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Totalité et Infini

Levinas (1991:i-iv) – Além da ontologia

Préface à edição alemã

terça-feira 20 de junho de 2023, por Cardoso de Castro

Além do em-si e do para-si do desvelado, eis a nudez humana, mais exterior que o fora do mundo das paisagens, das coisas e das instituições, a nudez que clama sua estranheza ao mundo, sua solidão, a morte dissimulada em seu ser ela clama, no aparecer, na vergonha de sua miséria oculta, ela clama a morte na alma; a nudez humana me interpela ela interpela o eu que sou ela me interpela de sua fraqueza, sem proteção e sem defesa, de nudez; mas ela me interpela também de estranha autoridade, imperativa e desarmada, palavra de Deus e verbo sem face humana.

Ce livre conteste que la synthèse du savoir, la totalité de l’être embrassée par le moi transcendantal, la présence saisie dans la représentation et le concept et l’interrogation sur la sémantique de la forme verbale de l’être stations inévitables de la Raison soient les instances ultimes du sensé. Ramènent-elles ou mènent-elles à la capacité d’assurer l’accord d’un monde et de manifester ainsi la Raison jusqu’au bout? La raison jusqu’au bout ou la paix entre les hommes. A cette paix ne suffit peut-être pas de dé-voiler toutes choses et de les affirmer et confirmer, à leur place en soi et pour soi dans le vrai où elles paraissent en original, chez elles comme garanties, et où dans leur extériorité même déjà elles se montrent mais, par là, viennent sous la main et se prennent et se comprennent et se disputent entre les hommes et se possèdent et s’échangent et peuvent être utiles aux uns et aux autres. Mais comment les uns viennent-ils aux autres? Le problème de la paix et de la raison est abordé dans Totalité et Infini à partir d’une conjoncture différente et plus ancienne sans doute.

Par-delà l’en soi et le pour soi du dévoilé, voici la nudité humaine, plus extérieure que le dehors du monde des paysages, des choses et des institutions, la nudité qui crie son étrangeté au monde, sa solitude, la mort dissimulée dans son être elle crie, dans l’apparaître, la honte de sa misère cachée, elle crie la mort dans l’âme; la nudité humaine m’interpelle elle interpelle le moi que je suis elle m’interpelle de sa faiblesse, sans protection et sans défense, de nudité; mais elle m’interpelle aussi d’étrange autorité, impérative et désarmée, parole de Dieu et verbe dans le visage humain. Visage, déjà langage avant les mots, langage originel du visage humain dépouillé de la contenance qu’il se donne ou qu’il supporte sous les noms propres, les titres et les genres du monde. Langage originel, déjà demande, déjà, comme telle précisément, misère, pour l’en soi de l’être, déjà mendicité, mais déjà aussi impératif qui du mortel, qui du prochain, me fait répondre, malgré ma propre mort, message de la difficile sainteté, du sacrifice; origine de la valeur et du bien, idée de l’ordre humain dans l’ordre donné à l’humain. Langage de l’inaudible, langage de l’inouï, langage du non-dit. Ecriture!

Ordre qui touche le moi dans son individualité d’étant encore enfermé dans le genre auquel il appartient selon l’être, étant encore interchangeable dans la communauté logique de l’extension du genre, mais déjà réveillé à son unicité d’irremplaçable, ordonné à l’unicité, logiquement indiscernable, de monade, à une unicité d’élu, dans la responsabilité irrécusable qui est amour, en dehors de toute concupiscence, mais amour qui rattache à l’aimé, c’est-à-dire à l’ « unique au monde ».

D’unicité à unicité transcendance; en dehors de toute médiation de toute motivation puisable dans une communauté générique en dehors de toute parenté préalable et de toute synthèse a priori amour d’étranger à étranger, meilleur que la fraternité au sein de la fraternité même. Gratuité de la transcendance-à-l’autre interrompant l’être toujours préoccupé de cet être-même et de sa persévérance dans l’être. Interruption absolue de l’ontologie, mais dans l’un-pour-l’autre de la sainteté, de la proximité, de la socialité, de la paix. Socialité utopique qui commande cependant toute l’humanité en nous et où les Grecs aperçurent l’éthique.

Commandement dans la nudité et la misère de l’autre, qui ordonne à la responsabilité pour l’autre : au-delà de l’ontologie. Parole de Dieu. Théologie qui ne procède d’aucune spéculation sur l’au-delà des arrière-mondes, d’aucun savoir transcendant le savoir. Phénoménologie du visage : remontée nécessaire à Dieu, qui permettra de reconnaître ou de refuser la voix qui, dans les religions positives, parle aux enfants ou à l’enfance de chacun d’entre nous, déjà lecteurs du Livre et interprètes de l’Ecriture.

La recherche où s’engage Totalité et Infini ne consiste certes pas à mettre en question la phénoménologie de l’objet embrassé par sa science, de la présence se prêtant à sa saisie, de l’être reflété dans son idée de ce pensé toujours à la mesure de sa pensée corrélation et correspondance du rigoureux parallélisme néotico-néomatique de l’intentionnalité animant la conscience transcendante dans l’admirable œuvre husserlienne. Et sans doute, le théorétique qui, dans toutes les formes de cette conscience (pensées, selon le testament philosophique de Brentano  ), reste le fondement indispensable ou le mode privilégié de toute conscience qu’elle soit affective, axiologique ou volitive. Mais dans le discours de Totalité et Infini n’a pas été oublié le fait mémorable que, dans sa troisième Méditation de la première philosophie, Descartes   rencontrait une pensée, une noèse, qui n’était pas à la mesure de son noème, de son cogitatum. Une idée qui donnait au philosophe des éblouissements au lieu de se loger dans l’évidence de l’intuition. Pensée pensant plus ou pensant mieux quelle ne pensait selon la vérité. Pensée qui répondait aussi avec adoration à l’Infini dont elle était la pensée. Pour l’auteur de Totalité et Infini ce fut là un grand étonnement après la leçon sur le parallélisme néotico-néomatique dans l’enseignement de son maître Husserl   qui se disait, lui-même, disciple de Descartes  ! Il se demanda alors, si à l’amour de « l’amour-de-la-sagesse », si à l’amour qu’est la philosophie venue des Grecs — n’était chère que la certitude des savoirs investissant l’objet ou la certitude plus grande encore de la réflexion sur ces savoirs; ou si cette sagesse aimée et attendue des philosophes n’était pas, par-delà la sagesse du connaître, la sagesse de l’amour ou la sagesse en guise d’amour. Philosophie comme amour de l’amour. Sagesse qu’enseigne le visage de l’autre homme! N’a-t-elle pas été annoncée par le Bien d’au-delà de l’essence et l’au-dessus des Idées du livre VI de La République de Platon  ? Bien, par rapport auquel apparaît l’être lui-même. Bien, dont l’être tient l’éclairage de sa manifestation et sa force ontologique. Bien, en vue duquel « toute âme fait ce qu’elle fait » (Rép. 505 e).


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