Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Descombes (2014:C3) – o quê e o quem

sábado 3 de fevereiro de 2024

destaque

Sabemos que Heidegger defende que as noções clássicas de ser e de existência são equívocas. A filosofia herdada interpreta-as utilizando o par conceitual correspondente em latim às duas palavras quid   e quod. Podemos dizer de uma coisa o que ela é (quid   est), e também podemos dizer que existe ou que é (quod est). Assim, contrapomos a questão da existência (an est ?, existe?) à questão da essência (quid est ?, o que é?). A questão an est ? dá conteúdo à noção tradicional de existentia  . Onde a tradição fala de existência, Heidegger falará de presença ou presença disponível (Vorhandenheit  ) , de modo a reservar a palavra "existência" para um uso que se aplica apenas a nós, ao tipo de seres (ou "entes") que nós próprios somos. Para introduzir estas distinções, recorda que temos duas palavras interrogativas, uma para as coisas (o quê?), outra para as pessoas (quem?). O fato de existirem estes dois modos de ser está, portanto, já marcado, segundo ele, pela forma como colocamos questões elementares: "O ente é um quem (existência) ou um quê (presença em sentido lato). "

Numa conferência no verão de 1927, Heidegger chegou mesmo a cunhar um termo especial para designar a questão do ser colocada em relação a uma pessoa. Uma vez que o vocabulário escolástico fornece o termo "quiddidade" — em alemão "die Washeit" — para designar a resposta à pergunta "O que é esta coisa?", então poderíamos dizer em alemão "die Werheit", literalmente o "ser-aí" ou a "quissidade", para designar a resposta à pergunta "Quem é este?" (uma pergunta necessariamente feita sobre aquilo que partilha o mesmo modo de ser que nós).

original

L’idée d’une étape non dogmatique de la démonstration cartésienne était promise à un grand avenir. Plusieurs commentateurs récents ont souligné que Descartes  , dans les Méditations métaphysiques, échappait — au moins pour un temps, à savoir pour l’essentiel pendant la IIe Méditation — à ce qu’ils tiennent pour les contraintes de la métaphysique traditionnelle. Ici, l’influence de Heidegger a été décisive.

On sait que Heidegger soutient que les notions classiques d’être ou d’existence sont équivoques. La philosophie   héritée les interprète à l’aide du couple conceptuel correspondant en latin aux deux mots quid et quod. On peut dire d’une chose ce qu’elle est (quid est), et on peut aussi dire qu’il y en a ou qu’elle est (quod est). Ainsi oppose-t-on la question de l’existence (an est ?, est-ce que cela existe ?) à la question de l’essence (quid est ?, qu’est-ce que c’est ?). La question an est ? donne son contenu à la notion traditionnelle d’existentia. Là où la tradition   parle d’existence, Heidegger va parler de présence ou de présence disponible (Vorhandenheit) [1], de façon à réserver le mot « existence » pour un usage qui ne vaut que pour nous, pour la sorte d’êtres (ou d’« étants ») que nous sommes nous-mêmes. Pour introduire ces distinctions, il fait remarquer que nous avons deux mots interrogatifs, l’un pour les choses (quoi ?), l’autre pour les personnes (qui ?). Qu’il y ait ces deux modes d’être, cela est donc déjà marqué selon lui par la façon dont nous posons les questions élémentaires : « L’étant est un qui (existence) ou un quoi (présence dans le sens le plus large) [2]. »

Dans un cours de l’été 1927, Heidegger a même été jusqu’à forger un terme spécial pour désigner la question de l’être posée à propos d’une personne. Puisque le vocabulaire scolastique fournit le terme « quiddité » — en allemand « die Washeit » —, pour désigner la réponse à la question « Qu’est-ce que c’est que cette chose ? », alors on pourrait dire en allemand « die Werheit », littéralement l’« être-qui » ou la « quissité », pour désigner la réponse à la question « Qui est-ce ? » (question forcément posée à propos de ce qui partage le même mode d’être que nous) [3].

Il me faut marquer d’emblée une première perplexité à propos de cette dichotomie du quoi et du qui. Heidegger explique dans le cours en question : « La réponse à la question “qui ?” ne donne pas une res, mais un Je, un Tu, un Nous [ein Ich  , Du, Wir] [4]. » Cette traduction est déroutante. Si la question posée est par exemple : « Qui fera ce travail ? », la réponse pourra en effet tenir dans un pronom personnel, mais elle ne sera pas « Je » ou « Tu », mais plutôt « Moi », « Toi » (ou, plus complètement « C’est moi qui le ferai », « C’est toi », etc.). Il faudrait donc dire qu’en français la réponse appelle au singulier un Moi ou un Toi.

Plus dérangeante, une seconde perplexité nous arrête. Devant une chose, nous demandons ce qu’elle est (question de la quiddité). Devant une personne, nous demandons qui elle est (question de la Werheit). Mais, si la question sur l’être d’une personne est portée par le mot « qui ? », elle est une question d’identité. Or la réponse qu’appelle une question d’identité ne peut pas être « Je suis moi », « Tu es toi », « Il est lui ». Nous attendons quelque chose comme un nom propre ou un ensemble de descriptions identifiantes (« Je suis Untel », « C’est le plombier », etc.). Est-ce donc une description identifiante que procurent des réponses telles que « Je suis un moi » ou « Je suis ce moi » ?

Ces difficultés, je crois, sont inhérentes à la tradition égologique, comme on peut le confirmer en revenant à Descartes.

[DESCOMBES  , Vincent. Le parler de soi. Paris: Gallimard, 2014]


Ver online : Vincent Descombes


[1Sur les raisons de ne pas reprendre la traduction interprétative de « Vorhandenheit » par « être sous la main », voir les remarques de Françoise Dastur dans Heidegger et la question du temps, Paris, PUF, 1990, p. 124.

[2« Seiendes ist ein Wer (Existenz) oder ein Was (Vorhandenheit im weitesten Sinne). » (Martin Heidegger, Sein und Zeit, Tübingen, Max Niemeyer, 1967, § 9, p. 45.)

[3Martin Heidegger, Les Problèmes fondamentaux de la phénoménologie, trad. Jean-François Courtine, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de philosophie, 1985, p. 151. « Quissité » est le mot que propose Courtine pour traduire ce néologisme Werheit (lequel serait un hapax dans le corpus heideggérien selon Vincent Carraud, L’Invention du moi, op. cit., p. 256).

[4Ibid.