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Caron (2005:190-191 nota) – fenomenologia inacabada
sexta-feira 15 de dezembro de 2023
destaque
A razão pela qual a fenomenologia perde assim a sua vocação para a Coisa e se dispersa nas coisas ou nos fenômenos, é este gosto ilimitado por análises concretas que não cumprem a exigência de um regresso à fonte do desdobramento do ego. É precisamente isto que atrai muitos zelotas a Husserl , inebriados pelo luxo da análise fenomenológica e pelas possibilidades que ela oferece, perdendo de vista o fato de Husserl ter sofrido, até ao fim da sua vida e segundo ele próprio admitiu, de não poder fundar satisfatoriamente a fenomenologia. A comprová-lo estão os muitos atrasos na publicação das Meditações Cartesianas, que Husserl apresentou como a obra da sua vida, porque era suposto estabelecer os fundamentos definitivos da fenomenologia, mas que nunca foram realmente concluídas e, portanto, não foram publicadas durante a sua vida.
Original
La raison pour laquelle la phénoménologie perd ainsi sa vocation à la Chose et se disperse dans les choses ou dans les phénomènes, à savoir ce goût illimité pour les analyses concrètes qui manque l’exigence de retour à la source du déploiement de l’ego, est précisément ce qui attire à Husserl bon nombre de zélateurs grisés par la luxuriance de l’analytique phénoménologique, par les possibilités qui en découlent, et perdant de vue que Husserl souffrit malgré tout, jusqu’à la fin de sa vie et selon ses propres aveux, de ne pas parvenir à fonder de manière satisfaisante la phénoménologie. Ce qu’attestent les multiples atermoiements autour de la question de la publication des Méditations cartésiennes, présentées par l’auteur comme l’oeuvre de sa vie puisque censées établir les fondements définitifs de la phénoménologie (cf. la lettre à Roman Ingarden du 19 mars 1930 : « Je ne devrais pas (…) différer la version allemande des Méditations cartésiennes car ce sera le grand-oeuvre de ma vie, un abrégé de la philosophie que j’ai développée, un ouvrage fondamental de méthode et thématique philosophique. Du moins pour moi la conclusion et la clarté ultime a quoi je puis parvenir, après quoi je pourrai mourir tranquille « (passage cité dans la présentation de l’oeuvre, PUF, p. IX)), mais jamais véritablement achevées et donc non publiées du vivant de Husserl . Ce dernier s’inquiétait de pins en plus de ces zélateurs enivrés par les possibilités ouvertes par cette philosophie qui ne parvenait toujours pas à trouver les bases rigoureuses de son luxuriant déploiement, et écrivait le 21 décembre 1930, toujours à Ingarden : « Je suis très perturbé par le fait que les Méditations cartésiennes (l’ultime œuvre fondatrice] ne sont toujours pas achevées bien qu’à l’été la composition fût terminée. ]…] Surtout, c’est une vraie malchance que je sois si tardivement parvenu à mettre sur pied ma propre (c’est hélas l’expression appropriée) phénoménologie transcendantale sous la forme d’une esquisse systématique, alors qu’il y a maintenant une génération qui est fortement pénétrée de préjugés [nous soulignons], et qui, en raison d’une psychose d’effondrement, ne veut plus rien savoir en matière de philosophie rigoureuse » (cf, ibid., n). Cette génération a eu une envahissante descendance et l’arborescence paraît loin de s’étioler quand la moindre tentative analytique, se sentant avoir fait effort d’objectivité, s’auto-baptise aujourd’hui « phénoménologie de x » ou « de y », et déclare ainsi allégeance à une église dont le pape était lui-même perclus de doutes et d’hésitations face à l’élaboration du catéchisme élémentaire qui aurait seul permis d’asseoir – mais qui ne l’a pas fait – l’activité phénoménologisante des épigones.
CARON , Maxence. Pensée de l’être et origine de la subjectivité. Paris: CERF, 2005.
Ver online : Maxence Caron