Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Levinas (1967:54) – sujeito na filosofia antiga?

terça-feira 16 de janeiro de 2024

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No entanto, a noção de sujeito não está ausente desta filosofia. Mas, ao contrário da filosofia moderna, a estrutura do sujeito é determinada por noções ontológicas. Para Platão  , a visão é subjetiva não porque tenha de se ultrapassar a si própria para atingir o seu objeto, mas porque pertence a um ser finito, caído do Empíreo e acorrentado na Caverna. De certa forma, é a história da alma que a transforma numa subjetividade suscetível de erro e de dor. A subjetividade define-se por um modo de existência inferior, pelo fato de estar comprometida com o devir, pela imperfeição. Mas esta imperfeição não explica — nem pretende explicar — o aspecto da subjetividade que a filosofia moderna pôs em evidência, a irrealidade e a especificidade da relação sujeito-objeto. As correntes dos prisioneiros da Caverna determinam certamente a condição humana, mas esta condição coexiste pura e simplesmente com a faculdade de visão que o homem possui ao mesmo tempo que as suas correntes. Não nos é mostrado como a visão, enquanto imanência auto-transcendente, é condicionada pela estrutura ontológica do homem. Para elevar a alma acima do erro — a marca eterna da subjetividade — "toda a arte consiste em orientá-la no sentido que lhe é mais fácil e mais útil. Não se trata de lhe dar a faculdade de ver; ela já a tem". (República, Livro VII.)

Original

La philosophie   antique ignorait la notion moderne du sujet et ne se demandait pas comment le sujet séparé du réel, arrive-t-il à rejoindre le réel. Pour Platon, par exemple, il est tout naturel que la pensée ait un objet. Toutes les difficultés que, dans la Théétète, il rencontre pour expliquer l’erreur, tiennent à l’absence d’une vraie notion de sujet. La cire plus ou moins molle qui recouvre l’âme et qui à un certain moment du dialogue, doit rendre compte de l’erreur, symbolise certes l’élément spécifiquement subjectif de la pensée, mais ne décrit pas sa nature véritable. D’autre part, lorsque Platon détermine le caractère du rapport sujet-objet, il le conçoit comme un rapport — lui-même emprunté au monde d’objets — de passion et d’action. Qu’il nous suffise de rappeler la théorie de la sensation visuelle du Théétète et les passages du Parménide   et du Sophiste où la connaissance des Idées par nous, introduit un élément de passion dans les idées et diminue leur perfection.

La notion de sujet n’est cependant pas absente de cette philosophie. Seulement, contrairement à la philosophie moderne, la structure du sujet est déterminée à l’aide de notions ontologiques. Ce n’est pas en tant que la vue doit sortir d’elle-même pour atteindre son objet, qu’elle est subjective pour Platon, mais en tant qu’elle appartient à un être fini, déchu de l’Empyrée et enchaîné dans la Caverne. C’est en quelque manière l’histoire de l’âme qui la transforme en subjectivité susceptible d’erreurs et de douleurs. La subjectivité se définit par un mode d’existence inférieur, par le fait d’être engagé dans le devenir, par l’imperfection. Mais cette imperfection n’explique pas — et n’a pas la prétention d’expliquer — l’aspect de la subjectivité qu’a relevé la philosophie moderne, l’irréalité et la spécificité du rapport sujet-objet. Les chaînes de ceux qui sont emprisonnés dans la Caverne, déterminent certes la condition humaine, mais cette condition coexiste purement et simplement avec la faculté de vision que l’homme possède en même temps que ses chaînes. On ne nous montre pas comment, la vision en tant qu’immanence qui se transcende est conditionnée par la structure ontologique de l’homme. Pour élever l’âme au-dessus de l’erreur — marque éternelle de la subjectivité — « tout l’art consiste à la tourner de la manière la plus aisée et la plus utile par elle. Il ne s’agit pas de lui donner la faculté de voir, elle l’a déjà ». (République, Livre VII.)

[LEVINAS  , Emmanuel. En découvrant l’existence, avec Husserl   et Heidegger. Paris: Vrin, 1967]


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