Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Patocka (1995:151-152) – a reciprocidade do outro

terça-feira 9 de janeiro de 2024

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A reciprocidade do outro é a maneira pela qual vivemos com ele e nele. Temos "necessidade" do outro, não como uma mera existência, um ser que persiste, mas na sua função, na sua ação sobre nós, na reciprocidade em que nós próprios somos para ele não menos do que ele é para nós. Esta reciprocidade desapareceu, deixando um vazio; de repente, há um muro contra o qual o nosso habitus de reciprocidade se choca. De diferentes formas e em diferentes graus, "fizemo-nos" para o outro; outro que se tornou um órgão extrínseco da nossa própria vida. A estrutura complexa desta relação foi muito bem caracterizada por Kojève na sua interpretação de Hegel  : necessitamos da necessidade do outro, é isso que constitui o modo de vida mais positivo na reciprocidade. Necessitamos que o outro necessite a nós, por isso nós mesmos nos apoiamos nele, no nosso estado de necessidade, e só assim satisfazemos a necessidade mais essencial que temos, a nossa necessidade do outro: somos para o outro o mesmo que ele é para nós. A necessidade da necessidade do outro é, em si mesma, o fato fundamental da reciprocidade. Temos necessidade de ser o preenchimento do vazio do outro; se isso acontece, o nosso próprio vazio — a nossa necessidade — é preenchido. Este preenchimento tem um caráter singular. […] A necessidade não deve ser eclipsada, mas, pelo contrário, aguçada, constantemente renovada: esta é também a razão pela qual a necessidade do outro tem um caráter de atualização contínua. Assim que a necessidade deixa de ser sentida, segue-se a desilusão.

Erika Abrams

La réciprocité de l’autre est la manière dont nous vivons avec lui et en lui. Nous avons « besoin » de l’autre, non pas comme simple existence, être qui persiste, mais dans sa fonction, dans son action sur nous, dans la réciprocité au sein de laquelle nous-mêmes sommes pour lui non moins que lui pour nous. Cette réciprocité a disparu en laissant un vide ; il l’a là soudain un mur auquel se heurte notre habitus de réciprocité. De différentes manières et à divers degrés, nous nous étions « faits » à l’autre, devenu ainsi comme un organe extrinsèque de notre vie propre. La structure complexe de ce rapport a été fort bien caractérisée par Kojève dans son interprétation de Hegel   [1] : nous avons besoin du besoin de l’autre, voilà ce qui constitue le mode le plus positif de la vie dans la réciprocité. Nous avons besoin que l’autre ait besoin de nous, nous-mêmes prenons donc appui sur lui dans notre état de besoin et, par là seulement, donnons satisfaction au besoin le plus essentiel que nous ayons, à notre besoin d’autrui : nous sommes pour l’autre la même chose que lui pour nous. Le besoin du besoin de l’autre est en lui-même le fait fondamental de la réciprocité. Nous avons besoin d’être le remplissement du vide d’autrui ; si cela se produit, notre propre vide — notre besoin — s’en trouve rempli. Ce remplissement a un caractère singulier. Ce n’est pas, comme Sartre   l’affirme à tort, un passage au simple être de l’objet, nous ne nous faisons pas objet pour nous rendre maîtres de la liberté de l’autre ; c’est, au contraire, un remplissement par le vide. Le besoin ne doit pas s’éclipser, mais au contraire s’aiguiser, se renouveler constamment : c’est aussi la raison pour laquelle le besoin de l’autre a un caractère d’actualisation continuelle. Dès lors qu’il se produit sous ce rapport un « assouvissement » effectif, dès lors que le besoin ne se fait plus ressentir, il s’ensuit une déception.

Le besoin de l’autre est donc 1° essentiellement un besoin de l’étant actuel de l’autre dans la réciprocité ; 2° il est d’autant mieux satisfait que le besoin, c’est-à-dire l’insatisfaction de l’autre et par conséquent — étant donné la réciprocité — notre propre insatisfaction sont plus puissantes. A travers le besoin de l’autre, nous avons besoin aussi de notre propre besoin et de notre propre insatisfaction. C’est pourquoi, dans le rapport correspondant à cette structure, le désir, loin de s’émousser, va s’intensifiant ; il ne se dégrade pas en la simple satisfaction d’un besoin matériel, du besoin d’une chose, telle ou telle, comme par exemple la faim, l’inquiétude sexuelle, le besoin de se réchauffer et de se mettre à couvert des intempéries.

[PATOCKA  , Jan. Papiers phénoménologiques. Grenoble: Jérôme Millon, 1995]


Ver online : Philo-Sophia


[1Cf. A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1947, p. 368, 497 et passim. (N.d.T.)