Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Marion (1989:252-253) – o nada [Nichts]

sábado 9 de dezembro de 2023

destaque

Como colocar e construir a questão do "fenômeno do ser"? Para não repetir a aporia a que a analítica transcendental   do Dasein   conduziu em 1927, seguiremos doravante o caminho traçado pela conferência de 1929. Esta tenta acceder diretamente ao ser (sem a mediação do ser do ente do Dasein); além disso, pretende fazê-lo no terreno das ciências positivas, que negam constantemente toda a legitimidade e toda a possibilidade de qualquer "fenômeno do ser". As ciências positivas, com efeito, não têm de conhecer o ser, que nunca aparece sob o seu bisturi; só o ente, porque pode deixar-se constituir como objeto pelos métodos que o constituem de cada vez, aparece no seu horizonte; fora dos entes objetiváveis, nada têm a estudar, a admitir ou a tolerar. "Aquilo para que a relação mundana se dirige é o próprio ente — e nada mais (und sonst nichts  ). Aquilo a partir do qual cada atitude recebe a sua direção é o próprio ente — e nada mais (und sonst nichts). Aquilo com que a análise investigativa irrompe é o ente em si — e nada mais (und sonst nichts). Daí um triplo paradoxo: a relação mundana (Weltbezug), a atitude (Haltung) e a irrupção (Einbruch) com que as ciências positivas erigem os seus objectos sem referência ao ser, ou a qualquer outra coisa que não seja apenas esta objetividade, esta mesma coisa introduz, sem o reconhecer explícita e quase clandestinamente, um outro termo — um termo diferente de qualquer objeto: o "nada além", portanto o nada como diferente do objeto e do ente objetivado.

original

Comment poser et construire la question du « phénomène d’être » ? Pour ne pas répéter l’aporie à quoi aboutit, en 1927, la voie de l’analytique transcendantale du Dasein, nous suivrons désormais le chemin tracé par la conférence de 1929. Elle tente, en effet, d’accéder directement (sans la médiation de l’être de l’étant Dasein) à l’être; bien plus, elle prétend y parvenir sur le terrain des sciences positives, telles qu’elles ne cessent de dénier toute légitimité et toute possibilité d’un « phénomène d’être » quelconque. Les sciences positives, en effet, n’ont pas à connaître l’être, qui jamais ne paraît sous leur scalpel; seul l’étant, parce qu’il peut se laisser constituer en objet par les méthodes à chaque fois constituantes, apparaît dans leur horizon  ; hors des étants objectivables, elles n’ont rien à étudier, admettre, tolérer. « Ce à quoi va la relation mondaine est l’étant lui-même — et rien d’autre (und sonst nichts). Ce dont toute attitude reçoit sa direction est l’étant lui-même — et rien d’autre (und sonst nichts). Ce avec quoi advient, dans l’irruption, l’analyse investigatrice est l’étant lui-même — et rien d’autre (und sonst nichts). »  [1]  D’où un triple paradoxe : la relation mondaine (Weltbezug), l’attitude (Haltung) et l’irruption (Einbruch) par quoi les sciences positives érigent leurs objets sans référence à l’être, ni à quoi que ce soit d’autre que cette objectivité seule, cela même introduit, sans le reconnaître explicitement et presque clandestinement, un autre terme — un terme autre que tout objet : le « rien d’autre », donc le rien comme autre que l’objet et que l’étant objectivé. Sans doute, un tel rien (nichts) ne dit pas grand-chose; il ne dit ni ne montre strictement rien; mais ce rien de rien dit pourtant déjà beaucoup trop; nous ne pouvons déjà plus l’éliminer ni l’ignorer, puisque, pour l’abolir, il faudrait le répéter, le dupliquer, bref le renforcer. Car, si du rien, la science n’entend pas se préoccuper, elle doit, pour cela même, admettre qu’elle n’en peut ou n’en veut (peu importe) rien dire; mais ne rien dire du rien (« La science ne veut rien savoir du rien »)  [2]  ne revient pas à rien; rien de rien n’annule pas le rien, mais le redouble, l’élève à la puissance, bref en consacre précisément la puissance. S’agit-il ici d’une argutie sophistique, produisant l’apparence de quelque chose là où, en fait, il n’y a rien ? On voudrait le croire, mais, pour le dire, une fois encore, il faut nommer ce que, précisément, l’on prétend taire — rien. S’agit-il, au contraire, de l’indice d’un irréductible phénomène, d’autant mieux donné qu’on croit en nier la donation ? Bref d’un Rien majeur, accessible seulement par une « essence bifide »  [3]  ?

MARION  , Jean-Luc. Réduction et donation: Recherches sur Husserl  , Heidegger et la phénoménologie. Paris: PUF, 1989.


Ver online : Jean-Luc Marion


[1Wegmarken, GA9, p. 105, suivant la récente traduction de R. Munier, op. cit., p. 48. — Heidegger souligne en note que ces formules proviennent directement de Taine, sans précision de références. On peut songer, entre autres, à certains thèmes développés par De l’intelligence (Paris, 18701) : « Il faut remarquer enfin que les noms de force et de substance, de moi et de matière ne désignent que des entités métaphysiques, qu’il n’y a rien de réel dans la nature sauf des trames d’événements liées entre eux et à d’autres, qu’il n’y a rien de plus en nous-mêmes ni en autre chose » (II, I, I, i, t. 2, éd. 18783, p. 5); le pouvoir du moi reçoit une critique privilégiée : « C’est une particularité constante pour ma résolution, d’être suivie à travers dix intermédiaires indispensables par le déplacement de mon bras. Rien de plus. — Par malheur, de cette particularité qui est un rapport, nous faisons (…) une substance. (…) en soi, il n’est rien. (…) l’être en question étant un pur néant (…). » De même, sa substance : « Si on le [le moi] considère à un moment donné, il n’est rien qu’une tranche interceptée dans la trame (…). A tout moment la tranche est analogue; il n’est donc rien d’autre, ni de plus » (I, IV, III, t. 1, p. 341 et 345).

[2Wegmarken, GA9, p. 106, tr. fr. p. 48.

[3« Welch zwiespältiges Wesen enthüllt sich da ? », Wegmarken, ibid. (traduction modifiée). — Sur ces points, on se reportera au commentaire de J. Beaufret, « La pensée du rien dans l’œuvre de Heidegger », La Table ronde, n° 183, Paris, 1963; repris successivement dans l’Introduction aux philosophies de l’existence (Paris, 1971) et De l’existentialisme à Heidegger (Paris, 1986).