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Resonance

Rosa (Resonance) – sujeito e mundo segundo Merleau-Ponty

What is the World? Who is a Subject?

quarta-feira 24 de maio de 2023, por Cardoso de Castro

ROSA, Hartmut. Resonance. A Sociology of Our Relationship to the World. Tr. James C. Wagner. London: Polity Press, 2019

Wagner

The world, in turn, can then be conceived as everything that is encountered (or that can be encountered). It manifests as the ultimate horizon   within which things can happen and objects can be found, or, borrowing from Hans Blumenberg, as a “metaphor for the whole of experience.” This whole meanwhile turns out to be something both more than and different from the sum of all parts. The world is that which is always already given as prior to any consciousness. Subjects find themselves always already embedded in or enveloped by and related to a world as a whole, in what Heidegger might call a “worlding subjectivity.”

It is this very fact on which the phenomenological concept of “being-in-the-world” (Heidegger’s In-der-Welt-sein   or Merleau-Ponty  ’s être-au-monde) is grounded, along with philosophical anthropology’s notions of “world-openness” (Scheler  ) or humanity’s “eccentric positionality” (Plessner  ). “Human beings are distinguished by the fact that they exist and are classified as objects ‘in the world,’ understood as the whole of what exists, and at the same time function as subjects for whom the ‘world’ can become an issue.” The precedence and ineluctability of a world to which subjectivity always already finds itself related is first and foremost corporeal. As Maurice Merleau-Ponty in particular never tires of noting, it is through the effect of gravity on our body, the working of our senses, and the tactility of our skin that a palpable world first emerges, and with it every form of consciousness as consciousness and perception of the presence of something not   only to which the experiencing subject finds itself related, but which is constitutive of experience and thus of the subject itself. If we accept this notion of a fundamental relatedness that precedes the division of subject and object and serves as the very basis both of the presence of world and of subjective experience, then resonance appears not as something that first develops between a self-conscious subject and a “premade” world, but as the event through which both commence:

At the beginning of perception, as a condition of relating to the world in any way, the “openness” of the subject stands for a “something” […]. The “openness” of the subject is a figure of transcendence. It is only possible to distinguish between subject and object because perceptive beings qua perception are always already related or open to the world, entirely apart from the conscious act of setting themselves opposite to it. This relation is not yet one of identification, but rather first makes such a relation possible.

This very openness, as will be shown below, is itself corporeally prefigured, inasmuch as every living creature unceasingly processes world through itself literally from its very first breath – and then of course also incorporates and discharges world through the ingestion and excretion of food. As Merleau-Ponty writes in his essay on “The Metaphysical in Man,”

From the moment I recognize that my experience, precisely insofar as it is my own, makes me accessible to what is not myself, that I am sensitive to the world and to others, all the beings which objective thought [which emerges much later but is erroneously reconstructed as having been “primary”] placed at a distance draw singularly nearer to me. Or, conversely, I recognize my affinity with them; I am nothing but an ability to echo   them, to understand them, to respond to them.

Bernhard Waldenfels further refines and elaborates this idea  , defining “responsivity” as the most fundamental quality of human beings and their relationship to the world. In his view,

[t]here must exist a basic feature of responsivity that in certain ways shapes everything that goes on in our speech, actions, and other behaviors. Responsivity means that which makes a response a response […]. Were our efforts to prove convincing, responsivity would assume the same status as the more familiar concepts of intentionality and communicativity, at the same time exhibiting its own “logic” distinct from that of intentional   and of communicative acts.

Zilberfarb

Le monde, pour sa part, peut se définir comme tout ce qui vient (ou peut venir) à notre rencontre ; il apparaît comme l’horizon indépassable au sein   duquel des choses peuvent se produire et des objets être découverts ou, au sens où l’entend Blumenberg, comme une « métaphore de la totalité des expériences possibles ». Mais cette totalité s’avère en même temps être autre chose, et davantage, que la somme de toutes ses parties : le monde est ce qui est toujours préalablement donné à chaque conscience. Les sujets, compris au sens de « subjectivités mondanisantes », pour parler comme Heidegger, se trouvent toujours déjà engagés dans ou enveloppés par et reliés à un monde comme totalité.

