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Vallin (EI:47-51) – transcendência temporal da subjetividade objetivante

sábado 23 de dezembro de 2023, por Cardoso de Castro

destaque

A atividade de temporalização em geral envolve um movimento que tanto traz à existência a multiplicidade temporal   enquanto tal como introduz uma certa unidade nessa multiplicidade. Cada estrutura temporal assenta num modo particular de organização sintética da multiplicidade temporal, que é alcançado pela atividade constitutiva da subjetividade. É esta organização sintética que determina a natureza da relação que se estabelece entre as três dimensões do tempo: presente, passado e futuro, e que apresenta modos que variam consoante cada uma das três estruturas temporais.

original

Nous savons déjà qu’il est possible de distinguer autant de modalités temporalistes de dévoilement du réel qu’il y a de structures temporelles.

L’activité de temporalisation en général implique un mouvement qui fait à la fois surgir la multiplicité temporelle comme telle et qui introduit une certaine unité dans cette multiplicité. Chacune des structures temporelles repose sur une modalité particulière d’organisation synthétique de la multiplicité temporelle qui est réalisée par l’activité constituante de la subjectivité. C’est cette organisation synthétique qui détermine la nature de la relation qui s’établit entre les trois dimensions du temps : présent, passé et avenir, [48] et qui présente des modes variant selon chacune des trois structures temporelles.

Dans la sphère logique ou objectivante, la multiplicité temporelle se réfère à l’unité objectivante de l’entendement conçu comme l’aspect théorique de la volonté de puissance. L’unité du temps n’est autre chose ici que l’unité du concept et la multiplicité temporelle implique la médiation conceptuelle. C’est le concept comme acte synthétique de l’entendement visant le divers a priori   de l’expérience possible qui est à la racine du mouvement de temporalisation de la subjectivité. Le concept doit évidemment être interprété dans un sens plus réaliste que dans l’idéalisme kantien et à la lumière de la « volonté de puissance » qui caractérise la subjectivité objectivante. Le concept aussi bien « pur » et a priori qu’empirique et a posteriori, c’est l’activité même de la subjectivité conçue comme volonté de puissance. C’est lui qui détermine la manière dont le monde va se révéler à mes sens au cours de l’expérience. Le concept implique un mode de structuration des données sensibles tel que le contenu de l’expérience soit toujours d’ores et déjà visé, saisi et possédé a priori par la subjectivité. L’appréhension de l’expérience repose toujours ici sur la décision originelle et implicite de ne pas laisser le réel se dévoiler tel qu’il est en vérité, c’est-à-dire comme totalité, mais de le laisser se dévoiler plutôt sous un aspect immédiatement transparent à l’intelligence conquérante de la subjectivité logique. Le concept comme tel, c’est-à-dire le produit de l’activité propre de l’entendement humain en tant qu’il rejette explicitement toute relation de participation effective à la Transcendance, implique le refus de la subjectivité de se laisser « surprendre » par l’expérience, ou de reconnaître la validité de telle modalité du réel qui ne s’intégrerait pas à ses cadres abstraits, « rationnels » ou « empiriques ».

Aussi bien la multiplicité inhérente à l’expérience est-elle comme domestiquée a priori par l’unité du concept, c’est-à-dire de cette activité synthétique qui met en relation les divers moments de la succession temporelle de telle sorte qu’aucun moment contenu dans cette succession ne puisse apparaître comme vraiment nouveau, par rapport à l’ancien, à l’acquis.

La totalité synthétique et inépuisable du temps, structurée par la conceptualisation de la subjectivité logique implique donc une unité d’organisation telle que la présence au monde qui définit la dimension du présent détermine une relation entre l’avenir, le passé et le présent que nous allons tenter d’éclairer.

Cette relation, rappelons-le, caractérise une certaine vision [49] du monde impliquant le concours de toutes les activités et puissances de la subjectivité humaine. Le concept, qui se définit avant tout comme un acte de connaissance, est aussi, de façon implicite, un mouvement de l’être tout entier par lequel la subjectivité se transcende vers le monde pour l’intégrer dans la sphère de sa volonté de puissance. Aussi la temporalité transcendantale que nous tentons de mettre en lumière se situe-t-elle au delà des déterminations empiriques telles que le temps de la sensibilité ou de la connaissance en tant qu’il s’opposerait par exemple au temps de l’action.

La temporalisation objectivante repose sur le projet initial et implicite de saisir la totalité du réel existant en une synthèse qui se voudrait achevée, mais qui, en raison de la finitude originelle de la subjectivité temporaliste, est inachevable par essence : car il y aura toujours pour la subjectivité du réel non encore donné et à-venir. Mais la subjectivité objectivante, dans son mouvement de domination du monde, semble vouloir réduire au minimum les risques liés à cette irrémédiable finitude, et se garantir contre l’opacité mystérieuse de l’avenir.

L’avenir n’est point un objet de peur ou d’angoisse, ni le lieu d’un possible menaçant pour ma sécurité ontologique ou épistémologique, mais il est visé comme ce qui sera nécessairement conforme aux schèmes intelligibles que la subjectivité objectivante a projetés sur le réel. En langage kantien on peut dire que tout objet de l’expérience possible est déterminé a priori par les conditions qui sont liées à la structure de la subjectivité transcendantale. Dans la mesure où il peut y avoir quelque chose de nouveau, cette réalité nouvelle est posée comme conforme aux conditions transcendantales de sa possibilité. L’expérience possible comprise dans le sens d’expérience à venir repose donc sur l’expérience possible comprise dans le sens des conditions transcendantales de la possibilité de l’expérience. Cela signifie que la relation entre le présent et l’avenir se fonde en dernière analyse sur la relation entre le présent et le passé, ou plus profondément sur ce par quoi la relation entre présent et passé transcende le mouvement de temporalisation du concept vers ce qui, dans le concept, est relativement intemporel, c’est-à-dire vers son aspect « essentiel ». Le passé, au niveau de la temporalisation de la sphère objectivante, n’est pas ce dont la subjectivité se sent irrémédiablement séparée dans un sentiment de regret ou de désespoir. Si elle peut se garantir contre les menaces et les surprises de l’avenir c’est parce que la subjectivité entretient une relation ontologique particulière avec son passé.

