Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Haar (1985:25-26) – A Terra é mais antiga que Adão

segunda-feira 5 de fevereiro de 2024

detalhe

A Terra é mais antiga que Adão, mais antiga que a História. E, no entanto, a Terra não é "pura Natureza". Embora apareça na epoche   e na clareira do ser como todo ente, não se reduz a um ente nem sequer ao epocal, mas retém-se a si mesma, como ser, conservando assim uma dimensão extra-epocal. Histórica e, no entanto, não histórica, ela aparece como o solo mais elementar do mundo, como o seu corpo, ao qual o nosso corpo está necessariamente ligado.

A Terra, como base oculta do mundo, surge como essencialmente opaca e fechada em si mesma. Como está manifestamente fechada em si mesma, apresenta ao Aberto a sua maior contrariedade: "a sua mais forte resistência e, portanto, precisamente o lugar da sua mais constante estabilidade". No entanto, esta estabilidade só se revela e se realiza na abertura do ser. Por outras palavras, a Terra não tem "em si" o poder de fornecer um fundamento; é preciso primeiro descobrir um estabelecimento de verdade — particularmente numa obra de arte — antes que o fundamento da Terra possa ser revelado através dela. Este pensamento é o oposto da concepção romântica da Natureza, que a vê como uma fonte última e autônoma de criação. A Terra é uma fonte [25] e um recurso, mas apenas na medida em que é trabalhada e entra num mundo. Heidegger não reconhece o poder da natureza sobre o ser. A natureza está no ser, não o ser na natureza. Assim, a facticidade do corpo humano, enquanto fisiologia, é sempre retomada e transcendida numa compreensão do ser e numa tonalidade afectiva, que de certa forma envolvem o corpo.

original

La Terre est plus vieille qu’Adam, plus vieille que l’Histoire. Et pourtant elle n’est pas «pure Nature». Apparaissant, comme tout étant, dans l’épochè et l’éclaircie de l’être, elle ne réduit pas à de l’étant ni même à de l’époqual, mais se tient elle-même en retrait, comme l’être, préservant ainsi une dimension extra-époquale. Historiale et pourtant non historiale, elle apparaît comme l’assise la plus élémentaire du monde, comme son corps, auquel notre corps doit se rattacher nécessairement.

Soubassement caché du monde, la Terre y émerge comme essentiellement opaque et retirée en soi. En tant que manifestement refermée sur elle-même, elle présente à l’Ouvert sa plus haute contrariété : « sa résistance la plus forte et ainsi justement le lieu de sa stabilité la plus constante. » Pourtant cette stabilité porteuse ne se révèle et ne s’accomplit qu’à l’intérieur de l’ouverture de l’être. Autrement dit, la Terre ne dispose pas « en soi » du pouvoir de donner assise; il faut d’abord qu’une instauration de vérité se découvre — et notamment dans une œuvre d’art — pour que se révèle à travers elle, l’assise terrestre. Cette pensée se situe à l’opposé d’une conception romantique de la Nature, qui voit en elle une source ultime et autonome de création. La Terre est source [25] et ressource, mais seulement dans la mesure où elle est œuvrée et où elle entre dans un monde. Heidegger ne reconnaît pas à la nature de pouvoir sur l’être. La nature est dans l’être, et non pas l’être dans la nature. Ainsi la facticité du corps humain, comme physiologie, se trouve toujours reprise et transcendée dans une compréhension de l’être et une tonalité affective, qui enveloppent en quelque sorte le corps.

Il est fondamental que le concept de Terre — absent de Sein und Zeit  , où la nature se réduit à un « étant-subsistant » et où lu temporalité « ekstatique » consomme le déracinement de lu philosophie   transcendantale — soit élucidé pour la première fois à propos de l’interprétation de l’œuvre d’art. Issue d’une lutte jamais apaisée entre un monde époqual et une terre, l’œuvre, outre sa configuration qui appartient au monde, rend manifeste une « terre » qui auparavant n’était pas visible. Ce concept de terre ne fusionne pas simplement les significations traditionnellement distinctes du « matériau » et de la « nature », mais les fait communiquer. Ainsi le temple grec décrit dans l’essai sur l’Origine de l’Œuvre d’art ne renvoie pas seulement à un monde culturel, ne met pas seulement en relief une pierre, mais fait aussi apparaître, par contraste, la nature tout entière. « L’éclat et la lumière de sa pierre, qu’apparemment elle ne tient que par la grâce du soleil, font ressortir la clarté du jour, l’immensité du ciel, les ténèbres de la nuit. » Cette nature est bien la nature tout entière plantes et animaux compris, comme le précise un peu pjus loin le texte — mais non pas la nature en soi ou en général, car elle est toujours aussi historialement déterminée : comme Phusis  , s’il s’agit des Grecs, ou comme sol natal de tel ou tel peuple.

[HAAR  , Michel. Le Chant de la Terre. Heidegger et les assises de l’histoire de l’être. Paris: Herne, 1985]


Ver online : Michel Haar