C’est ce fait qui est à l’origine des expressions phénoménologiques comme l’« être-dans-le-monde » (Heidegger) et l’« être-au-monde » (Merleau-Ponty), et qui fonde également les postulats de l’« ouverture au monde » (Scheler) et de la « positionnalité excentrique » (Plessner) dont part l’anthropologie   philosophique. Christian Bermes écrit ainsi : « L’homme se distingue en ceci qu’il se tient en tant qu’objet “dans le monde” compris comme un ensemble d’étants, ou plutôt qu’il s’y inscrit et y agit en même temps en tant que sujet, pour qui le “monde” peut alors devenir matière à réflexion. » La précédence et l’inéluctabilité du monde auquel se rapporte toute subjectivité sont d’abord et avant tout d’ordre corporel. Par l’action de la pesanteur sur notre corps, par le fonctionnement de nos sens et les propriétés tactiles de la peau, un monde sensible émerge, comme ne cesse de le souligner Maurice Merleau-Ponty, et avec lui toute forme de conscience, comprise toujours comme conscience et perception d’une présence de quelque chose qui est constitutif de l’expérience – et donc du sujet lui-même. Si l’on admet que ce lien fondamental précédant la séparation sujet-objet est le principe premier de la présence du monde et de l’expérience subjective, alors la résonance apparaît non pas comme un point d’arrivée – ce qui se formerait entre un sujet devenu conscient de lui-même et un monde « achevé » – mais bien comme un point de départ :

Au commencement de la perception, il y a “l’ouverture” du sujet à un “quelque chose”, qui est la condition de tout rapport au monde […]. “L’ouverture” du sujet est une figure du transcendement : la distinction sujet/objet ne devient possible que parce que des êtres percevants se rapportent et s’ouvrent au monde à travers la perception, et ceci sans l’acte conscient de se placer face à lui. Ce rapport n’est pas encore un rapport d’identification, mais il est ce qui le rend possible.

Cette ouverture, j’y reviendrai en détail, est elle-même déjà préfigurée à même notre corps, dans la mesure où chaque être vivant, depuis son premier souffle, fait passer le monde continuellement à travers lui, de même qu’il l’incorpore et l’excrète par l’ingestion et l’élimination d’aliments. Dans son essai « Le métaphysique dans l’homme », Merleau-Ponty écrit :

À partir du moment où j’ai reconnu que mon expérience, justement en tant qu’elle est mienne, m’ouvre à ce qui n’est pas moi, que je suis sensible au monde et à autrui, tous les êtres que la pensée objective [apparue bien plus tard, mais réinterprétée par erreur comme étant “à l’origine”, NDA] posait à leur distance se rapprochent singulièrement de moi. Ou inversement, je reconnais mon affinité avec eux, je ne suis rien qu’un pouvoir de leur faire écho, de les comprendre, de leur répondre.

Précisant cette pensée, Bernhard Waldenfels a défini la « responsivité », ou « disposition à répondre », comme la propriété la plus fondamentale de l’homme et du rapport humain au monde. Selon lui,

il doit exister un trait fondamental de la responsivité qui, d’une certaine manière, marque tout ce qui se produit quand nous parlons et agissons, et dans tout notre comportement. La responsivité est ce qui fait d’une réponse une réponse, elle est ce que […] « disposition à répondre » veut dire. Si nos hypothèses s’avèrent pertinentes, la responsivité devrait revêtir la même importance que les concepts plus familiers d’intentionnalité et de communicativité et, en même temps, devrait relever d’une « logique » propre, distincte de la logique des actes intentionnels et des actions communicationnelles.


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