[50] Loin d’être ce dont elle se sent ontologiquement séparée, le passé apparaît au contraire comme ce qui fait sa réalité, sa profondeur et sa consistance, conformément au mot célèbre de Hegel   : « Wesen   ist was gewesen ist. »

Le passé apparaît ici comme ce sur quoi la subjectivité objectivante prend appui pour effectuer de nouvelles conquêtes, pour enrichir son avoir, c’est-à-dire le domaine sur lequel elle exerce sa volonté de puissance. Le passé c’est l’expérience déjà intégrée à la subjectivité et à son avoir en tant qu’élément ontologique constitutif de son être, c’est l’immédiateté du sensible toujours récusée comme telle et depuis toujours intégrée dans l’activité médiatisante de la subjectivité logique. Le passé c’est le concept réalisant sa véritable nature, c’est-à-dire engagée dans l’existence qu’il s’agissait et qu’il s’agira toujours de médiatiser, d’arracher à sa contingence et à son opacité originelles.

Mais le fondement transcendantal du passé et partant de l’expérience possible dans l’indéfinité de son extension temporelle à venir, c’est en définitive le concept conçu non pas comme acte de transcendance vers un monde qu’il s’agit de dominer par une activité de connaissance engageant ontologiquement notre être tout entier, mais le concept posé comme l’essence abstraite dont la plénitude se situe au delà de l’espace et du temps, être ambigu à mi-chemin entre la plénitude intemporelle de l’acte pur de type métaphysique et la pauvreté inhérente à la pure multiplicité temporelle.

La référence à ce centre intemporel et spirituel qui transcende l’activité de temporalisation dont il est l’origine véritable, est ce qui permet à la subjectivité objectivante de se masquer les aspects par lesquels le temps se réduit à une synthèse radicalement destructrice où l’Aufhebung   n’est plus conservation.

Cette référence à l’essence est ce qui permet à la subjectivité de « sauver les apparences » en ce sens que les déterminations empiriques, loin de disparaître du fait de leur chute dans le passé, y acquièrent au contraire leur véritable dignité ontologique en raison de leur intégration au centre spirituel de la subjectivité. Le passé au niveau de la structure temporelle objectivante c’est l’avoir qui s’est hissé de façon peut-être frauduleuse, comme nous le verrons par la suite, jusqu’à la dignité de l’être, dans une synthèse dont l’union hégélienne du fini et de l’infini nous apporte un exemple éclairant.

L’activité de temporalisation, au niveau de cette sphère objectivante, n’est donc pas un mouvement de destruction ou de désintégration du réel. Nous verrons au contraire que la temporalisation [51] peut apparaître dans cette structure tantôt comme un mouvement créateur impliquant un progrès, tantôt comme un simple déploiement de l’essence sans enrichissement progressif, mais lié à la densité plénière d’une réalité spirituelle qui se situe au delà du temps. Dans les deux cas, la temporalisation apparaît un acte de liaison par lequel les contenus de l’expérience sont ordonnés et référés à la plénitude intemporelle qui caractérise la modalité la plus « essentielle » de la subjectivité temporaliste. Aussi la temporalité, assez proche en ceci du temps cyclique, revêt-elle ici l’aspect d’un processus   circulaire par lequel le centre intemporel de la subjectivité, après une plongée dans le monde des déterminations empiriques, paraît effectuer un retour sur lui-même. C’est pourquoi le progrès ne saurait revêtir ici le caractère d’un événement absolu, radical, imprévisible, et ceci du fait que les déterminations existentielles ou empiriques ne sont jamais saisies dans leur caractère d’immédiateté, mais intégrées a priori dans le mouvement de médiation de la subjectivité objectivante. Le devenir revêt ici un caractère ambigu analogue à celui du concept : il n’est pas encore la création continuelle d’imprévisible nouveauté qu’il revêtira au niveau de la sphère « esthétique » et il n’est pas purement et simplement la monnaie dévaluée de l’absolu, l’image platonicienne et mobile de l’éternité immobile, puisque l’intemporalité du sujet transcendantal n’est pas une essence métaphysique mais une activité qui se réfère à une essence et qui exprime, plutôt que la plénitude surabondante de cette dernière, son indigence et son besoin de se compléter grâce à la transcendance vers le monde dont la temporalisation apparaît comme le processus fondamental.

La nature circulaire du processus de temporalisation, liée à la présence de l’aspect essentiel du concept qui constitue ici l’unité profonde des trois dimensions temporelles, est en définitive ce qui garantit la subjectivité aussi bien que l’existence empirique contre l’aspect destructeur du temps qui se révélera au niveau de la sphère négative.

Loin de s’abîmer dans le néant, les déterminations empiriques acquièrent donc leur être véritable, leur profondeur ontologique par cette intégration qui permet aussi à la subjectivité d’échapper à l’abstraction et à l’indigence ontologique de l’essence intemporelle. C’est cette relation entre l’essence et l’existence qu’il nous faut éclairer à présent en déterminant plus précisément les structures qui permettent à la subjectivité objectivante d’effectuer son mouvement de transcendance vers le monde existant.


Ver online : Georges Vallin


VALLIN, Georges. Être et individualité. Éléments pour une phénoménologie de l’homme moderne. Paris: PUF, 1959