Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Caron (2005:68-69): le soi grammatical

quarta-feira 16 de fevereiro de 2022

D’un point de vue grammatical, le terme « soi » se rapporte à la troisième personne, selon le schéma pronominal moi/me, toi/te, soi/se. Si le soi se caractérise donc originellement dans la langue comme appartenant à la troisième personne, il possède bien en lui quelque chose comme une valeur impersonnelle d’altérité : je me rapporte bien à moi-même, mais à moi-même comme à un autre, comme à un étant extérieur. Mais qu’est-ce qui peut ainsi me donner la possibilité de me faire apparaître moi-même en tant que tel, c’est-à-dire en tant qu’autre, sur la propre scène de ma représentation ? On ne s’étonne habituellement jamais de ce que le soi, considéré comme l’apanage même de la possession intégrale de soi, n’apparaisse que sur ce mode d’altérité. Quand je dis « c’est moi » ou « je suis moi » (plus théoriquement « moi = moi »), je reviens sur moi, c’est donc que je me suis d’ores et déjà quitté ; je me regarde alors comme un autre, dans une distance de moi à moi certes réduite, mais prédéterminante. La mienneté ne serait-elle alors qu’une appréhension de l’autre sur le mode du mien, ou du mien sur le mode de l’autre ? N’y aurait-il de sien (Seine) que sur le mode du rapport au tout autre (Sein  ) ? Le Seine et le Sein, le caractère de « sien » et l’être, le « subjectif » et l’« ontologique », paraissent ainsi s’entrecroiser et s’entre-pénétrer. Simple homophonie ? Heidegger, en tous les cas, n’hésite pas à faire jouer les ressources sonores de sa langue pour faire s’entrecroiser les consonances et les entrecroisements possibles de « sein » comme possessif, « sein » comme verbe, et la problématique fonction « selbst   » – comme l’atteste une définition de la caractéristique fondamentale du Dasein  , au début de Sein und Zeit  , où s’entrelacent précisément et avec densité les trois termes : « es geht diesem Seienden   [das Dasein] in seinem Sein um dieses Sein selbst » [SZ:12]. S’il y a plus qu’homophonie, comment penser cette co-originarité ?

C’est en tout cas dans le pli de cette énigmatique origine où ce qui est apparemment le plus universel, l’être, et ce qui est apparemment le plus singulier, le soi, s’enchevêtrent conceptuellement et jusqu’au point d’une homophonie impensée, c’est dans ce pli qu’il est possible de comprendre que le Moi hypostasié n’aboutit à rien d’autre qu’à l’affaissement d’un individu sur sa plus contingente idiosyncrasie, et de comprendre, également et par exemple, que de célèbres personnages politiques ou historiques (pensons bien sûr à César) puissent parler d’eux-mêmes à la troisième personne, comme si une part de leur être, régie par les dieux et le destin, pouvait échapper à l’emprise immédiate du moi ontique et être regardée comme surplombant toute personnalité immédiate. [PEOS  :68-69]

CARON, Maxence. Pensée de l’être et origine de la subjectivité. Paris: CERF, 2005.


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