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Michel Henry. Un philosophe de la vie et de la praxis

Dufour-Kowalska (1980:31-34) – o monismo ontológico

II. L’affectivité ou l’essence dans son essence même

segunda-feira 26 de junho de 2023

O conceito-chave do monismo ontológico em sua forma moderna é o da consciência. A descoberta do fenômeno da consciência em nada significa para M. Henry trazer à luz uma nova dimensão da existência que se oporia ao ente, ao seu modo de ser e de manifestação. Nele, o pensamento filosófico visa, na verdade, a essência de tudo o que se manifesta a nós de acordo com a forma única que sempre lhe reconheceu. [DUFOUR-KOWALSKA, Gabrielle. Michel Henry  . Un philosophe de la vie et de la praxis  . Paris: Vrin, 1980]

L’entreprise critique de M. Henry a l’imité d’une thèse que l’auteur rassemble d’ailleurs en une seule formule : le « monisme ontologique » de la pensée occidentale. L’expression vise la conception unique qui a dominé en Occident   la pensée de l’essence des phénomènes, déterminant le caractère unilatéral de la recherche et de la réflexion philosophique jusqu’à nos jours. La subordination de l’essence et des conditions de la phénoménalité à urne forme exclusive, la réduction qui en résulte du champ ontologique à une seule sphère de manifestation et de réalité : telle est, dans sa plus grande généralité, l’œuvre de ce que notre auteur appelle le [32] monisme ontologique et qui, dans le cours de son ouvrage, servira de support et de révélateur à une doctrine de la division radicale de l’ordre de la phénoménalité.

Pour M. Henry, une présupposition fondamentale se dissimule sous le concept de la phénoménalité, tel qu’il s’est développé en Occident. Elle peut s’exprimer en une formule : « L’être n’est un phénomène que s’il est à distance de soi » [1]. Comprenons immédiatement cette distance comme une distance phénoménologique et ontologique, comme une structure universelle qui détermine la manifestation de l’être en tout ce qui apparaît, c’est-à-dire dans laquelle se réalise la présence et l’existence de l’être. L’être ne se manifeste et n’existe que par la modification d’un champ où précisément il peut faire face, se proposer à nous, où il se pose en s’opposant soi-même, en s’opposant à soi. L’être comporte donc dans son unité une dualité, dans son identité une différence, dans son intériorité l’extériorité d’une distance. Extériorité, différence, altérité, telles sont les formes de l’être, les conditions qui président à son apparition et qui soumettent son devenir à un processus   d’aliéntion. « Le passage de l’être en soi à l’être pour soi, écrit M. Henry, consiste dans la position hors de soi de l’être, est le passage de l’être à l’extérieur de soi » [2]. Ou encore : « La réalité n’est réelle que pour autant qu’elle est à la fois elle-même et autre qu’elle-même » [3]. Ainsi, comme il l’écrit enfin, « l’être n’existe et ne se manifeste qu’en tant qu’être aliéné… L’aliénation est l’essence de la manifestation » [4]. Ces trois propositions suffiraient à définir la conception que M. Henry stigmatise sous le titre de « monisme ontologique » et qui gouverne la pensée philosophique presque sans interruption depuis son origine hellénique, depuis que l’étant a été soumis à la « forme » et en elle à un milieu   de visibilité, c’est-à-dire à l’extériorité. En posant de façon explicite le problème de l’essence des phénomènes, croyant ainsi effectuer une mise en cause radicale du réalisme naïf de la pensée grecque, en interrogeant pour elle-même la réalité de l’étant qui s’offre à nous pour mettre en question son être d’objet comme tel, la pensée philosophique des temps modernes, comme celle qui lui a succédé jusqu’à nos jours, n’a fait que porter en pleine lumière, en l’élevant à un niveau ontologique toujours plus pur une doctrine déjà contenue dans la tradition   et qui est demeurée intacte à travers les siècles. C’est dans le même horizon   [33] ontologique que se sont produit les progrès tout relatifs accomplis par l’idéalisme critique et par l’idéalisme postkantien, comme aussi bien par la philosophie   de l’être contemporaine, dont le seul mérite à cet égard est d’avoir pensé explicitement cet horizon comme l’horizon de l’être.

Le concept-clef du monisme ontologique dans sa forme moderne est celui de conscience. La découverte du phénomène de la conscience ne signifie nullement pour M. Henry la mise au jour d’une nouvelle dimension d’existence qui serait opposée à l’étant, à son mode d’être et de manifestation. En lui la pensée philosophique vise en réalité l’essence de tout ce qui manifeste à nous selon la forme unique qu’elle lui reconnaît depuis toujours. Si, chez les grands philosophes postkantiens, la conscience est essentiellement conçue comme division, séparation, comme Scheidung, si, pour reprendre la formule de Schelling   citée par Henry, « la dualité est la condition de toute conscience » [5], c’est parce qu’elle est identique à l’être et que le processus de son devenir se recouvre avec le processus de la manifestation de l’être. « La conscience, écrit Fichte   (est) l’existence absolue ou la manifestation et la révélation de l’être dans son unique forme possible » [6]. Cette forme, c’est l’extériorité, la différence d’avec soi, l’auto-séparation. « L’être absolu, dit-il, … est… différent dans son existence de ce qu’il est dans son être et s’expulse de lui-même pour y rentrer avec une vie nouvelle » [7]. Dans la philosophie de la conscience, commente M. Henry, « la conscience n’est elle-même rien d’autre que l’aliénation de l’être, c’est-à-dire l’être comme tel » [8], conçu, ajouterons nous, selon les présuppositions fondamentales du monisme. L’assimilation « intellectualiste » de l’être à la pensée trahit un dessein ontologique définie : la réduction de l’être à l’extériorité et par conséquent la négation de toute sphère intérieure de réalité. Dans une telle négation réside la signification profonde de l’idéalisme. Celui-ci ne conçoit qu’une dimension d’existence, indistinctement représentée par les concepts de conscience et d’être, dans l’unique forme de leur devenir commun. Cette conception unilatérale de l’essence est loin cependant d’être le monopole des philosophes postkantiens. Elle s’est maintenue jusqu’à nos jours, comme en témoigne l’identification [34] constante, dans la pensée philosophique, de la conscience avec la représentation et le processus de l’objectivation qu’elle implique.


Ver online : Michel Henry


[1E. M., 81.

[2Id. 86.

[3Id. 97.

[4Id. 87.

[5Système de l’idéalisme transcendantal, trad. P. Grimblot, Ladrange, Paris, 1842, p. 334, cité in E. M., 96.

[6Initiation à la vie bienheureuse, trad. M. Rouché, Aubier, Paris, 1944, p. 143-144, cité in E. M., 83.

[7Id., p. 100, cité in E. M., 86.

[8E. M., 96.