Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Caron (2005:115) – multiplicidade de sentidos de "ser"

quinta-feira 21 de dezembro de 2023

destaque

A questão inicial que se coloca ao jovem Heidegger, como explica no pequeno texto Mon chemin de pensée et la phénoménologie. A multiplicidade de sentidos de "ser" em Aristóteles  , uma multiplicidade que não se resolve em nenhum sentido unitário, mesmo que surja contra o pano de fundo de um horizonte de mesmidade; entendamos : a da multiplicidade que os sentidos do ser podem assumir em contato com uma consciência humana sem que o ser se dê a essa consciência como uma unidade manejável pelo pensamento, atestando assim a sua irredutibilidade a qualquer consciência, uma vez que escapa à exigência de identidade desta última e permanece mesmidade velada pela sua equivocidade.

Original

La question initiale qui a heurté le jeune Heidegger, comme l’explique le court texte Mon chemin de pensée et la phénoménologie [1], est celle de la multiplicité des sens de « être » chez Aristote, multiplicité qui ne se résorbe en aucune signification unitaire bien que se profilant sur le fond d’un horizon   de mêmeté ; comprenons : celle de la multiplicité que les sens de l’être peuvent prendre au contact d’une conscience humaine sans que l’être se donne à cette conscience comme une unité maniable pour la pensée, l’être attestant par là même son irréductibilité à toute conscience puisqu’il échappe à l’exigence d’identité de cette dernière et demeure mêmeté voilée par son équivocité. Heidegger a toujours vu en Aristote un compagnon pour formuler les difficultés de l’Affaire que lui-même se proposait de penser et qui prend origine dans la possibilité propre à l’être de se donner plusieurs sens par son contact avec l’être-homme : l’être, qui n’est pourtant qu’un seul acte phénoménalisant, est toutefois dit en plusieurs sens, et « Aristote lui aussi a visiblement été harcelé par la question de l’unité des πολλαχῶς λεγάμενα » [2]. On comprend qu’un tel premier contact avec la question de l’être, et qui devait imposer à Heidegger la pensée de l’être dans son indépendante singularité vis-à-vis de toute conscience créatrice de substances, interdise à celui qui prend cette question avec un tel sérieux d’admettre que l’être puisse faire l’objet d’une quelconque réduction, lui qui n’est précisément pas un objet. Le désaccord entre Husserl   et Heidegger a donc eu lieu avant même la lecture des Recherches logiques et des Ideen I, car l’être dans toute son insaisissable épaisseur s’était déjà imposé au jeune philosophe comme ce qui, par excellence et simultanément, ne saurait se réduire à la conscience et pourtant cesser d’interpeller cette dernière – la métaphysique en témoigne, qui n’a cessé de se confronter au problème de l’être de l’étant (même si d’après Heidegger, elle n’a pas pu l’affronter dans toute la radicalité de sa nudité).

CARON  , Maxence. Pensée de l’être et origine de la subjectivité. Paris: CERF, 2005.


Ver online : Maxence Caron


[1Cf. ZSD ; trad, fse, in Q IV.

[2GA33, p. 31 ; AM, p. 38.