Heidegger, fenomenologia, hermenêutica, existência

Dasein descerra sua estrutura fundamental, ser-em-o-mundo, como uma clareira do AÍ, EM QUE coisas e outros comparecem, COM QUE são compreendidos, DE QUE são constituidos.

Página inicial > Fenomenologia > Barbaras (1991:31-33) – cogito e ser-no-mundo

Barbaras (1991:31-33) – cogito e ser-no-mundo

terça-feira 19 de dezembro de 2023

destaque

É com a ajuda da noção de cogito   tácito que Merleau-Ponty   tenta, na terceira parte da Fenomenologia da Percepção, apreender o verdadeiro sentido do ser-no-mundo. Contra a redução intelectualista do mundo a um puro objeto, Merleau-Ponty tenta trazer à luz a figura irredutível do percebido: o fato originário é que "alguma coisa se mostra, há um fenômeno", o que significa que "há uma certeza absoluta do mundo em geral, mas não [32] de qualquer coisa em particular" [Ph.P. p. 344]. Mas a Fenomenologia da Percepção não nos permite pensar esta situação no próprio nível em que ela se estabelece. "Há fenômeno" é imediatamente traduzido por "há consciência de algo" [Ph.P. p. 342]: longe de esta certeza ser reenquadrada a partir daquilo de que é certa, a saber, o próprio mundo, ela é imediatamente explicitada como certeza de si mesma. A subordinação desta certeza a um cogito é tomada como um dado adquirido, quando na verdade ela é, antes de mais, uma posição do próprio mundo. Este primado do cogito corresponde a uma determinação inadequada da noção de mundo. O mundo não é explicitado em si mesmo, como unidade originária e irredutível do ser e do aparecer, como identidade de um "mostrar-se" e do ser que se mostra: ele é implicitamente entendido como uma realidade em si mesma, e uma consciência torna-se então necessária para portar a fenomenalidade.

original

C’est à l’aide de la notion de cogito tacite que Merleau-Ponty tente, dans la troisième partie de la Phénoménologie de la perception, de saisir la signification véritable de l’être-au-monde : nous devons donc nous attendre à y retrouver les difficultés déjà évoquées. Contre la réduction intellectualiste du monde à un pur objet, Merleau-Ponty tente de mettre à jour la figure irréductible du perçu : le fait originaire, c’est que «quelque chose se montre, il y a phénomène», ce qui veut dire «qu’il y a certitude absolue du monde en général, mais non [32] d’aucune chose en particulier» [Ph.P. p. 344]. Or la Phénoménologie de la perception ne permet pas de penser cette situation   au niveau même où elle s’établit. «Il y a phénomène» y est immédiatement traduit par «il y a conscience de quelque chose» [Ph.P. p. 342] : loin que cette certitude soit ressaisie à partir de ce dont elle est la certitude, à savoir du monde même, elle est aussitôt explicitée comme certitude de soi. La subordination de cette certitude à un cogito est considérée comme allant de soi, alors qu’en vérité elle est d’abord position du monde même. Or ce primat du cogito correspond à une détermination insuffisante de la notion de monde. Ce dernier n’est pas explicité en lui-même et à partir de lui-même, comme unité originaire et irréductible de l’être et du paraître, comme l’identité d’un «se montrer» et de l’être qui se montre : il est implicitement entendu comme une réalité en soi, et une conscience devient alors nécessaire pour porter la phénoménalité. Loin que l’empirisme et l’intellectualisme se trouvent dépassés, c’est bien la position implicite d’une réalité en soi qui appelle la détermination du phénomène à partir du cogito. Celui-ci ne peut alors être défini que négativement, par exclusion de l’interprétation transcendantale. Telle est la signification du cogito tacite : «La conscience n’est ni position de soi, ni ignorance de soi, elle est non-dissimulée à elle-même, c’est-à-dire qu’il n’est rien en elle qui ne s’annonce   de quelque manière à elle, bien qu’elle n’ait pas besoin de le connaître expressément» [Ph.P. p. 342]. On retrouve ici la double négation qui conduit à déterminer le lieu de la perception comme un non lieu : puisqu’il faut éviter l’empirisme, il est nécessaire d’admettre un cogito, «une épreuve de moi par moi» ; mais cette présence à soi n’est pas une connaissance, «cette subjectivité indéclinable n’a sur elle-même et sur le monde qu’une prise glissante» [Ph.P. p. 462]. Ce qui n’est pas ici mis en question, c’est qu’il faille justement éviter l’empirisme : l’expérience perceptive n’est pas explicitée à partir d’elle-même mais à partir de, et contre, l’interprétation réaliste. Ainsi, parce qu’il confronte d’abord l’expérience à l’hypothèse réaliste, c’est-à-dire parce qu’il la pense en-deçà d’elle-même en tant qu’expérience du monde, Merleau-Ponty est conduit à la saisir au-delà d’elle-même en tant qu’expérien-ce du monde, c’est-à-dire à la soumettre à un cogito. Alors, la [33] distance qu’il prend ensuite vis-à-vis de l’intellectualisme en définissant ce cogito comme tacite fait figure d’une négation vide de sens : on se demande en effet ce que peut signifier un cogito qui ne soit pas présence à soi, qui fasse jaillir le monde sans le connaître, qui le «devine» au lieu de le constituer. En réalité Merleau-Ponty ne peut à la fois maintenir le cogito et en récuser l’interprétation intellectualiste : les négations par lesquelles Merleau-Ponty caractérise le cogito tacite afin de mettre l’intellectualisme à distance ne seraient conséquentes que si elles débouchaient sur une négation du cogito lui-même.

[BARBARAS  , Renaud. De l’être du phénomène. Grenoble: Jérôme Millon, 1991]


Ver online : Renaud Barbaras