Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Pigeaud: a doença da alma (la maladie de l’âme)

sábado 29 de setembro de 2018

La maladie de l’âme vient de ce que nous avons un corps. Cette formule est vraie de bien des façons. Cela va de cette tristitia, de ce taedium uitae, de cette mélancolie où médecins, poètes et philosophes, Hippocrate comme Lucrèce, comme Cicéron et Sénèque ont leur mot à dire, et qui repose sur l’évidence douloureuse que nous sommes mortels, jusqu’à la définition plus technique, plus précise, de la maladie de l’âme comme manie ou ignorance chez Platon   [1], ou comme passion chez les Stoïciens.

La maladie de l’âme vient de ce que nous avons un corps, mais, et c’est ici la première limite que nous donnons à notre étude, nous dirons qu’il ne s’agit pas de n’importe quel corps, mais de notre corps. Ce n’est pas une banalité que de le préciser; car il l’a une histoire de la découverte de notre corps, comme corps particulier et individuel. Cela veut dire que nous ne nous occuperons pas du problème théologique ou métaphysique de l’union de l’âme et du corps, par exemple chez Pythagore ou dans le Phédon de Platon. Nous ferons nôtre la limitation d’Aristote   dans le De anima  , qui vise les Pythagoriciens. «On rattache l’âme à un corps et on l’introduit en lui, sans aucunement définir la cause de cette union ni l’état du corps en question. Il semblerait pourtant que ce fût indispensable… Or nos théoriciens s’efforcent seulement de déterminer quelle sorte d’être est l’âme, mais pour le corps qui doit le recevoir ils n’apportent plus aucune détermination; comme s’il se pouvait, conformément aux mythes pythagoriciens, que n’importe quelle âme pénètre dans n’importe quel corps ! Opinion   absurde, car il semble que chaque corps possède une forme et une figure particulière.» [2]

Le corps qui nous intéresse, c’est le corps individuel et senti comme tel; et la complication du corps va compliquer le problème de l’âme et de ses rapports avec le corps, étant donné que le philosophe va être tenté de lire ce qu’il appellera les maladies de l’âme par l’analogie   avec ce que les médecins appellent, de manière peut-être quelquefois contestable, les maladies du corps. Pour revenir à ce corps particulier et senti comme tel, il nous faut redire l’importance théorique fondamentale d’un texte que nous avons déjà étudié et qui nous paraît avoir été souvent mal compris, [11] celui de l’Ancienne médecine. (p. 10-11)


[1Timée 86 b.

[2De anima 407 b; traduction Barbotin, Paris, Belles Lettres, 1966. Sur la question du rapport de l’âme et du corps chez Aristote, cf. F. Nuyens, L’évolution de la psychologie d’Aristote, Louvain, 1973, notamment p. 220-226, et en dernier lieu, entre autres, E. Hartman, Substance, body and soul, Princeton University Press, 1977; H. M. Robinson, Mind and body in Aristotle, in Classical Quarterly, new series, vol. XXVIII, 1978, n° 1, p. 105-124; et W. F. R. Hardie, Concepts of consciousness in Aristotle, in Mind, vol. LXXXV, n° 339, Juillet 1976, p. 388411