Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

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Beaufret (1974:28) – O evento instaurador da ciência moderna

domingo 18 de junho de 2023

L’événement le plus extraordinaire de l’histoire de la pensée est ici le prodigieux renversement qui, sous l’invocation de Platon  , institue en prolégomène de la science ce qui, pour Platon, n’était cependant encore qu’un degré inférieur du savoir, à savoir les ou plutôt la mathématique. Le virage qui s’annonce   de loin s’effectue thématiquement avec Galilée. C’est lui qui a « rompu la glace », dit Leibniz  . Impossible, dit Galilée, de comprendre un seul mot à ce que nous dit la nature, si l’on n’entend pas la langue qu’elle nous parle : elle nous parle, en effet, in lingua matematica. Galilée écrit cela dans son Saggiatore de 1623, c’est-à-dire quatorze ans avant le Discours de la méthode qui dit la même chose, non plus en italien, mais en français. Pour Aristote  , la science de la nature, qui est philosophie   seconde, suppose une philosophie première. Or Galilée dit le plus clairement du monde que la philosophie première de la physique, c’est la mathématique. Avec Aristote, la nature parle la langue de l’ἐνέργεια   telle qu’elle suppose le dédoublement hylémorphique de l’εἶδος, platonicien. Maintenant, elle parle mathématique. Sa douce langue natale, c’est même, dira Descartes  , l’algèbre plus que la géométrie [1], car l’algèbre est finalement la langue universelle des mathématiques. Descartes, bien sûr, n’est pas si clair. Il y a pas mal de distance entre son projet et la réalisation qu’il en fait. Pour ce qui est des réalisations, il reste plus proche de Bacon qu’il ne préfigure Newton   et les Principes de la philosophie, cela reste un peu la Cour des miracles. Pascal  , dans ce domaine comme dans quelques autres, est certainement plus lucide. Mais, comme dira Valéry, c’est Descartes qui a « battu le tambour » [2]. Ce tambour battant au son duquel la science moderne ne cesse d’avancer, c’est le Discours de la méthode.


Ver online : Jean Beaufret


[1Entretien avec Burman, éd. Boivin, p. 122.

[2Tel quel, II, p. 20.