Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Caron (2005:712-713) – constituição do si mesmo

quarta-feira 20 de dezembro de 2023

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Para Husserl  , o homem é considerado de dois pontos de vista distintos: como consciência transcendental   ou sujeito, não-ente constitutivo do ente; como existência factícia ou ente situado entre outros entes. A consciência transcendental dá razão ao ser do homem como existência factícia: ela é constituinte. Mas a posição de um sujeito constituinte é um dos preconceitos mais tenazes da metafísica. Com efeito, o sujeito só pode ser constituinte se, apesar de considerado como não-ente, for tomado como um ente, como base estável e segura para o movimento que dele nasce. A única maneira de colocar a questão da estrutura essencial do si mesmo, sem se contentar com o seu mero desdobramento nos seus diferentes modos estruturais de ser, é colocar, para além da questão do ser do constituído, a questão do ser do constituinte. O constituinte é dado, é aí, mas é precisamente esse o problema: o que é precisamente que faz que ele é aí? O problema do ser do ente deve também dizer respeito ao constituinte e não apenas ao constituído. É, portanto, o ser do não-ente que é o si mesmo que deve ser determinado. Em rigor, já não há constituinte nem constituído, o par constituinte/constituído já não permite exprimir adequadamente o desdobramento em que o si mesmo é lançado, porque a constituição já não se dá fora do constituído, mas o constituído ele mesmo é o resultado de um ato velado de constituição e confunde-se com este ato.

Original

Pour Husserl, l’homme est considéré selon deux points de vue distincts : comme conscience transcendantale ou sujet, non-étant constituant l’étant ; comme existence facticielle ou étant situé parmi d’autres étants. La conscience transcendantale rend raison de l’être de l’homme comme existence facticielle : elle est constituante. Mais la position d’un sujet constituant est l’un des préjugés les plus tenaces de la métaphysique. Car le sujet ne peut être constituant que [713] si, malgré le fait qu’on le considère comme non-étant, il est pris comme un étant, comme une base stable et bien assurée du mouvement qui naît de lui. Le seul moyen de poser la question de la structure essentielle du soi, sans se contenter seulement d’un déploiement de celui-ci en ses différentes manières d’être structurelles, c’est de poser, outre la question de l’être du constitué, celle de l’être du constituant. Le constituant est donné, il est là, mais c’est justement le problème : qu’est-ce qui précisément fait qu’il est là ? Le problème de l’être de l’étant doit également porter sur le constituant et non pas seulement sur le constitué. C’est donc l’être du non-étant qu’est le soi qui doit être déterminé. A proprement parler, il n’y a plus de constituant ni de constitué, le couple constituant/constitué ne permet plus d’exprimer adéquatement le déploiement dans lequel le soi est jeté, car la constitution n’a plus lieu en dehors du constitué, mais le constitué lui même est le résultat d’un acte voilé de constitution et se confond avec cet acte.

Il n’y a plus vraiment constitution mais bien plutôt interprétation : le soi est jeté dans un acte de constitution qu’il subit plus qu’il ne le maîtrise, il est rapport à quelque chose qui le précède : le soi a rapport au sens de l’être, il est donc interprétation de l’être. Il lui appartient de saisir le sens de l’être, non de constituer l’étant : il est ouvert, et non constituant. Être ouvert à l’être qui nous ouvre l’étant, c’est là une essence bien différente de la traditionnelle constitution de l’étant par le sujet. Une telle dynamique de constitution nous ferait retomber dans la métaphysique de la subjecti(vijté à laquelle n’échappe pas Husserl. Pour Heidegger, Husserl s’arrête trop rapidement dans la régression vers le fond : l’approche du sujet comme d’un sujet constituant prouve que celui-ci n’a pas pris conscience de l’abîme qui le constitue et ne saisit pas qu’il est saisi par sa propre essence ; parler de constitution trahit le principe d’une pensée qui croit à une certaine maîtrise du sujet sur son être, alors que la rectification heideggerienne de la constitution en interprétation met en scène un soi qui, tout constituant qu’il puisse être, reconnaît que cette constitution est précisément ce qui le constitue, et que son être constituant est ce en quoi il réside et prend son essor, ce qui toujours le précède. Le soi est pour ainsi dire translucide : la lumière le traverse, mais il n’en est pas la cause première. Faire la transition d’une pensée du sujet comme constitution à une pensée du soi comme interprétation, c’est reconnaître que le soi n’est pas le terme dernier, qu’il reçoit son essence, et se trouve ainsi ouvert à quelque [714] chose qui de toujours le devance. Le soi est bien une activité, mais cette activité il ne Va pas. Le soi comme être-ouvert ne peut se manifester qu’à une pensée qui rétrocède du soi à ses conditions de possibilités, pensée que Heidegger demeure le seul à mettre réellement en œuvre, contre une métaphysique de la subjectivité dont les subtilités ne sauraient cacher plus longtemps les carences ontologiques et les frilosités méthodologiques : le soi, bien qu’utilisé et déployé sans vergogne, demeure non interrogé.

CARON  , Maxence. Pensée de l’être et origine de la subjectivité. Paris: CERF, 2005.


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