale des « principes » d’une autre partition, quadruple cette fois, celle des « causes ». On la trouve exposée, sous sa forme systématique, au chapitre III du livre A de la Métaphysique ainsi qu’au chapitre III de la Physique qui est reproduit, dans sa quasi-totalité, au chapitre II du livre d de la Métaphysique. Aristote distingue, d’entrée de jeu, quatre classes de causes :

« Or les causes se disent en quatre sens. En un sens, par cause, nous entendons la substance formelle ou quiddité (en effet, la raison d’être d’une chose se ramène en définitive à la notion [logos  ] de cette chose, et la raison d’être première est cause et principe) : en un autre sens encore, la matière est la cause et le substrat [hypokeimenon  ] ; en un troisième sens, c’est le principe d’où part le mouvement ; en un quatrième, enfin, qui est l’opposé du troisième, la cause, c’est la cause finale ou le bien (car le bien est la fin de toute génération et de tout mouvement). »

Le texte du livre II de la Physique se montre encore plus précis quant au nombre des causes qu’Aristote souligne avec insistance :

« Qu’il y ait des causes et que le nombre en soit tel que nous le disons, c’est ce qui est évident : car c’est ce nombre (ton arithmon) qu’embrasse le pourquoi. En effet, le pourquoi se ramène, en fin de compte, soit à l’essence (to ti estin  ) […], soit au moteur prochain (to kinesan proton) […], soit à la cause finale (tinos eneka) […], soit, pour les choses qui sont engendrées, à la matière (hyle  ). Voilà donc, manifestement, quelles sont les causes et quel est leur nombre. Puis donc qu’il y a quatre causes (ai aitiai tettares), il appartient au physicien de connaître de toutes et, pour indiquer le pourquoi en physicien, il le ramènera à elles toutes : la matière (ten hylen), la forme (to eidos  ), le moteur (to kinesan), la cause finale (to ou eneka). »

Cet ensemble de quatre causes constitue à l’évidence, pour reprendre le terme même d’Aristote (delon), un système complet et fermé ; l’auteur de la Métaphysique ne se lasse pas d’ailleurs d’y revenir en dénonçant l’insuffisance de ses prédécesseurs. On peut hésiter sur le nombre des catégories et leur achèvement, comme le fait Pierre Aubenque en soutenant que la table des catégories est arrêtée à « un nombre arbitraire » et qu’elle se trouve « inachevée » dans la mesure où elle témoigne du caractère ouvert du discours que nous tenons sur les choses  . En revanche, on ne saurait mettre en doute le caractère fermé des quatre causes qu’un interprète récent de la biologie   aristotélicienne nomme avec justesse un « système saturé à quatre éléments »  . Un tel système est suffisamment général pour jouer dans le domaine biologique (Des parties des animaux), dans le domaine logique (Seconds analytiques), dans le domaine cosmologique (Physique) et dans le domaine qui portera plus tard le nom de « métaphysique » et qui concerne, dans sa plus grande généralité, l’étant en tant qu’étant.

Quelles que soient les différentes perspectives d’Aristote, qui le conduisent, selon les cas, à privilégier telle ou telle cause, à les réduire à trois, à deux, puis finalement à une, à savoir la cause formelle, il paraît indéniable que le groupe des quatre causes, ordonnées explicitement deux à deux – la forme et la matière, d’une part, la cause motrice, « principe d’où part le mouvement », et la cause finale, « qui est l’opposée », de l’autre – fait contraste, de son allure « symphonique », avec la table des catégories dont Kant   dénonçait le caractère « rhapsodique ». Ce n’est donc pas du côté des catégories qu’il faut aller chercher l’« ontologie   » d’Aristote, ou du moins sa « philosophie première », clairement définie comme la science « des premières causes et des premiers principes », mais bien du côté des causes comme le fera Heidegger. Aristote constate d’ailleurs avec satisfaction, au dernier chapitre du livre A, qu’il est le seul philosophe à les avoir mentionnées en leur entier :

« Que les causes que nous avons énumérées dans la Physique soient celles-là mêmes que tous les philosophes ont, semble-t-il, cherchées, et qu’en dehors de ces causes, nous n’en puissions nommer d’autres, les considérations qui précèdent le montrent avec évidence. » 


Ver online : Jean-François Mattéi


MATTÉI, Jean-François. Heidegger et Hölderlin. Le Quadriparti. Paris: PUF, 2001