Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Fédier (2010:166-168) – kairos

sábado 16 de dezembro de 2023

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Como é que a temporalidade original pode ser divulgada sob a forma de tempo vulgar? No tempo vulgar, o passado não é mais do que o conjunto dos agoras que não mais são. Deixar de ser não é nada, mas lembrança. A lembrança está, como diz Santo Agostinho  , na alma.

Mas o passado autêntico, aquele que é capaz de animar uma repetição, não está apenas na lembrança, mas: em realidade. Para nós, humanos, "em realidade" significa: tal que isso entra em presença. As três ek-stases temporais estão unificadas nesta entrada em presença. Este é o sentido original da temporalidade própria do presente: estar junto de… Em este presente - que já não é temporal   de todo no sentido vulgar do termo, manifesta-se o fenômeno concreto do grego kairos  : o momento propício. Chantraine ensina-nos que o significado primário de kairos é "o ponto certo que toca a meta". Kairikos [que é da ordem de kairos] quer dizer: de estação. […]

Bem se diz também: não é o momento, indicando uma espécie de anti-kairos. Quando é o momento, há um presente autêntico. Aqui vemos claramente como o agora é a revelação do fenômeno.

[…]

Decadência [Verfall] indica uma estrutura existencial do Dasein  , o fato de o Dasein não poder permanecer no mesmo lugar. O tempo vulgar decai da temporalidade original. Na própria decadência, que é um fenômeno, o ser humano decai da possibilidade de ser ele mesmo, para (não cair, mas) decair enquanto ditadura do "impessoal" [das Man  ]. O fato de sermos todos atualmente medidos pela bitola do "impessoal" [do a-gente] é nossa decadência, [167] ou nosso lote. A decadência é, como diz Heidegger, um "modo existencial de ser-no-mundo".

O tempo vulgar é a compreensão por cada um de nós, na medida em que não somos nós mesmos, mas anonimamente "a-gente", da temporalidade do nosso Dasein. Esquecemo-nos de quem somos. O esquecimento é simplesmente uma modificação do ser-no-passado. O esquecimento é uma relação estranha, mas fundamentalmente real, com o passado. Só posso esquecer algo que tenha sido meu, isto é, algo que para mim tenha estado presente. Mas presente, aqui, não pode ter o significado neutro de agora: só posso esquecer aquilo que me foi um presente (a fulguração da minha relação com o ser).

Original

Comment la temporellité originale peut-elle être divulguée sous forme de temps vulgaire? Dans le temps vulgaire, le passé n’est plus que l’ensemble des maintenant qui ne sont plus. Ne plus être n’est pas rien, mais souvenir. Le souvenir est, comme le dit saint Augustin, dans l’âme.

Mais le passé authentique, celui qui est capable d’animer une répétition, il n’est pas seulement dans le souvenir, mais : en réalité. Pour nous autres hommes, «en réalité» cela signifie : tel que cela entre en présence. Les trois ek-stases temporelles s’unifient dans cette entrée-en-présence. Tel est le sens original de la temporellité propre au présent : être auprès de… En ce présent — qui n’est plus [166] du tout temporel au sens vulgaire du terme, se manifeste le phénomène concret du καιρός grec : le moment propice. Chantraine nous enseigne que le sens premier de καιρός, c’est «le point juste qui touche au but». Καιρικός [ce qui est de l’ordre du καιρός] veut dire : de saison. Le cardinal de Retz écrit :

« Je ne pense pas qu’on puisse blâmer avec justice la dissimulation du comté, parce que dans les affaires où il s’agit de notre propre vie et de l’intérêt général de l’État, la franchise n’est pas une vertu de saison.»

On dit bien aussi : ce n’est pas le moment, indiquant ainsi une sorte d’anti-καιρός. Quand c’est le moment, il y a présent authentique. On voit ici clairement comment le maintenant est la divulgation du phénomène.

Mais nous parlons depuis plusieurs séances de divulgation. Redisons que ce terme n’a aucune valeur péjorative. La divulgation est la mise au jour pour tous (en tant que tous ne sont pas chacun). Elle parle de manière à être intelligible pour tous. Si le phénomène est la « saison », sa divulgation est le maintenant. Quelle colossale différence entre des maintenant et le rapport de contemporanéité, ou de co-originarité des trois ek-stases temporelles !

Cependant, entre l’une et l’autre, il y a un rapport très précis, que Heidegger décrit par le mot Verfall, que l’on peut rendre par le mot de «déval». Verfall indique une structure existentiale du Dasein, le fait que le Dasein ne peut pas rester à la même place. Le temps vulgaire dévale de la temporellité originale. Dans le déval lui-même, qui est un phénomène, l’être humain dégringole de la possibilité d’être soi-même, pour (non pas déchoir mais) échoir comme dictature du «on». Que nous soyons tous actuellement mesurés à l’aune du «on», c’est notre échéance, [167] ou notre lot. Le déval, ou l’échéance, est, dit Heidegger, un «mode existential d’être au monde».

Le temps vulgaire est la compréhension par chacun de nous en tant que nous ne sommes pas nous-mêmes, mais anonymement «on», de la temporellité de notre Dasein. On oublie qui nous sommes. Oublier n’est qu’une modification d’être au passé. Oublier est un rapport étrange, mais fondamentalement réel, au passé. Je ne puis oublier que quelque chose qui a été mien, c’est-à-dire qui a été pour moi présent. Mais présent, ici, ne peut avoir le sens neutre de maintenant : je ne puis oublier que ce qui m’a été un présent (fulguration de mon rapport à l’être).

[FÉDIER, François. Le temps et le monde: de Heidegger à Aristote  . Paris: Pocket, 2010]


Ver online : François Fédier