Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Richir (1988:18-19) – corpo de carne

terça-feira 9 de janeiro de 2024

destaque

Se o homem é entendido fundamentalmente como ser-no-mundo ou como fenômeno-do-mundo, então o seu Leib  , isto é, o seu "corpo vivido", o seu "corpo animado" ou o seu "corpo de carne" (onde "carne" deve ser entendido no sentido em que Merleau-Ponty   o entendeu em Le visible et l’invisible : A partir de agora, utilizaremos esta última tradução), é uma "parte integrante" dele, sem nunca ser isolável como parte, a não ser na abstração psicofísica, ela própria derivada do dualismo cartesiano entre pensamento e extensão, entre subjetividade fechada em si mesma e objetividade igualmente fechada no seu exterior por si inerte. Por outras palavras, o próprio corpo de carne está sempre envolvido no fenômeno do mundo, ou então, na medida em que se individua como fenômeno (por exemplo, no sentimento), é sempre ele próprio um fenômeno do mundo.

original

Si l’homme est compris fondamentalement comme être-au-monde ou comme phénomène-de-monde, alors son Leib, c’est-à-dire son “corps vécu”, son “corps animé” ou son “corps de chair” (où il faut comprendre “chair” au sens où l’entendait Merleau-Ponty dans Le visible et l’invisible : nous retiendrons désormais cette dernière traduction), en fait “partie intégrante”, sans que, jamais, elle soit pour autant isolable comme partie, sinon dans l’abstraction psychophysique, elle-même dérivée du dualisme cartésien entre pensée et étendue, entre subjectivité fermée sur elle-même et objectivité pareillement fermée en son dehors par soi inerte. Autrement dit, le corps de chair lui-même est toujours pris au phénomène-de-monde, ou bien, pour peu qu’il s’individue lui-même comme phénomène (par exemple: dans le sentir), il est toujours lui-même phénomène-de-monde. C’est cela même que Binswanger   explique à sa manière, dans une étude importante [1] que nous prendrons comme fil conducteur de notre interrogation : Qu’est-ce, pour un être humain, que ressentir ou éprouver son corps de chair ? Il ne faut entendre par là “ni sensations sensorielles ni sensations d’organes, ni sensations corporelles vécues particulières, surtout pas des perceptions corporelles optiques ou tactiles (« extérieures »), mais un état de fait phénoménal, absolument unitaire et singulier, d’avoir un corps de chair et de l’éprouver, lequel état de fait […] est donné à [19] toute sensation isolée, facticielle du corps de chair comme […] forme essentielle « pure »”. [2].

Autrement dit, le corps de chair, le Leib éprouvé ne peut être assimilé à une totalité organique qui serait siège de sensations existant chacune pour soi et se composant dans cette totalité — ce serait là, pour reprendre une expression de Merleau-Ponty, une vision de survol elle-même désincarnée, comme si l’homme pouvait sortir de son Leib pour l’objectiver, ce que fait bien l’anatomie, mais elle n’a plus affaire, alors, avec le Leib mais avec le Körper, avec le corps comme objet de science, à savoir, pour ainsi dire avec le corps “mis à plat”. Le Leib doit donc être compris comme “un état de fait phénoménal absolument unitaire et singulier”, c’est-à-dire comme un phénomène individué dans la contingence de sa phénoménalisation, par suite, comme un phénomène-de-monde, à l’intérieur duquel, seul, peuvent se phénoménaliser, de manière tout aussi contingente, et en s’individuant, des “sensations” qu’il faut dès lors» concevoir comme autant de phénomènes-de-monde inscrits schématiquement (logologiquement) au phénomène-de-monde comme quoi paraît le Leib. Cela signifie que le Leib, en tant que phénomène-de-monde, est coextensif de ses essences sans concept de même que la sensation, qui est phénomène-de-monde individué dans le phénomène-de-monde qu’est le Leib, il y a donc recroisement irréductible de ces deux phénomènes, et par là, de leurs essences sans concept : la sensation isolée est une abstraction de la réflexion, en tant qu’il y a, en elle, recouvrement de ses essences concrètes (sans concept) par les essences concrètes du Leib, ou réminiscence et prémonition transcendantales du Leib dans les réminiscences et prémonitions transcendantales schématiques par lesquelles se constituent les essences concrètes de la sensation comme phénomène-de-monde [3]. En termes plus connus, cela signifie qu’il n’y a pas de sensation sans mise en jeu du “schéma corporel”, ou sans les horizons de la chair du corps comme phénomène (Merleau-Ponty).

[RICHIR  , Marc. Phénoménologie et institution symbolique. Grenoble: Jérome Millon, 1988]


Ver online : Marc Richir


[1De la psychothérapie, in Introduction à l’analyse existentielle, op. cit., pp. 119-147. Nous citerons désormais par le sigle PT, suivi de l’indication de page.

[2PT, 132.

[3Cf. notre ouvrage Phénomènes, temps et êtres, IIe section.