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Proximité et distance

Fink (1994b:222-224) – a luz

Rapport au monde et compréhension de l’être

segunda-feira 12 de junho de 2023, por Cardoso de Castro

Parce que la lumière ex-pose et com-pose, présente les choses comme singulières et déterminées, nous pouvons les «déterminer», les aborder par leur nom et aussi nommer leurs relations, et de manière générale dire l’étant en de multiples manières.

L’orientation fondamentale de la thèse platonicienne-aristotélicienne de l’être d’après le phénomène mondain de la lumière et d’après la relation au monde de l’homme oisif, contemplatif, de l’homme rendu étranger (entfremdet) à l’auto-production dans l’activité œuvrante, laisse apparaître avant tout l’articulation de l’étant selon des contours déterminés et un visage, puis selon des rapports généraux relevant de l’espèce et du genre, selon un abord possible (Ansprechbarkeit) dans des représentations modales — et forme à travers de nombreux siècles le trait de fond directeur de la compréhension [223] philosophique réfléchie de l’être. La lumière laisse apparaître et luire, apporte clarté et jour, met en relief et ex-pose les formes, les aspects, les figures dans la découpe précise de leur empreinte, accentue les limites des choses singulières, leur prête une auto-consistance ayant contour et fixité. La lumière éclaire aussi les connexions des choses, les champs de choses et les modifications de choses — elle dé-compose (setzt auseinander) et rassemble en même temps dans sa clarté englobante ce qui est précisément et clairement séparé. Cela n’est naturellement pas un énoncé physique sur la lumière, mais bien la caractérisation d’une situation   phénoménale, dans laquelle nous, humains qui comprenons, vivons, et dans laquelle nous regardons, reconnaissons et concevons. Parce que la lumière ex-pose et com-pose, présente les choses comme singulières et déterminées, nous pouvons les «déterminer», les aborder par leur nom et aussi nommer leurs relations, et de manière générale dire l’étant en de multiples manières. Dans la lumière ne s’éclairent pas seulement les choses elles-mêmes, mais aussi leurs ressemblances et leurs différences, leurs degrés de parenté que nous fixons par les noms de gerne et d’espèce. Et dans la lumière nous percevons les multiples formes de mouvement des choses, le repos et le changement, la génération et la corruption, l’accroissement, la fuite et le changement de lieu. Le domaine de visibilité qui brille dans la lumière livre aussi les structures à l’aune desquelles nous comprenons l’être, le devenir, le paraître (Scheinen  ) des choses et que nous exprimons dans des relations de concepts ; dans le cercle de lumière, «sujet» et «objet» se séparent l’un de l’autre et convergent l’un vers l’autre dans le lien (Verspannung) intentionnel. L’éclaircie (Lichtung  ) forme la base phénoménale pour les modèles de pensée par lesquels la spéculation platonicienne cherche à dépasser le champ des choses apparaissantes vers les Idées «ontologiquement plus fortes» (seinsstärker). Cependant la vision platonicienne du monde, parce qu’elle laisse sous-déterminée la puissance opposée à la lumière, la terre fermée sur elle-même, accentue excessivement et surestime le moment lumineux, gagnant ainsi les distinctions ontologiques décisives, dans la dégradation de la lumière solaire en lumière stellaire et lumière du «feu des enfers» jusqu’aux traits faibles, imprécis, de rang inférieurs de l’ombre que les «prisonniers» tiennent [224] pour le vrai et l’effectif. L’équation spéculative de l’être et de la lumière, expérimentée à partir de la perspective du spectateur oisif du monde, conduit à une vue rationnelle du monde et de la vie. Pourtant, au sein   de la vision du monde dans l’optique de la «lumière», la métaphysique a déjà besoin dans son commencement de modèles techniques, érotiques et polémiques dans la régression vers des phénomènes d’existence essentiels de l’homme pour comprendre la construction de l’univers et la structure des choses. De façon analogue à celle dont un technicien fabrique un ouvrage, le noûs  , l’esprit du monde réalise, d’une manière supérieure, la construction du cosmos, justement comme un ajointement surpuissant qui résiste à la puissance ruineuse du temps et dépasse immensément en beauté et en durée toutes les petites œuvres finies de l’homme.


Ver online : Eugen Fink