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Beiträge zur Philosophie [GA65]

Fédier (GA65:Note) – lichten (allégir)

Note de traduction

terça-feira 23 de maio de 2023, por Cardoso de Castro

Allégir, à la différence d’alléger, signifie en effet non pas ôter à quelque chose une partie de son poids, mais bien plus finement: lui ôter tout ce qu’il a de pesant – et, en ce sens, lui restituer sa légèreté native (ce qui sous-entend que l’on regarde désormais tout ce qui est de telle sorte qu’on le voie pour ainsi dire en état de lévitation).

Was nichtet, lichtet   sich als das Nichthafte   (GA 9, 359)

Avant de traduire, commençons par observer la phrase. Elle articule deux des termes avec lesquels ce que pense Heidegger arrive à la limite du dicible.

1°) Le verbe « nichten ».

2°) Le verbe « lichten ».

Notons d’abord : les deux ne diffèrent que par une seule lettre.

Remarquons ensuite : les deux parlent de l’estre à titre d’avenance (Ereignis  ), et non de l’être de ce qui est; ils parlent donc à partir de l’estre : soi : même. (On me dispensera de rien ajouter ici au sujet de ce qu’il faut entendre par « estre : soi : même »).

L’estre (pouvons-nous peut-être risquer en français) este [1] et non pas « est ». Or estre, pour l’estre, c’est aussi bien nickten que lichten.

Dans la phrase citée, ce qui est tout à fait suggestif, c’est le rapprochement des deux verbes, que ne sépare plus qu’une simple virgule : Was nicktet, lichtet sich… (Approchons-nous, avant même de traduire : « Ce qui nicktet, cela s’allégit… »).

Comme le verbe allégir existe en notre langue, et dans une acception hautement suggestive, il suffit de comprendre ce que c’est qu’un allégissement pour commencer à entrevoir ce que pense Heidegger. Précisons donc que allégir – verbe essentiellement inchoatif – est le doublet d’alléger (tous deux issus du vieux français alegier, lui-même venant du bas latin adleviare où parle levis, le léger).

La merveille est que ce soit pour dire des pratiques artisanales très spécifiques que le verbe allégir s’est maintenu dans notre langue. Pour ma part, je l’ai découvert chez le poète Robert Marteau (lequel, soit dit en passant, est un admirable conservateur des infinies ressources que recèlent quantité de mots encore naguère employés par les gens d’un pays qui s’est mis sous nos yeux à rétrécir plus vite que peau de chagrin).

Allégir, à la différence d’alléger, signifie en effet non pas ôter à quelque chose une partie de son poids, mais bien plus finement: lui ôter tout ce qu’il a de pesant – et, en ce sens, lui restituer sa légèreté native (ce qui sous-entend que l’on regarde désormais tout ce qui est de telle sorte qu’on le voie pour ainsi dire en état de lévitation).

Regardons maintenant de plus près ce qu’écrit Heidegger :

Was nicktet, lichtet sich als das Nichthafte. Dieses kann im « Nein » angesprochen werden  . Das « Nicht » entspringt keinesfalls aus dem Nein-sagen   der Negation  . Jedes « Nein », [597] das sich nicht als eigenwilliges Pochen auf   die Setzungskraft der Subjektivität   mißdeutet, sondern ein sein  -lassendes der Ek-sistenz   bleibt, antwortet auf den Anspruch   des gelichteten Nichtens. Alles Nein ist nur die Bejahung des Nicht.

Passons à la traduction :

« Ce qui [au cœur de l’estre] s’accomplit en nullition, cela s’allégit à titre de ce qui a rapport au “ne… pas”. Cela peut être approché [jusqu’à le toucher] dans le fait de dire “non”. (…) »


Ver online : François Fédier


[1Voir supra, p. 98. Nous pouvons quant à nous distinguer commodément le verbe « estre » du verbe « être », en retirant sa première lettre au verbe rester. Dès lors – à condition de n’omettre jamais que cette conjugaison ne s’applique et ne sied qu’au seul verbe estre (ce qui implique des conséquences quant à l’extension de ce que l’on conjugue) – on peut dire et articuler le verbe estre à tous les temps et tous les modes – à l’exception de l’infinitif.